Deux rétrospectives en France du sculpteur cubain Agustín Cardenas

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Une rétrospective des sculptures du Cubain Agustín
Cardenas (10 avril 1927, Matanzas - février 2001, La Havane), révélé très
jeune par André Breton, présentée au château de Biron (Périgord, nord de
Bordeaux), réunissant près de 90 pièces réalisées entre 1947 et 1997.
Certaines ont été prêtées par la famille de l’artiste.

Une autre exposition d’œuvres – une dizaine de grandes sculptures— de
Cardenas a été inaugurée fin juin dans les jardins d´Eyrignac (la cour, les salles et dans la chapelle du Château). Elle a été mise en place par Jean-Gabriel Mitterrand et Mark Cresswell de la JGM. Galerie, à Paris : « L´art de Cardenas, l
´extraordinaire habileté du sculpteur et la richesse des matériaux utilisés
donnent à cette exposition rétrospective une intense énergie. Bois, bois brûlés,
marbre, pierre, céramiques, bronze, etc. Les matières utilisées par Cardenas
sont prétexte à toutes les virtuosités. »

Deux expositions exceptionnelles...

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Cette exposition, comme celle de Biron, n´a pu avoir lieu que grâce au prêt d
´œuvres très importantes de la famille Cardenas, Livia Cardenas, Elena
Iannotta Malagodi, de galeries et de collectionneurs privés.

Une œuvre majeure en marbre gris de l´artiste cubain, Le Repos, a été brisée
durant son transport depuis Paris par camion en Dordogne. Elle était évaluée à
plusieurs centaines de milliers d’euros. Un expert a été mandaté pour
déterminer la responsabilité de l´incident.

Arrivé en 1955 à Paris, Agustín Cardenas a été très vite intégré au groupe
surréaliste. Mais cette phase artistique n´a duré qu´un moment. On retrouve
ensuite dans son œuvre une certaine référence aux modèles tribaux qui
circulent à l´époque à Paris. Après avoir travaillé au Canada, en Autriche, au
Japon, en Israël et en Corée mais surtout en Italie, à Carrare, il est reparti s
´installer à La Havane, où il a fini ses jours.

A Biarritz, au milieu d’un rond-point — fleuri et éclairé la nuit — entre le Jardin public et « la Gare du Midi », en plein centre de la ville, se trouve depuis 2007 une des œuvres les plus connues de Agustín Cardenas,
La Grande Amapola, une sculpture en bronze de bonne dimension, exposée sur un piédestal.

La Grande Amapola fut cédée à la Ville de Biarritz sur la base d’un montant
estimé par expert à la somme de 450.000 francs (aujourd’hui environ 68.600
euros) et correspondant à sa valeur sur le marché de l’art. Cette sculpture
appartenait à Mme Elena Malagodi, qui fut l’épouse de M. Cárdenas et qui, à
cette époque, était domiciliée à Paris

Le Cubain Cárdenas, fils d’un tailleur renommé de Matanzas, entra à
l’Académie des Beaux Arts de San Alejandro de La Havane en 1943 et y
poursuivit ses études jusqu’en 1949. Selon Thierry Dufrène (pour
l’Encyclopaedia Universalis), Les « Naines dodues », qu´il réalise alors,
évoquent les sculptures du Picasso de la fin des années 1920, tout en
annonçant les œuvres de Botero : « le jeune sculpteur noir cherche une voie qui corresponde mieux à sa sensualité latine et à sa conception d´une sculpture
faite de rondeurs et de détails précis.

C´est à la fois la quête d´un esprit « africain » qui a pu paraître au jeune homme comme une arme aussi bien contre le racisme que contre l´influence de Brancusi, de Moore et de Picasso qui expliquent les formes « vitalistes » de sa sculpture en taille directe, pour reprendre une expression d´Herbert Read ».

En 1955, Agustín Cárdenas, grâce à une bourse, arrive en France, il s’installe à
Montparnasse où il fait la connaissance du maître du surréalisme, André Breton
qui lui offre de participer à une exposition de groupe à l’Etoile Scellé. Son
univers s´approche de celui de Wifredo Lam, le grand peintre surréaliste cubain,
son aîné.

Cárdenas va participer à trois grandes expositions surréalistes : galerie Daniel
Cordier (Paris, 1959), D´Arcy´s Galleries (New York, 1961) et galerie de L´Œil
(Paris, 1965). Il participe à la création du salon de la Jeune Sculpture, un
rendez-vous qu´il ne manque pas de 1956 à 1971.

Entre ces dates, Cárdenas, comme le rappelle le journaliste Christophe Berliocci (Sud-Ouest, 23 août 2007), participe à une centaine d’expositions et a à son actif 34 expositions personnelles. Il reçoit le prix Bill and Norma Copley.

A partir de 1968, il vit et travaille régulièrement à Meudon et dans son atelier à Nogent-sur-Marne. Ses cinq fils sont nés en France.

Pour T. Dufrène, « la caractéristique essentielle de l´art de Cardenas est la continuité de la tresse, la relance rythmique incessante, bref un art de la filiation totémique qu´on pourrait rapprocher des Tanktotem de
David Smith ».

Mais le sculpteur, travaillant dans la fonte, a évité la connotation
d´art ethnique associé à la taille du bois. « Ne peut-on faire à son propos un
éloge de la souplesse ? Cet athlète, qui transposait sa massivité dans le
matériau, savait s´émouvoir des formes qui dansent
 », ajoute justement Thierry
Dufrène.

Mis en ligne par RG