400 millions d’amendes contre Cuba… et le tourisme

Date de l'événement :
Dimanche 15 janvier 2023 - 00h00
Partager cet article facebook linkedin email

Quatre compagnies de croisière ont été condamnées par la justice américaine à payer près de 450 M$ pour avoir utilisé un port de La Havane nationalisé par les autorités cubaines en 1960, en application de la loi Helms-Burton que, depuis Trump, les Etats-Unis s’acharnent à appliquer.

Beth Bloom, une juge fédérale du sud de la Floride, invoquant le Titre III de la Loi Helms-Burton, a ordonné ces lourdes amendes, au motif des dommages présumés causés à la société étasunienne Havana Docks, qui disposait de la convention d’exploitation de certains des quais du Port de La Havane avant le triomphe de la Révolution !

Dans son jugement, la juge a estimé que les quatre compagnies - Carnival, MSC S.A., Royal Caribbean et Norwegian - avaient commis des « actes de trafic », s’étaient livrées à un « tourisme interdit » en emmenant des voyageurs étasuniens à Cuba et en utilisant des installations portuaires à La Havane « confisquées par Castro ».
Le pays de la « liberté » reconnaît-il qu’il existe ainsi pour lui un « tourisme interdit » et, par conséquent, un tourisme « autorisé » ? Qu’en est-il alors de la liberté de voyager ?
Bien sûr, nous connaissons la réponse : les citoyens des États-Unis ne peuvent pas se rendre à Cuba !
Il convient de préciser que ce n’est pas Fidel Castro qui avait confisqué ces propriétés, mais le gouvernement cubain qui avait fait usage de sa souveraineté, comme il sied à toute nation indépendante dans le monde.
En réalité, les États-Unis n’ont jamais voulu négocier sur la question des propriétés nationalisées, et n’ont pas non plus autorisé leurs entreprises concernées à le faire..
Le 6 juillet 1960, le Gouvernement révolutionnaire promulguait la Loi 851, complémentaire à la Constitution de 1959, qui établissait le principe de l’expropriation pour cause d’utilité publique. Dans ce cadre, la législation prévoyait l’indemnisation des biens nationalisés au moyen des obligations de l’Etat émises à cet effet et la nomination d’experts chargés d’évaluer ces biens. La commission d’évaluation avait enregistré au total 5911 demandes d’indemnisation, mais leur validité n’a jamais pu être confirmée.
Il était prévu que le paiement sous forme d’obligations serait effectué sur un fonds créé à la Banque Nationale de Cuba, appelé Fonds pour le Paiement des Expropriations de Biens et de Sociétés de Ressortissants des États-Unis d’Amérique.
Ce fonds serait alimenté annuellement par 25% de devises étrangères, correspondant aux achats de sucre que les États-Unis effectuaient chaque année à Cuba.
Les bons porteraient un intérêt de 2 % par an et commenceraient à être remboursés après 30 années.
Sachant que la forme de paiement était le sucre, Washington interrompit l’achat de sucre, portant ainsi préjudice à ses citoyens en rendant la Loi 851 inapplicable.
Le blocus total a suivi en février 1962, jusqu’à l’adoption de la scélérate Loi Helms-Burton.
L’objectif de la sanction contre les navires de croisière est clair : selon les médias de Floride, « l’amende de plusieurs millions de dollars constitue un avertissement pour les investisseurs potentiels et ceux qui souhaiteraient faire des affaires avec le Gouvernement cubain ».

Au-delà de son caractère choquant, ce jugement montre combien le blocus, en nuisant à l’économie cubaine… porte aussi atteinte à la liberté des échanges internationaux et de circulation des citoyens, américains notamment.

Portfolio