CUBA : FIN DU SYSTÈME À DOUBLE MONNAIE ...

Crise et opportunité ? par Danielle Beitrach

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Danielle BLEITRACH connait Cuba depuis fort longtemps, elle aime ce pays, son peuple et le chemin, quelquefois périlleux, qu’il a pris pour construire une société nouvelle pour le peuple tout entier et avec le peuple. Elle apporte dans cet article son appréciation sur les dernières décisions, très importantes, qui ont été prises par les dirigeants cubains. Je partage son point de vu.
Vous pourrez lire grâce au lien ci-après un des articles très nombreux qui apportent des précisions indispensables pour connaitre, dans le détail, les mesures impliquées par ce processus audacieux...et indispensable !
http://fr.granma.cu/cuba/2020-12-11/la-tache-de-reorganisation-lannee-2021-commence-par-le-processus-le-plus-decisif-pour-avancer-dans-la-mise-a-jour-du-modele-economique
RG
Merci Danielle pour l’appel à soutenir notre campagne pour la sécurité alimentaire.

 !26 ans après l’introduction du CUC (équivalent du dollar), surtout utilisé par les touristes, le gouvernement met définitivement fin au système à double monnaie à partir du 1er janvier 2021. C’est l’annonce officielle et solennelle qui a été faite aux Cubains hier à la télévision.

Déjà le CUC avait été conçu pour aller vers un monnaie cubaine qui à l’inverse du peso ait sa convertibilité et éviter l’utilisation du dollar dans les transactions, il était prévu à terme cette nouvelle étape, avec la disparition du peso, mais celle-ci a été longtemps différée. Le paradoxe et l’audace sont que cette réforme ait été introduite alors que non seulement l’administration des Etats-Unis a resserré l’étranglement du blocus, mais que par suite de l’épidémie les ressources venues du tourisme soient à leur plus bas niveau, alors que les questions de l’approvisionnement y compris alimentaire se posent avec une acuité nouvelle.

Ce qui paraît évident c’est que si les Cubains ont pris une telle mesure avec les risques qu’elle peut provoquer et sur lesquelles nous reviendrons c’est qu’il était impossible de faire autrement, la vérité des prix était nécessaire, mais on peut aussi y voir l’audace de ce peuple hautement politisé profiter de la situation pour avancer.

Alors le paradoxe n’est peut-être qu’apparent sans doute, la crise, la faible pression du tourisme sont peut-être une opportunité pour repenser le développement de l’Ile et ses orientations en tablant plus sur le développement de la production à partir des hautes qualifications et des connaissances scientifiques. C’est le sens de tout ce qui semble se réaliser dans l’île à ce jour où les gens sur le terrain sont épaulés par les scientifiques et par les politiques. Mais cette réforme est également destinée à attirer les investissements dans l’île, une influence du socialisme à la “chinoise” ou à la vietnamienne autant qu’une réponse à l’étranglement du blocus ? La vérité des prix peut lutter contre la pénurie en particulier alimentaire c’est l’expérience du marché qu’on fait la plupart des pays socialistes, mais obtenir dans le même temps que nul ne meure de faim ou ne reçoive pas éducation et santé. parler à propos de Cuba d’un socialisme de marché serait inexact mais une expérience mixte est tentée, elle peut être vécue comme une régression.

Peut-être faut-il y voir également , mais là nous sommes en pleine spéculation, la prescience de l’existence d’un nouveau système financier en accord avec la transformation des échanges internationaux. Et là nous ne sommes pas loin des conditions du multilatéralisme tel qu’il a surgi de l’épidémie en révélant une nouvelle carte internationale. Même si la carte géopolitique se déplace vers l’Asie, vers la Chine, le Vietnam (qui se trouvait avec une forte délégation à Cuba le même jour) pour le moment le système financier reste encore surdéterminé par le dollar. Avec la nécessité pour le gouvernement cubain de récupérer les dollars existant dans l’île et qui risquent comme dans d’autres pays d’Amérique latine (Argentine par exemple) de produire un marché parallèle. 

Les Cubains en sont tout à fait conscients et considèrent la manœuvre comme périlleuse, ils ont mobilisé toutes les organisations du parti au CDR, en passant par le syndicat , les femmes et la jeunesse cubains pour veiller, comme durant l’épidémie à ce que personne ne souffre trop des effets de cette transition, Là encore, nous avons la troisième opportunité : utiliser la mobilisation de la pandémie pour corriger les effets de l’inflation attendue est une méthode utile. Tout cela a débuté d’ailleurs par une annonce faite aux Cubains d’écouter l’information officielle du président Miguel Diaz Canel et de Raul Castro, secrétaire du Parti communiste Cubain à la télévision le 11 décembre 2020, qui sera suivie de nombreuses réunions d’information et de discussion dans les quartiers et les entreprises. 

A suivre… 

Une seule monnaie locale restera en vigueur à partir du 1er janvier 2021, a annoncé hier le président Miguel Diaz Canel. La mesure, annoncée et discutée depuis des années, est destinée à rendre l’économie cubaine plus lisible pour les investisseurs étrangers.« Nous considérons que les conditions sont réunies pour annoncer le début de cette réforme à partir du 1er janvier 2021, avec un taux de change unique de 24 pesos cubains pour un dollar », a annoncé le président à la télévision, au côté de Raul Castro.

« Nous rappelons l’importance de cette tâche, qui placera le pays dans de meilleures conditions pour les transformations que nécessite l’actualisation de notre modèle économique.I

l s’agit d’« une des tâches les plus complexes » que doit affronter le pays, déjà affecté par « les effets du renforcement du blocus, la situation de la pandémie de Covid-19, la crise économique internationale et les impacts provoqués sur notre économie ».

La réforme fera disparaître le peso convertible ou CUC, aligné sur le dollar et né en 1994 pour accompagner puis remplacer cette devise. Ne restera que le peso cubain ou CUP, qui vaut 24 fois moins. Cette unification survient après que le gouvernement cubain a réintroduit en octobre 2019 le dollar, avec l’ouverture de magasins d’électroménager et alimentaires où l’on ne peut payer qu’avec cette devise.

La valeur du CUP pourrait souffrir face à cette monnaie forte. Par ailleurs, les entreprises d’État, qui bénéficient d’un taux allégé d’un CUP pour un dollar, vont voir leurs coûts de production grimper et donc leurs prix. Le gouvernement a déjà annoncé qu’il procéderait à une hausse significative des salaires pour compenser la forte inflation attendue.

Pour compenser la forte inflation attendue, « il est nécessaire d’établir un salaire minimum dans le pays qui garantisse la satisfaction des besoins essentiels du travailleur et de sa famille, ainsi qu’une échelle de salaires applicable à tous les travailleurs », précise une résolution du ministère du Travail, publiée au Journal officiel.

Le texte établit « le salaire minimum du pays à 2 100 pesos cubains par mois », 87 dollars, soit une hausse de 525 % par rapport au salaire minimum actuel (17 dollars).

Il fixe aussi 32 échelons de salaires selon le type d’emploi et les heures travaillées, le plus élevé étant à 9 510 pesos (396 dollars). Actuellement, le salaire moyen sur l’île est de 879 pesos cubains, soit 37 dollars, selon le Bureau national des statistiques.

Hausse de l’eau et des impôts

Par ailleurs, le pain quotidien de 80 grammes que chaque Cubain reçoit via le livret d’approvisionnement (libreta), grand symbole de l’égalitarisme cubain, verra son prix, inchangé depuis 40 ans, multiplié par 20. Son tarif restera toutefois modique : il passera de 5 centimes de peso cubain à un peso, soit 4 centimes de dollar.

Les prix des services essentiels comme l’eau, le gaz, l’électricité et le transport augmenteront aussi, de même que les impôts.

Le gouvernement a déjà prévenu qu’il souhaitait supprimer la majorité des subventions, qui sont un soutien essentiel pour les entreprises d’Etat mais aussi pour les habitants. A terme, le carnet d’approvisionnement disparaîtra, seules certains aliments et médicaments étant maintenus à bas prix. C’est une entreprise sans cesse renouvelée que de faire admettre au cubain que ce qu’ils croient pouvoir consommer sans compter à un coût que le blocus rend de plus en plus lourd à l’Etat. 

Si effectivement les réformes aboutissent à une “vérité” des prix, leur mise en œuvre se fera néanmoins en atténuant les effets pour la population. 

Parce que face à tous ces risques peut-être faut-il en revenir à la plus grande des opportunités, celle qu’un intellectuel définissait pour dire à quel point chaque Cubain pouvait dire “Soy Fidel” et participer à sa manière à la plus difficile des manoeuvres. 

Quelques jours auparavant, face à l’insurmontable réalité de sa disparition physique, certains avaient écrit : « Fidel, c’est Cuba ! ». D’autres, face à l’ouragan de sentiments déclenchés par cette nouvelle inattendue, en dépit de son âge, proclamaient : « Cuba, c’est Fidel ! ». Mais les Révolutions ont la capacité magique de transformer les masses en collectifs d’individus conscients. Aussi Cuba est-elle chaque femme, chaque homme, disposé à la défendre. Elle est chaque combattant révolutionnaire. Fidel nous l’avait demandé à sa façon en 1992, au début de la dure période spéciale : « L’impérialisme tentera de nous diviser pour chercher tout prétexte avec lequel justifier ses actions interventionnistes dans notre pays (…) chaque homme, chaque révolutionnaire doit dire : Je suis l’armée, je suis la Patrie, je suis la Révolution. »

voilà ce à quoi en matière d’explication on retourne toujours quand il est question de Cuba et que nous qui sommes un peu devenus cubains nous tremblons pour eux : soy fidel. 

Ne pas oublier d’envoyer à Cuba coopération votre contribution pour la campagne alimentaire , voici l’adresse Cuba coopération, 32 avenue Lénine, Ivry sur Seine, 94200