"Le défi des cubains est d’être toujours meilleurs" Aleida GUEVARA

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Aleida GUEVARA était en France, fin Avril. Elle a participé à l’hommage rendu à son père à Amiens (voir le CR sur notre site) à plusieurs rencontres dont une à Nantes, à l’ambassade de Cuba à Paris et elle a donné un entretien au journal l’Humanité qui l’a publié dans son édition du 27 avril. Vous en trouverez le texte ci-dessous.
RG

Aleida Guevara « Le défi des Cubains est d’être toujours meilleurs »

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Fille aînée du Che, Aleida Guevara March est née en 1960 à Cuba. Pédiatre allergologue à La Havane, elle a également travaillé comme médecin en Angola, en Équateur, au Nicaragua ou auprès des paysans sans terre au Brésil. Elle a été invitée le 19 avril à Amiens à un concert en avant-première mondiale, «  Le Che, la symphonie  », un hommage à son père.

Vous avez assisté à Amiens, la semaine dernière, à un concert dédié à votre père, «  Le Che, la symphonie  ». L’avez-vous aimé ? Êtes-vous surprise, quarante-cinq ans après sa mort, 
par la popularité dont le Che jouit toujours ?

Aleida Guevara. Oui, j’ai beaucoup aimé cette symphonie. La musique est très belle. Elle se termine toujours plus haute, et finit alors en une évocation de la continuité de la vie.

Ça me plaît énormément. Ensuite je me suis sentie transportée avec les enfants qui chantaient et tous ces choristes… Si je suis surprise ? J’ai vu l’image de mon papa dans le monde entier, dans de nombreux lieux très différents du nôtre, en Asie ou dans les pays arabes.

À chaque fois, j’ai vécu des moments intenses parce que les jeunes, les gens, ont une image qui leur est propre du Che. Il n’est pas un héros international, mais un lien très personnel se tisse avec lui. Cela me touche toujours.

Je travaille depuis plusieurs années avec les paysans sans terre au Brésil et je les connais très bien. Il y a en eux un amour très clair, transparent vis-à-vis du Che. Ils sont sensibles, solidaires, respectueux des autres. Ils vous donnent une force 
extraordinaire. De telles manifestations pour mon père ne sont pas rares.

Mais je dois vous dire que lorsqu’on parle de symphonie je souris un peu. Car mon père était un peu sourd à 
la musique et j’essaie de me l’imaginer… 
Avec toute sa modestie, il serait certainement plein de gratitude et ferait l’effort d’écouter pour lui trouver des qualités, ce qui a plus de valeur que la musique elle-même.

Quelle est selon vous l’universalité 
du message du Che ? Pourquoi les peuples 
en lutte se réapproprient-ils son image ?

Aleida Guevara. La cohérence de l’homme. Mon papa disait ce qu’il pensait et il faisait ce qu’il disait. Il a été un homme intégral, 
avec beaucoup d’honnêteté. C’est un personnage qui attire l’attention.

Si les gens ont 
le temps d’en savoir davantage sur sa vie, ils 
se rendent compte que beaucoup de choses qu’il a écrites ou dites ont une très forte 
résonance encore actuellement. C’est pourquoi ils ont une relation étroite avec une figure, un personnage, des idées qui les font vibrer.

Quant à moi, j’ai bien conscience d’être la fille 
d’un homme d’une dimension universelle. Mais, croyez-moi, le plus important est d’être cubaine et de grandir. Je serai toujours 
en mouvement, parce que le peuple cubain, non seulement m’apporte des choses nouvelles, mais il exige aussi le meilleur de moi-même en tant que personne. Je me sens complète comme être humain.

Cuba est engagée actuellement dans 
de profonds changements économiques 
et sociaux. Selon vous, est-ce nécessaire 
parce que ça ne fonctionne plus ?

Aleida Guevara. Les changements ne concernent pas à proprement parler les points fondamentaux de la société cubaine. Ils visent à trouver des solutions aux problèmes auxquels le socialisme n’a pas répondu.

Si l’on prend les activités de service, et les petits métiers, l’État socialiste n’a pas été capable de résoudre l’équation posée, pour le bon fonctionnement de la société. Mais le plus important, c’est 
la crise économique qui sévit actuellement dans le monde.

Nous vivons sur cette planète, et la crise nous touche aussi. À un moment donné nous nous sommes aperçus qu’il n’était plus possible de soutenir des personnes qui 
travaillent mais ne sont pas productives. Alors que pouvait-on faire ?

Du point de vue économique, l’État ne pouvait plus continuer dans cette voie. Mais il faut donner des perspectives pour que les gens puissent mieux vivre dans cette société. C’est pourquoi nous avons trouvé comme solution le travail à compte propre.

Il s’agit de donner des opportunités, des facilités aux initiatives personnelles aussi bien à la ville qu’à la campagne, de favoriser les activités que les Cubains peuvent réaliser individuellement.

Et de créer, par exemple, un syndicat pour ceux qui se mettent à leur compte propre, afin qu’ils se défendent et soient assurés d’un état de bien-être après leur travail. C’est une situation complètement différente par rapport à cinq, dix ou quinze années en arrière.

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