À qui appartient le pétrole du Golfe du Mexique ?

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Un article d’André Maltais

Sur le site Mondialisation.ca, du 16 mars 2012

L’aut’journal info

Du pétrole en grande quantité dans les eaux territoriales cubaines !

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En octobre dernier, six mois seulement après que la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon, de British Petroleum, eût déversé près de cinq millions de barils de pétrole dans le Golfe du Mexique, le Bureau états-unien de l’énergie océanique approuvait un nouveau plan d’exploration dans le même golfe et par la même entreprise !

Cette complaisance devant le plus grand désastre écologique pétrolier de l’histoire dans la région, contraste avec l’attitude adoptée par les conservateurs qui, le 27 septembre, menés par la congressiste de la Floride, Ileana Ross-Lehtinen, menaçaient la pétrolière espagnole, Repsol, qui explore dans les eaux profondes de la zone économique exclusive de Cuba.

Les congressistes conservateurs disent craindre pour l’environnement (!) et veulent recourir à la loi Helms-Burton qui permet de poursuivre aux États-Unis les entreprises étrangères qui font des affaires avec Cuba.

Mais la découverte d’abondantes ressources pétrolières dans le Golfe du Mexique pourrait modifier sérieusement les relations cubano-états-uniennes qui, depuis plus d’un demi-siècle, reposent sur un blocus économique et financier imposé à Cuba par les États-Unis.

D’abord parce que le pétrole des eaux territoriales cubaines s’y trouve en telle quantité qu’il pourrait permettre à l’île de s’auto-suffire et même de se convertir en exportatrice d’or noir, estime le spécialiste états-unien Robert Sandels. Cela aurait un impact énorme sur le développement économique de Cuba et ferait tomber plusieurs des barrières du blocus de Washington.

Ensuite, et à cause du même blocus, les pétrolières états-uniennes sont exclues par leur propre gouvernement d’un marché important que s’empressent d’occuper d’autres pays dont certains peu appréciés de Washington comme le Brésil, la Russie, l’Angola, le Vietnam, le Venezuela et, bien sûr, la Chine à qui l’espagnole Repsol a confié la construction de la plate-forme Scarabée 9.

Depuis le milieu des années 2000, écrit l’économiste mexicain, Gian Carlo Delgado Ramos, le lobby pétrolier et certains « think tanks », comme la Rand Corporation, requièrent du gouvernement états-unien une approche plus « pratique » dans ses rapports avec Cuba. Des projets de loi sont discutés au Congrès, tantôt pour, tantôt contre la participation des entreprises états-uniennes dans l’exploitation pétrolière en eaux cubaines.

Pendant ce temps, les pays latino-américains pressent toujours plus Washington d’appliquer les résolutions de l’ONU qui, année après année, condamnent le blocus. L’Équateur vient même de proposer un boycottage du prochain Sommet des Amériques qui doit avoir lieu dans un mois, en Colombie, parce que Cuba en sera exclu.

Le gouvernement cubain, lui, rappelle que rien dans les lois du pays n’empêche les entreprises états-uniennes de participer à l’exploitation du pétrole cubain pour autant que cela se fasse dans le respect et la non-ingérence.

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