A Cuba, la science transforme l’agriculture

En direct de Cuba avec Prensa Latina

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Par Cira Rodríguez César
Publié dans Prensa Latina Rubrique Economie le 17 juin 2022

Cuba s’est engagée à encourager la transformation de ses systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, inclusifs, résilients et durables, en appliquant les données scientifiques, la connaissance et l’innovation.

Soutenue par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), cette combinaison repose sur les meilleures informations scientifiques disponibles et leur adaptation au niveau communautaire et national dans des projets visant à sécuriser l’agriculture locale et à développer son potentiel.

C’est dans cet objectif qu’est mis en œuvre le "Programme Pays », soutien stratégique à la sécurité alimentaire durable à Cuba, financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par le Ministère de l’Agriculture, la FAO et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).

Il s’agit d’une occasion extraordinaire de contribuer à l’avancement du Programme d’Approvisionnement Municipal à partir d’une intégration intersectorielle et en mettant l’accent sur des systèmes agroalimentaires durables et équitables, en tant que stratégie pour atteindre la souveraineté alimentaire et réduire la dépendance aux importations.

L’une des initiatives du "Programme Pays", le projet Consas (Renforcement du système intégré de gestion des connaissances pour la sécurité alimentaire durable à Cuba), contribue précisément à cet objectif.

Il s’agit d’une initiative approuvée en 2019 avec un financement de plus de deux millions six cents mille euros pour augmenter la production alimentaire locale par l’application de la science et des connaissances avec des perspectives innovantes, environnementales et résilientes au climat.

Pour le représentant de la FAO à Cuba, Marcelo Resende, "aucun autre pays au monde ne dispose d’autant de centres scientifiques et de recherche pour mettre la science au service de ces objectifs et développer de nouveaux projets qui contribuent à satisfaire les demandes alimentaires locales."

Ainsi, le Consas a la tâche très importante d’apporter tous ces résultats scientifiques et de recherche aux agriculteurs par le biais de la vulgarisation rurale. Il rappelle qu’il s’agit là d’une des orientations définies par le Président Miguel Díaz-Canel.

Ce programme est actuellement mis en œuvre dans six municipalités des provinces de Villa Clara et Sancti Spíritus : Santa Clara, Placetas, Remedios, Yaguajay, Taguasco et Sancti Spíritus, dans des fermes de démonstration pour les filières agricoles - petit bétail, fruits, légumes et tubercules- afin de sensibiliser les acteurs et les gestionnaires à l’autosuffisance alimentaire.

Le Consas se poursuivra jusqu’en 2025 et a un impact sur la gestion durable des sols, des ravageurs et des maladies, et l’amélioration génétique du petit bétail (...).

Selon M. Resende, pour cela, il faut également développer l’utilisation des médias audiovisuels et des plateformes numériques dans la préparation des agriculteurs et partager leurs meilleures expériences.
Il a rappelé que des projets similaires sont inclus dans l’agenda de la FAO jusqu’en 2025 et sont mis en œuvre dans plusieurs pays d’Afrique et d’Amérique Latine comme le Honduras, le Salvador et maintenant Cuba, pour la transformation de leurs systèmes alimentaires.

LES PRODUCTEURS PARLENT

Diosmara de la Rosa Morgado, avec son exploitation de 42 hectares, Las Pascuas, appartenant à la Coopérative de Crédit et de Services (CCS) Víctimas de la Coubre, dans la municipalité de Sancti Spíritus, témoigne de l’importance de participer au Consas en raison de son excellent programme de formation.

Dans des déclarations à Prensa Latina, cette agricultrice, qui est ingénieur agronome, a reconnu et remercié pour l’opportunité de se rapprocher de la science et de l’innovation afin d’augmenter la production en améliorant la qualité.

"Nous avons maintenant la possibilité de grandir en tant que personnes et agriculteurs avec plus de connaissances, un outil très efficace pour contribuer à la sécurité alimentaire de la population.
Nul ne peut parler comme moi des bienfaits du Consas. Après avoir repris une ferme entièrement recouverte de marabú, aujourd’hui, avec l’application de la science et de la technologie, je produis des arbres fruitiers et j’élève des petites chèvres, je livre jusqu’à cinq mille litres de lait par an et entre 15 et 17 tonnes d’ananas de la variété rouge espagnole.

"Avoir des financements est important, mais sans connaissances, nous ne pouvons entreprendre aucun projet agricole, la science et la technologie doivent toujours accompagner les producteurs ruraux", a déclaré Diosmara de la Rosa qui a prédit une croissance importante grâce à l’aide qu’elle reçoit.
Tout ce qui sort de sa terre est destiné aux programmes sociaux, au tourisme et aux centres d’aide sociale de la municipalité de Sancti Spíritus, "c’est pourquoi nous devons continuer à travailler et à investir", a-t-elle déclaré.

Pour Leonides López, propriétaire de l’exploitation agricole La Lechuza dans le CCS Horacio Rodríguez de la municipalité de Placetas, dans la province centrale de Villa Clara, le Consas lui a fourni les informations scientifiques dont il avait besoin pour mettre en valeur ses 53 hectares de terres.

Fort de 15 ans d’expérience dans l’élevage de petit bétail (moutons et lapins) et la culture de légumes, il est aujourd’hui capable de produire plus et avec de meilleurs rendements, ce qui lui a permis de faire partie des exploitations sélectionnées comme fermes de démonstration pour le projet de la FAO.
"En de nombreuses occasions, l’absence de connaissances suffisantes et plus poussées entraîne une mauvaise gestion de la masse animale, ce qui nuit aux résultats de la production. Le Consas nous apporte ces connaissances nécessaires, ainsi que certains intrants".

"Avec les ressources fournies, les premiers résultats sont déjà visibles, grâce au soutien de l’Université et des spécialistes du Ministère des Sciences, de la Technologie et de l’Environnement de la province, avec des conseils sur la biodiversité", a souligné M. López.

Ce producteur tient en haute estime l’alliance des universitaires et des chercheurs, ce qui le conforte dans sa préparation car "auparavant, les solutions étaient appliquées de manière empirique et non avec la bonne technologie ni au bon moment", a-t-il déclaré.