Quatre ans après les trois ouragans !

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En 2008 trois ouragans d’une très grand intensité, qui ont couté près de 10 milliards de dollars à la nation cubaine, ont frappé la plupart des provinces. Celle de l’Ile de la Jeunesse a été en grande partie dévastée. Ce qui a été lé cas de nombreuses communes de la province de Pinar del Rio.

La journaliste de l’agence de Presse IPS, agence spécialisée notamment sur les problèmes d’environnement, a mené enquête quatre ans après le passage ravageur des ouragans Gustav et Ike.

Vivre au cœur du passage des ouragans

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Patricia Grogg

LA HAVANE, 08 juin (IPS) - A Los Palacios, une communauté agricole dans la province occidentale cubaine de Pinar del Río, les habitants locaux travaillent encore dur pour reconstruire leurs maisons après les dégâts causés par deux des trois ouragans qui ont frappé ce pays en 2008.

"C’était tout simplement horrible", déclarent les gens ici lorsqu’on leur demande ce qui s’est passé.

En l’espace de seulement 10 jours, les ouragans Gustav et Ike ont détruit des milliers de maisons et balayé toutes les cultures sur leur passage. "Presque rien n’a été laissé", a indiqué à IPS, Anarey Lazo, une femme locale qui travaille en tant que technicienne en contrôle de qualité dans une usine de matériaux de construction de la ville.

Parce qu’il y avait un besoin tellement grand de matériaux de reconstruction, les habitants locaux se sont joints aux ouvriers de l’usine, pour accroître la production.

"Pour l’instant, entre 900 et 1.000 blocs sont fabriqués par jour, pour construire des murs", a déclaré Yasniel Rodríguez, le contremaître de l’usine, qui produit tous les matériaux de construction nécessaires à la reconstruction. "Mais nous devrions pouvoir augmenter ce nombre à 3.000, avec une nouvelle machine que nous venons d’acquérir. Nous avons les moules de tuile maintenant aussi", a-t-il ajouté.

Parce que la plupart des maisons locales étaient déjà en mauvais état, l’impact des orages était encore plus grand.

Gustav, avec des vents soutenus de 240 kilomètres par heure, a frappé la région dans l’après-midi du 30 août 2008. Un anémomètre a enregistré une vitesse maximale de 340 km par heure avant que les vents ne se brisent.

"Ike, au début de septembre, a amené moins de vent, mais plus d’eau", a souligné à IPS, Adaim Argos, du Centre de gestion de la réduction des risques de Los Palacios (CGRR). "S’il était passé avant Gustav, la situation aurait pu être encore pire pour nous".

Les CGRR, financés avec l’aide de donateurs internationaux, sont éparpillés à travers Cuba. Argos a indiqué que ces bureaux sont des outils essentiels dans la prise de décisions entre autorités locales, et sont équipés pour recueillir des informations et évaluer la situation dans chaque région et parmi la population locale face aux situations d’urgence causées par les orages tropicaux, les inondations ou d’autres catastrophes.

Le CGRR de Los Palacios, situé dans le coin sud-ouest de Pinar del Río, une province qui est fréquemment frappée par des orages tropicaux, dispose de six postes d’alerte précoce dotés de mégaphones, de lampes de poche, de groupes électrogènes et d’autres équipements pour prévenir la population et maintenir ouvertes les lignes de communication.

Malgré l’ampleur de l’impact, il n’y avait aucune perte en vies humaines, bien que les ouragans aient laissé des leçons. "Les gens sont devenus plus conscients de l’importance des mesures de prévention des risques qui sont prises", a déclaré à IPS, Lázara Barrios, la première secrétaire du Parti communiste à Los Palacios.

Elle a ajouté que les changements climatiques font qu’il est nécessaire de renforcer les mesures de prévention – un point de vue qui est partagé par d’autres autorités à Cuba. "Nous devons être également préparés à faire face à des phénomènes inattendus comme les rudes orages locaux qui nous ont frappés ces derniers temps à Pinar del Río", a-t-elle indiqué.

Bien qu’il n’existe aucun consensus parmi les experts comme pour savoir s’il y a eu une augmentation du nombre d’orages tropicaux, des chercheurs sur les changements climatiques prédisent qu’ils deviendront plus fréquents et plus intenses. "Imaginez ! Notre province est comme ’l’autoroute’ pour les ouragans qui passent par Cuba", a souligné Argos.

Face à la nécessité de s’adapter aux nouvelles conditions, le système d’évacuation des habitants locaux dans les zones très exposées durant les situations d’urgence, est passé à des méthodes moins coûteuses. L’évacuation massive de la population vers des refuges a commencé à céder la place à l’identification préalable des maisons sûres qui peuvent héberger les familles vulnérables du même bloc ou du même quartier.

"Tout le monde ici est convaincu que les cyclones deviendront plus intenses, et les gens sont préparés pour cela", a affirmé Ismaray Hernández, une infirmière qui a hébergé plusieurs familles du même bloc pendant les orages, parce que sa maison est plus solidement construite.

"Les gens savent qu’ils doivent sécuriser leurs toits, même si c’est juste avec des sacs de sable, et protéger leurs fenêtres", a-t-elle déclaré à IPS.

La principale vulnérabilité à Los Palacios, une ville de 40.000 habitants, c’est l’état bancal de plusieurs maisons locales : quelque 10.000 maisons ont subi un certain niveau de dégâts en 2008, et environ 4.000 doivent encore être réparées.

Dans le village voisin de San Diego de los Baños, 17 maisons ont été construites en utilisant des palmiers renversés par les ouragans.

"J’ai vécu sur une colline, où j’ai une ’Veguita’ (petite plantation de tabac), mais ma maison était dans un état vraiment mauvais et l’orage l’a emportée", a indiqué Eloína Martínez, une veuve de 75 ans.

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