2021, Vers un nouvel alignement des planètes en Amérique latine ?

Les peuples d’Amérique latine n’ont jamais sombré dans la résignation.

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L’Amérique latine a été martyrisée par le colonialisme européen dont elle a réussi à se libérer au cours du 19ème siècle pour retomber dans les griffes du néo-colonialisme étasunien.
La situation tragique que connaissent la plupart de ces pays n’est que le résultat des politiques coloniales passées et présentes.

Et pourtant, les peuples n’ont jamais sombré dans la résignation.

Lula, Chavez, Kirchner

Il y a 16 ans, lors de la réunion du 4ème Sommet des Amériques à Mar del Plata, Néstor Kirchner (Argentine), Hugo Chávez (Venezuela) y Luiz Inácio Lula da Silva (Brésil) brisaient l’hégémonie des USA en refusant l’ALCA (projet étasunien de libre commerce entre les pays d’Amérique) et lançaient le projet de la Grande Patrie.

Chávez , lors de la réunion parallèle du Sommet des Peuples avait prononcé ce célèbre jeu de mots : « ALCA, ALCA, al Carajo » (ALCA, ALCA, à la poubelle !).

L’alliance politique entre les trois dirigeants, marquait le début d’un alignement de planètes qui allait se traduire par la construction d’un projet émancipateur pour la région avec la consolidation du Mercosur et plus tard de la création d’autres organismes régionaux comme l’Unasur et la Celac qui en écartant les USA et le Canada, incluait Cuba au système interrégional.

L’alignement des planètes allait se poursuivre avec l’entrée de la Bolivie d’Evo Morales et de l’Équateur de Rafael Correa.

L’attente des peuples était forte, tellement forte qu’elle ne supportait pas les déceptions. Les dirigeants de certains pays ont été remplacés par des candidats, soumis au FMI, qui ont su manier le mensonge quand ce n’était pas la trahison pure et simple. Leur bilan est accablant.
La crise du covid touche dramatiquement l’Amérique latine qui comptait, fin juin 2021, 1 260 000 morts soit 32 % du total des morts alors qu’elle ne compte que 8,4 % de la population mondiale.
Avec la crise économique, la région souffre son pire recul depuis un siècle et 40 millions de personnes entrent dans la pauvreté.

2021 marque un mouvement vers la démocratie et le progrès :

L’année 2021 aura été celle d’un retour de balancier.

Lopez Obrador, Pedro Castillo, Diorama Castro, Gabriel Boric

Plusieurs pays ont porté à leur tête des présidents et présidentes qui, sans forcément présenter un programme de transformations révolutionnaires, veulent simplement instaurer ou réinstaurer la démocratie dans leurs pays, ce qui, compte tenu des situations antérieures, est déjà un grand progrès.

En Bolivie, fin 2020, le candidat progressiste Luis Arce a été élu avec 55 % des voix. Son parti le MAS retrouvait la majorité à la Chambre des députés et au Sénat après la parenthèse d’un gouvernement d’extrême droite issu du coup d’État de l’année précédente.

Au Mexique, en 2018, Lopez Obrador avait gagné l’élection présidentielle sur la base d’un programme de mesures sociales avancées et d’une politique d’indépendance du pays. En juin dernier, le parti Morena, soutenant le président Andres Manuel Lopez Obrador, a gagné les élections fédérales mais a perdu la majorité des 2/3 au congrès. Cependant, Morena fait partie d’une coalition, avec le parti Vert et le parti du Travail, qui lui accorde une majorité lui permettant de voter les budgets et les lois.

Au Pérou, fin juillet, Pedro Castillo, instituteur et syndicaliste, a gagné l’élection présidentielle contre Keiko Fujimori, candidate conservatrice et corrompue, avec 50,1 % des suffrages avec un congrès qui reste dominé par la droite et l’extrême-droite.

Au Honduras, fin novembre, la progressiste Xiomara Castro, épouse de l’ancien président, Manuel Zelaya (victime d’un coup État en 2009), a gagné l’élection présidentielle contre le candidat de la droite Nasry Asfura, individu profondément réactionnaire et corrompu, et le candidat libéral, et tout aussi corrompu, Yani Rosenthal.

Au Nicaragua, les élections de novembre, se sont soldées par une écrasante victoire du président Daniel Ortega à la présidentielle et de son parti, le FSLN, à l’assemblée nationale.

Au Venezuela, lors des élections régionales de novembre, le Grand Pôle Patriotique Simon Bolivar, soutenu par le mouvement chaviste a gagné 20 États sur 23 et 213 mairies sur 335, alors que la majorité des partis de droite avait participé à l’élection. Durement touchée par le blocus mené par les USA et la crise du covid, l’économie donne des signes de redémarrage et on prévoit une croissance du PIB et des exportations en 2022.

Au Chili, le pays a connu des protestations populaires, violemment réprimées, en 2019 et 2020. Une assemblée constituante a été élue en mai 2021 pour rédiger une nouvelle constitution qui remplacera l’actuelle, héritée du dictateur Pinochet.
En décembre, le candidat d’un rassemblement allant du parti communiste au centre, Gabriel Boric, a gagné l’élection présidentielle contre José Antonio Kast, candidat d’extrême droite.

Il y a des ombres au tableau :

Au Pérou, les avancées progressistes seront rendues difficiles à cause du harcèlement que mène la droite et des contradictions du propre Pedro Castillo.

En Argentine, en 2019, l’ancien président Macri, personnage corrompu et sans aucun scrupule, avait été battu par Alberto Fernandez, soutenu par Kristina Fernandez de Kirchner en laissant un pays fortement endetté et dans une situation économique catastrophique. Deux années plus tard, l’inflation s’élevait à 41,8 % et la pauvreté touchait 40,6 % de la population et les quelques succès de la nouvelle équipe n’ont pas été suffisants. En octobre, la coalition gouvernementale « Le Front de Tous » a connu une défaite électorale et perdu la majorité au sénat.

Mais, il y aussi d’autres raisons d’espérer :

Une victoire de Lula Da Silva au Brésil (1ère économie d’Amérique latine) en 2022 est tout à fait possible. Les sondages le donnent largement vainqueur face au président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, responsable de la mort de 600 000 Brésiliens due à sa gestion catastrophique de la crise du covid et dont la politique a causé des ravages parmi la population et l’environnement.

Plusieurs de ces nouveaux élus ont marqué leur volonté d’entretenir des relations normales avec Cuba en refusant de suivre les injonctions du gouvernement des USA.
Même si celui-ci entretient des forces importantes afin de continuer d’assoir sa mainmise sur un continent qu’il considère comme le sien, les rapports de force évoluent. Par exemple, la Chine est devenue la principale destination des exportations latino-américaines et sa part dans les importations commence à prendre de l’importance.

Nous sommes peut-être en train d’assister à un nouvel alignement de planètes qui permettra d’aller plus loin dans le projet émancipateur des peuples d’Amérique latine.