Agriculture et changement climatique...

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Le chou, le brocoli, les carottes, les oignons et d’autres légumes résistants sont cultivés par des chercheurs à Cuba, qui depuis des décennies, travaillent à développer des plantes adaptées aux conditions tropicales dans la région des Caraïbes.

Un article d’Ivet Gonzalez publié sur le site d’Inter Presse International

Le pays produit des cultures adaptées au changement climatique

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"Nous nous concentrons maintenant à essayer de développer de nouvelles variétés, en vue des changements climatiques", a déclaré à IPS, Laura Muñoz, la chercheuse qui dirige une équipe d’amélioration des cultures à l’Institut national de recherches de base en agriculture tropicale (INIFAT) "Alejandro de Humboldt", une institution gouvernementale.

La tâche implique un dévouement extrême et de longues heures de travail. Selon les espèces, parvenir à une variété résistante peut durer entre cinq et 15 ans. Les caractéristiques recherchées dans les nouvelles plantes sont "la croissance, la résistance et la vitalité", a expliqué Muñoz.

En attendant, le climat continue de changer. Un rapport publié en 2009 par la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) prévoit de légères conséquences dans la région, dues au réchauffement de la planète d’ici à 2020, mais indique qu’elles deviendront particulièrement aiguës après 2050.

Comme conséquence du réchauffement de la planète, des événements extrêmes deviendront plus fréquents dans un avenir proche, tels que les incendies de forêt, les inondations, les sécheresses et des orages plus intenses ainsi que des ouragans. Cela rend les changements dans toutes les sphères de la vie nécessaires dans les pays en développement et les nations insulaires comme Cuba.

Le rapport de la CEPALC, intitulé "Changement climatique et développement en Amérique latine et dans les Caraïbes : Vue d’ensemble 2009", indique que "l’adaptation apporte aussi avec elle des opportunités de poursuivre un développement plus durable, telles que de meilleures infrastructures, (et) la recherche de variétés de cultures et le développement", pour aider à maintenir des approvisionnements alimentaires.

Certaines mesures dans ce sens ont été déjà prises dans cette nation insulaire des Caraïbes. Depuis le début des années 1960, l’équipe de Muñoz a identifié "cinq saisons annuelles de plantation, avec des conditions différentes", une découverte qui "a beaucoup fait pour améliorer la compréhension du problème climatique".

Aujourd’hui, ils étudient plus de 30 espèces de légumes, pour développer des variétés résistantes. Cela comprend les tomates, poivrons, oignons, l’ail et le concombre, quelques-uns des légumes les plus consommés à Cuba. D’autres sont les melons, pastèques, carottes, haricots, aubergines et la laitue.

Muñoz a affirmé que grâce au travail effectué au cours des dernières décennies, Cuba dispose maintenant des variétés qui sont plus résistantes aux parasites et à la sécheresse, et qui peuvent être produites en dehors des saisons normales de croissance. L’idée est de développer des plantes qui sont adaptables au climat de l’avenir, lorsque l’hiver et l’été seront tous deux chauds.

Une bonne partie des légumes sur les tables cubaines sont le produit de l’agriculture urbaine et périurbaine, cultivés dans les arrière-cours et les parcelles vides à l’intérieur et autour des villes. Ce type d’agriculture s’est phénoménalement accru au cours des deux dernières décennies, en réponse à un effort visant à promouvoir l’agriculture durable et agro-écologique ainsi qu’à accroître la production alimentaire.

"Entre 40 et 45 pour cent des denrées fraîches proviennent de l’agriculture urbaine et périurbaine", un secteur dans lequel 300.000 personnes travaillent, a expliqué à IPS, Nelson Companioni, le secrétaire exécutif national de l’agriculture.

L’INIFAT coordonne également le développement de l’agriculture urbaine dans le pays, a-t-il souligné.

"Ces cultures, qui étaient adaptées aux périodes où il ne pleuvait pas et où l’humidité relative était faible, sont désormais confrontées aux conditions inverses. Alors, elles sont attaquées par des maladies fongiques, principalement causées par l’excès d’humidité", a indiqué Companioni, qui est également le directeur de l’agriculture urbaine à Cuba.

Il a déclaré que le défi auquel est confronté le programme, est de parvenir à "un réseau adéquat de variétés de cultures et de races animales, ainsi qu’à des méthodes adaptées à chaque territoire, en tenant compte de la disponibilité de l’eau".

Les cultures "organoponiques" du programme - un terme inventé pour la production biologique sur des espaces réduits - ont été déplacées vers l’est de Cuba, a-t-il dit, parce que les sources d’eau où elles se trouvaient précédemment ont tari.

La variété "marien" de chou est maintenant cultivée par des fermiers urbains. Il a fallu 12 longues années de travail dans l’amélioration génétique pour produire cette nouvelle variété résistante à la sécheresse, conçue par la chercheuse de l’INIFAT, María Benítez. Le chou est plus "compact et plus résistant aux parasites", a-t-elle affirmé. Il a également un rendement plus élevé.

Le type "marien", du nom de son concepteur, est également la première espèce de chou qui produit des graines à Cuba. Avant son introduction sur le marché, tous les choux produits dans ce pays étaient cultivés à partir de semences importées.

*Avec un reportage de Patricia Grogg. (FIN/2012)