A Cuba, religion et santeria. (+ vidéo)

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Quoi qu’en dise l’actuel président des États-Unis, il existe bel et bien la liberté de religion dans l’île des Caraïbes.

La société cubaine est une société métissée, un "ajiaco criollo", une sorte de ragoût ou fricassée où l’on trouve de tout, bien mélangé dans une soupière ouverte.

Une de ces religions, fort populaire, est la religion yoruba, originaire d’Afrique, que les Cubains ont adaptée à leurs conditions, et mieux connue sous le nom de Santeria.

Jacques Lanctôt

La Santería s’est développée autour des traditions des Yorubas, un des peuples africains arrivés en esclavage à Cuba entre le XVIe et le XIXe siècle pour travailler dans les plantations de canne à sucre. C’est un mélange de christianisme et de croyances de l’Afrique occidentale. Cela a permis aux esclaves de maintenir leurs croyances traditionnelles tout en faisant semblant pratiquer le catholicisme.

Chaque début d’année, les grands prêtres de la religion yoruba se réunissent pour élaborer la « Lettre de l’année ». Selon un rituel, ils font connaître à leurs fidèles ce que sera de la nouvelle année, aussi bien à Cuba que dans le monde. Ces prédictions sont le fruit de réflexions communes émanant d’un grand conseil présidé par un "Ifa", un Sage.

L’année 2023 sera placée sous la protection d’Obatalá, secondée par Oshún. Obatalá est une des figures les plus importantes de cette religion. Elle est représentée, dans la religion catholique, par la Vierge de la Merced (Vierge de la Miséricorde), patronne de la ville de Barcelone. Elle est la créatrice de la Terre, mère de tous les "orishas", elle contrôle notre tête, nos pensées et nos rêves. Tandis qu’Oshún est représentée par la Virgen de la Caridad del Cobre, patronne de Cuba. C’est la reine des eaux douces (fleuves, lacs, sources) et elle personnifie l’amour et la fertilité.

La déclaration officielle énonce une série de recommandations et de comportements à suivre ou à éviter. On y dit que « si le bol est fissuré, jamais il ne se remplira ».

La personne qui veut rejoindre la religion yoruba doit d’abord subir un parrainage de quelques jours avec un parrain de son choix. Il lui prodiguera des conseils et lui indiquera à quel saint se vouer, selon le caractère de l’aspirant/e : Obatalá (Vierge de la Miséricorde), Oshún (Vierge du Cuivre), Yemayá (Vierge noire de Regla), Chango (Sainte-Barbe), Elegguá (Saint Antoine de Padoue), Oggun (Saint-Pierre ou Saint-Jean Baptiste), Oyá (Sainte Thérèse d’Ávila ou La Vierge de la Chandeleur), Babalu Aye (Saint-Lazare), chacun de ces saints ayant ses propres attributs. Cette personne devra porter en tout temps un petit bracelet aux couleurs du "santo" (vous l’avez sûrement déjà remarqué si vous venez fréquemment à Cuba). C’est effectivement un signe religieux apparent, mais ici, aucun problème et, surtout, il n’est associé à aucune soumission ni domination d’une personne sur une autre. La société cubaine est vraiment "cool". Et n’oubliez pas, lorsque vous ouvrez une nouvelle bouteille de rhum, de jeter la première goutte sur le sol, comme le font tous les Cubains, pour saluer "los santos".

Selon la religion yoruba, "les personnes qui embrassent la Santería s’assurent une protection spirituelle dans leur vie quotidienne".

Mais, avant tout, il faut savoir que ce n’est pas une religion de haine, d’exclusion et de domination d’un sexe sur un autre.

La première femme Gouverneur de l’île fut une juive convertie : Isabel de Bobadilla. La prise de pouvoir eut lieu au XVIe siècle quand son époux, Hernando de Soto, gouverneur de Cuba, se lança à la conquête de la péninsule de la Floride.
La rumeur court qu’elle a inspiré l’artiste qui a sculpté la Giraldilla. Cette fière et condescendante dame, qui couronne la tour du château de la Fuerza, nous a séduits jusqu’à devenir le symbole de la Havane.