Un évènement de grande importance : Cuba prend les rênes de la Celac, entérine sa réintégration régionale

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Un sacré caillou dans le jardin d’OBAMA ... et la reconnaissance du rôle de Cuba aux cotés des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes pour leur indépendance et la coopération entre eux.

Comme l’a écrit le président vénézuélien Hugo Chavez : " l’Amérique latine et les Caraïbes disent aux Etats-Unis d’une seule voix que toutes les tentatives pour isoler Cuba ont échoué et échoueront".

Une reconnaissance diplomatique sans précédent

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"Pour Cuba et pour moi, c’est un grand honneur d’accepter la présidence pro tempore de la Celac, qui est comme une reconnaissance de l’abnégation et de la lutte de notre peuple", a déclaré le président cubain Raul Castro, 81 ans, lors de la brève passation de pouvoir clôturant la rencontre.

Lui passant le relais à l’issue du Sommet de l’organisation qui regroupait les chefs d’Etat et de gouvernement des 33 pays membres - à l’exception notable du président vénézuélien Hugo Chavez et de la présidente du Brésil Dilma Rousseff - le président chilien Sebastian Piñera, hôte de la rencontre a rappelé que "parmi les objectifs de cette présidence se trouve le maintien de l’unité et la défense de la démocratie et des libertés".

La Celac, qui contrairement à l’Organisation des Etats américains (OEA), ne comprend pas les Etats-Unis et le Canada, a été fondée lors d’un sommet à Caracas en décembre 2011 sous l’impulsion du président Chavez qui se remet d’une quatrième opération du cancer à La Havane.

Depuis son lit d’hôpital, M. Chavez a envoyé un message à ses homologues, lu par son vice-président Nicolas Maduro à Santiago.

Le président vénézuélien, hospitalisé depuis le 10 décembre, écrit notamment dans une lettre signée à l’encre rouge que "l’Amérique latine et les Caraïbes disent aux Etats-Unis d’une seule voix que toutes les tentatives pour isoler Cuba ont échoué et échoueront".

"Nous nous sommes engagés à donner tout notre soutien à Cuba qui occupe à partir de ce sommet de Santiago la présidence tournante de la communauté, c’est un acte de justice après plus de 50 ans de résistance au blocus criminel de l’empire" américain, a poursuivi M. Chavez.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff était l’autre grande absente du sommet, rentrée précipitamment dans son pays en raison de l’incendie tragique d’une discothèque qui a fait 231 morts.

Durant le sommet, M. Piñera a rendu "un hommage sincère et mérité" à trois personnalités politiques de la région, les ex-présidents brésilien et mexicain, Luis Inacio Lula da Silva et Felipe Calderon, ainsi qu’à Hugo Chavez.

"Leur vision et leur leadership mais aussi leur ténacité et engagement ont joué un rôle déterminant" dans la création de la Celac, a-t-il assuré.

Pour sa part, la présidente argentine Cristina Kirchner a salué avec enthousiasme ce qu’elle a qualifié de "changement d’époque" en Amérique latine.

"Que Sebastian Piñera, président du Chili, transmette la présidence (de la Celac) à Raul Castro, président de Cuba, reflète les temps qui courent", a-t-elle assuré.

Le président uruguayen José Mujica, un ancien guérillero qui a passé 13 ans en prison, a célébré quant à lui "ce climat que nous sommes en train de vivre, entre gens qui pensent de manière très différente et cependant découvrent qu’ils doivent marcher ensemble".

"Jamais nous n’avons vu cela dans notre Amérique", s’est-il exclamé.

Cuba est soumis depuis 50 ans à un embargo américain, régulièrement rejeté lors des sommets ibéro-américains et à l’ONU qui a voté sa condamnation dans 20 résolutions successives de l’Assemblée générale.

Des gouvernements de la gauche démocratique latino-américaine, avec des orientations différentes, certains modérés comme le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Salvador, et d’autres aux accents plus radicaux comme le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur et le Nicaragua, ont contribué ces dernières années à l’élan fondateur de la Celac.

Mais des gouvernements conservateurs comme ceux de Juan Manuel Santos en Colombie, de Felipe Calderon au Mexique et de M. Piñera ont également favorisé sa formation.

La page du passé n’est toutefois pas complètement tournée dans la région.

Le président cubain a fait ainsi l’objet au Chili d’une intense polémique attisée par une frange de la droite chilienne. Celle-ci accuse Cuba de "donner refuge" à des Chiliens soupçonnés d’avoir assassiné un sénateur et idéologue de la droite chilienne, Jaime Guzman, en 1991, après le retour du pays à la démocratie.

Le sommet de la Celac a suivi le sommet Union européenne/Celac qui a réuni samedi et dimanche une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement.

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