A Cuba, le tourisme a augmenté de 34 % en 2023,

mais reste en dessous des prévisions

Partager cet article facebook linkedin email

Malgré une augmentation de 34 % l’île n’a pas atteint l’objectif de 3,5 millions de touristes pour 2023.
Le blocus en est la raison principale et une rapide comparaison avec sa voisine dominicaine donne une idée des revenus que pourrait générer un tourisme raisonné à Cuba.

Selon les chiffres fournis par l’ONEI (Office National des Statistiques et d’Information), l’île a compté près de 3,2 millions de voyageurs parmi lesquels près de 2,4 millions de touristes étrangers.

Parmi ceux-ci on compte 940 000 Canadiens, 320 000 Cubains vivant à l’étranger, 185 000 Russes, 159 000 Etasuniens, 89 000 Espagnols, 69 000 Allemands et 62 000 Mexicains. En 2018, avant les mesures Trump, le pays recevait 640 000 touristes étasuniens.

Le tourisme est un secteur clé de l’économie cubaine pour la réception de devises étrangères. Il se situe en 3ème position derrière les exportations de services et les « remesas » (transferts venant des familles vivant à l’étranger).

L’île a fait de gros efforts d’investissement afin d’offrir plus de places d’hôtel. On compte aujourd’hui 80 000 chambres dans 300 hôtels dont 75 % arborent 4 ou 5 étoiles. Il convient d’y ajouter 18 000 chambres dans le secteur privé.

D’autre part, le pays développe son tourisme local, ce qui est plutôt unique dans la région. Il concerne environ 1,2 millions de personnes.

Cependant, l’île doit affronter la concurrence des pays de la région en particulier la République Dominicaine, le Mexique et l’Amérique centrale qui ont développé leur offre touristique.

Il faut remarquer que la concurrence bénéficie de deux marchés importants auxquels Cuba n’a pas accès à cause du blocus : le tourisme étasunien et les bateaux de croisière qui sont les deux segments les plus importants du tourisme dans les Caraïbes.

Au contraire de ses voisins, le pays n’a pas encore rattrapé les chiffres de visiteurs reçus avant la pandémie. Ce n’est pas très étonnant quand on considère que l’île, déjà soumise au blocus, a dû en plus de la pandémie, subir les mesures prises par Trump.

C’est pour cette raison que les investissements hôteliers, en l’absence d’investisseurs internationaux, sont financés par le pays lui-même. Ce qui pose des problèmes dans d’autres secteurs économiques.

Le placement de Cuba sur la liste étasunienne des pays soutenant le terrorisme empêche tout transfert financier passant par le système bancaire international. Comment dans ce cas traiter avec des agences de voyage situées à l’étranger ? Comment assurer un ravitaillement de qualité dans les hôtels ? Comment acheter le carburant nécessaire pour faire rouler les cars de touristes ? Pourquoi visiter Cuba si on sait qu’on aura des difficultés pour entrer ensuite aux USA ? Pourquoi prendre le risque de faire accoster un bateau de croisière si on risque d’être poursuivi devant un tribunal US en vertu de la loi Helms-Burton ?

Un spectacle devenu rare à Cuba

Dans ces conditions rien d’étonnant à ce que l’objectif fixé à 3,5 millions de touristes pour 2023 n’ait pu être atteint. Remarquons que, même si Cuba se situe loin derrière la République Dominicaine en termes de fréquentation touristique, son taux d’augmentation 2022 et 2023 a été de 34 % alors qu’il était de 12 % pour la République Dominicaine.

Cependant, ce dernier pays ne subit pas le blocus des USA. Au contraire, ceux-ci investissent environ 1,2 milliards de dollars par an ce qui représente 26 % des investissements étrangers dans le pays. C’est aussi pour cela que ce pays a reçu 10 millions de touristes en 2023, dont les 1,9 millions, arrivés par voie maritime, auraient pu aussi visiter Cuba si le blocus avait été levé.

Parmi les touristes visitant la République Dominicaine on compte 5,5 millions de voyageurs étasuniens, interdits de séjour à Cuba par leur propre gouvernement.
Cette courte comparaison donne une idée des capacités de développement du pays que permettrait le tourisme si le blocus était levé.

Car la Grande Île possède des atouts importants sur le plan touristique grâce à la protection de l’environnement, à la diversité de sa géographie, à sa culture, à son authenticité et au fait qu’il s’agit d’un des endroits les plus sûrs de la région.