Actualités des provinces (3)

La Province de La Havane (III)

Partager cet article facebook linkedin email

Peu de gens savent que depuis la réforme de 2010 les limites de la Province de La Havane se confondent avec celles de la capitale. Les touristes ne connaissent généralement que le quartier de la Vieille Havane, certes magnifiquement restauré sous la houlette du Bureau de l’Historien de la Ville, Eusebio Leal Splenger, qui tenait à y préserver par ailleurs une vraie vie de quartier. Au mieux, ils ont aussi vu la Promenade du Prado, le Capitole, le Malecón, l’Hotel Nacional et le Tropicana, mais ils n’ont qu’une faible idée de ce que sont réellement la capitale et la Province de la Havane dans leur globalité.

Un article très documenté de la plateforme collaborative cubaine Ecured complètera très utilement l’information de tous ceux qui souhaitent aller au-delà des clichés touristiques et se faire une idée plus précise de la réalité cubaine. Voici la troisième partie, économique, de ce long article. Pascale Hébert

La Havane, Ecured, article traduit par Pascale Hébert

Economie

Le développement économique de La Havane est dû, dans une grande mesure, à sa situation géographique qui a fait d’elle l’un des principaux nœuds commerciaux du Nouveau Monde. Depuis le début, la ville a trouvé une source d’enrichissement dans l’industrie sucrière et la traite des esclaves et, postérieurement, lorsque Cuba a obtenu son indépendance, elle s’est transformée en une célèbre destination de vacances.

Malgré les efforts qu’a faits le gouvernement révolutionnaire pour amener la production industrielle dans toutes les régions de l’île, La Havane continue d’être le centre d’une large part de la production industrielle nationale. La traditionnelle industrie sucrière, qui pendant trois siècles a soutenu l’économie de l’île, est répartie dans d’autres localités, mais c’est à La Havane que sont concentrées beaucoup des installations de l’industrie légère, de conditionnement des produits carnés et des industries chimiques et pharmaceutiques en plus du développement scientifique.

Les autres industries importantes situées à La Havane sont les usines de transformation des aliments, les chantiers navals, les usines d’assemblage de véhicules, les entreprises productrices de boissons alcoolisées (spécialement le rhum), les industries textiles et de produits du tabac, spécialement les fameux Havanes, un produit de renommée internationale.

Bien que les ports des provinces de Cienfuegos et de Matanzas se soient développés sous le gouvernement révolutionnaire, La Havane continue d’être le principal port de Cuba : 50% des importations et des exportations passent par cette ville. Ce port abrite en outre une industrie de la pêche considérable.

A la suite de l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991 et de l’intensification du blocus des Etats-Unis contre Cuba, La Havane et le reste du pays ont connu leur pire crise économique depuis le triomphe de la révolution en 1959. La stratégie pour affronter cette crise et protéger la population a été nommée officiellement Période Spéciale en Temps de Paix. Cette ville, avec une population d’environ 2,5 millions d’habitants (près d’un cinquième de la population totale du pays) est la ville la plus grande des Caraïbes.

A partir de la chute de l’Union Soviétique, Cuba a ranimé à nouveau l’industrie du tourisme, qui est actuellement la principale ressource économique de La Havane et de Cuba dans son ensemble*. En outre, pendant la décennie des années 1980, on a construit à l’ouest de la ville un pôle scientifique avec des institutions du secteur de la biotechnologie qui exportent avec une forte valeur ajoutée des produits tels que des médicaments, des matériels et des vaccins, qui concurrencent les produits homologues des pays les plus développés dans ce secteur.

Tourisme

Avant le triomphe de la Révolution en 1959 - et spécialement entre 1915 et 1930- le tourisme était l’une des principales sources de devises (seulement dépassée par le sucre et le tabac). La Havane, où prévalait une attitude libertine pour tout ce qui concernait le plaisir, était la destination la plus populaire des Caraïbes, spécialement pour les citoyens des Etats-Unis qui cherchaient à ce moment-là à échapper aux restrictions imposées par la Prohibition.

Après avoir connu une diminution drastique des flux touristiques en direction de l’île (principalement causée par la Crise de 29, la fin de la Prohibition et la Deuxième Guerre Mondiale), La Havane a recommencé à recevoir des visiteurs en quantités significatives vers les années 50, lorsque le crime organisé des Etats-Unis s’est emparé d’une bonne partie des industries du loisir et du tourisme dans le pays. C’était l’époque où le Ministre des Affaires Etrangères cubain avait l’habitude de se vanter que La Havane dépensait autant d’argent dans les fêtes que n’importe quelle ville importante au monde. Il se trouve que l’île était à ce moment-là le maillon le plus sûr de la chaîne du trafic de drogue contrôlé par la mafia, dont la destination finale était les Etats-Unis.

Du reste, la réputation, amplement justifiée, d’être une destination de sensualité et de dolce vita lui avait valu le surnom de « Las Vegas latino ». Pour ne citer que quelques exemples, pendant cette période, Meyer Lansky avait construit le Riviera, Santo Traficante était parvenu à contrôler les actions du Sevilla et un casino avait été inauguré à l’Hôtel Plaza.

C’est l’association du tourisme nord-américain avec le monde du jeu et de la prostitution qui a fait que dès 1959 on ait vu ce secteur comme un mal social qui devait être complètement éliminé.

Beaucoup de bars et de maisons de jeux ont été fermés après le triomphe de la révolution et une nouvelle institution gouvernementale, l’Institut National de l’Industrie Touristique, a pris le contrôle de nombreux établissements (auparavant seulement accessibles aux plus fortunés) et les a mis à la portée de la population. Avec la détérioration des relations entre Cuba et les Etats-Unis et l’imposition d’un blocus commercial contre l’île en 1961, le tourisme a connu une chute drastique et n’a retrouvé qu’en 1989 un volume vaguement comparable à celui qui existait avant la révolution.

A la suite de l’effondrement de l’Union Soviétique et de ses alliés de l’Europe de l’Est en 1989 et au début des années 1990, Cuba s’est enfoncée dans une grave crise économique et s’est retrouvée avec un besoin pressant de devises. Une partie de la solution a été d’avoir recours au tourisme et le gouvernement cubain a investi des sommes significatives dans ce secteur pour attirer des visiteurs dans le pays.

En conséquence de ces considérables investissements, dès 1995 cette industrie était devenue l’une des principales sources de revenus de Cuba. La Havane possède des traditions, des musées et des institutions qui sont de véritables bastions pour l’humanité.

Actuellement*, La Havane reçoit plus d’un million de touristes par an, ce qui en fait la principale destination réceptrice du tourisme international à Cuba. Son principal attrait continue d’être son centre historique, déclaré Patrimoine de l’Humanité pat l’UNESCO dès 1982, considéré comme l’un des ensembles architecturaux les mieux conservés de toute l’Amérique Latine.

Turistas en la Plaza Vieja

[…] La vision de la province de La Havane ne doit pas être celle d’une ville uniforme et mono-centrique comme le reste des villes cubaines. La Havane est une ville polycentrique. En analysant le fonctionnement de cette mégalopole, nous pourrions dire, cependant, qu’il existe un « centre principal », vaste et divers, et en plus, des « centres secondaires » et des « centres locaux », ces derniers plus petits, mais avec certains degrés d’importance. Le périmètre de ce que nous pourrions appeler centre principal englobe trois communes, La Habana Vieja, Centro Habana et Plaza de la Revolución, qui, bien que ce soient de petits territoires en termes de superficie, possèdent une forte concentration démographique et une extrême urbanisation.

La Habana Vieja et Centro Habana constituent une espèce de centre traditionnel. Assurément, à La Habana Vieja se trouve le centre historique, l’aire d’origine de la Villa de San Cristóbal de La Habana, située intramuros jusqu’à la deuxième moitié du XIXème siècle.

Il est également vrai que les artères principales de Centro Habana constituent le centre du commerce et des services dans La Havane du XXème siècle et du début du XXIème, sans sous-estimer certaines artères de La Habana Vieja non moins importantes. La Rampa et l’intersection de la Calle 23 et de la Calle 12, ainsi que leurs abords dans le Vedado, sont devenus des symboles contemporains des services et du divertissement de la capitale.

Plaza de la Revolución est désignée par certains comme la « capitale de la capitale », suggérant ainsi que cette commune constitue le centre actuel de la capitale. Cet argument pourrait être considéré comme valable mais pas absolu, car, bien qu’il soit vrai que le centre politique de la province et de la nation se concentre en majeure partie dans Plaza, celui-ci a des ramifications dans les deux communes déjà citées.

Culture

La ville est le siège de plusieurs manifestations culturelles de caractère international telles que le Festival du Ballet de La Havane, le Festival de Cinéma de La Havane, le Festival de Jazz Plaza et la Foire Internationale du Livre.

Ville natale du Héros National José Martí, […] elle est l’une des villes les plus importantes d’Amérique Latine pour les évènements situés dans la zone du Golfe du Mexique.

Maison des Amériques- Avenida de las Misiones

Dans la ville se trouve la Maison des Amériques, institution chargée de promouvoir l’art et la littérature des peuples d’Amérique depuis le Río Bravo jusqu’à la Patagonie, qui patronne tous les ans un concours littéraire connu sous le nom de Maison des Amériques, dont le jury a accueilli des personnalités aussi distinguées que Gabriel García Márquez et Mario Benedetti.

Sites intéressants

La Forteresse de San Carlos de La Cabaña est une forteresse située à l’entrée de la baie. La Cabaña est la forteresse la plus grande construite par l’Espagne en Amérique. Elle a été construite à partir de l’invasion anglaise et a été terminée à la fin du XVIIIème siècle. C’est actuellement le siège principal de la Foire Internationale du Livre et de la Biennale de La Havane, entre autres manifestations.

Le Capitole de La Havane : il a été construit en 1929 pour héberger le Sénat et la Chambre des Représentants. Cet édifice colossal est visible depuis toute la ville avec son imposante coupole. A l’intérieur se trouve la Statue de la République. Aujourd’hui, c’est le siège de l’Académie des Sciences de Cuba.

Le Castillo del Morro : c’est une pittoresque forteresse à l’entrée du port de La Havane. A l’intérieur, il y a un phare de forte puissance qui dirige la navigation.

Le Cementerio de Colón : cimetière et musée à ciel ouvert. C’est le plus célèbre et le plus grand cimetière d’Amérique Latine, connu pour la beauté et la magnificence de ses sculptures ; il est considéré comme le troisième d’importance mondiale […]

Le Centre Culturel Dulce María Loynaz. Il se trouve situé dans la maison de la célèbre femme-écrivain Dulce María Loynaz, Prix National de Littérature 1987 et Prix Cervantes 1992. C’est le principal espace institutionnel d’aide à la création et à la promotion d’auteurs dont dispose l’Institut Cubain du Livre, organisation qui dirige le système éditorial et la distribution des livres et des publications périodiques à Cuba. Dans ses installations fonctionne l’un de sièges de la Foire Internationale du Livre.

La Calle 23 (Vedado) est l’une des artères principales de la ville ; elle débouche sur le Malecón. On y trouve depuis le siège de plusieurs Ministères comme celui de la Santé Publique ou celui du Travail jusqu’au fameux glacier Coppelia (que les Havanais appellent la Cathédrale de la Glace), en passant par les hôtels, les clubs et les discothèques que fréquentent des centaines de jeunes durant le week-end.

La Ciudad Deportiva : c’est l’un des endroits les plus connus de La Havane. A l’intersection des avenues Boyeros et Vía Blanca, une installation tout à fait spéciale apparaît à la vue de tous les passants, la Cité des Sports, qui, dans son majestueux colisée, l’un des ouvrages les plus importants de l’Ingénierie Civile cubaine, a accueilli durant presque cinq décennies une innombrable quantité d’évènements sportifs, politiques, éducatifs et culturels. Elle possède en outre des stades et un complexe de piscines.

La Fuente Luminosa devant la Cité des Sports

La Fuente Luminosa : elle est au centre d’un vaste rond-point où convergent la Calle 26, la Vía Blanca et l’avenue de Rancho Boyeros, principale voie d’accès à l’aéroport José Martí. Elle a fait partie d’un programme d’urbanisme qu’a mené à bien ce qu’il est convenu d’appeler le gouvernement « Authentique » du président Ramón Grau San Martín, au milieu des années 1940. Avec un mélange d’ironie et d’humour créole, la population l’avait alors surnommée le « bidet de Paulina », par allusion à la belle-sœur du chef de l’Etat, première dame de la nation.

La Plaza Vieja. Elle fut appelée à l’origine Plaza Nueva. Elle est apparue comme espace ouvert, à la suite de la Plaza de Armas et de la Plaza de San Francisco, respectivement, bien que certains auteurs indiquent qu’elle fut la deuxième place existant à La Havane. Elle fut la zone de résidence de la ploutocratie créole aux temps de la colonie. L’ensemble architectural urbanistique de la Plaza Vieja est représenté par de superbes constructions coloniales des XVIIème, XVIIIème et XIXème siècles et par quelques exemples des premières décennies du XXème siècle qui lui confèrent son unité stylistique.

Le Palais de la Révolution. C’est le principal édifice du complexe Plaza de la Revolución, situé dans la capitale cubaine. On y trouve le siège du Conseil d’Etat, celui du Conseil des Ministres et celui du Comité Central du PCC. A l’origine, il avait été conçu comme Palais de Justice et Cour Suprême. En 1985, le gouvernement révolutionnaire a ordonné d’y transférer le siège du gouvernement et de l’Etat qui était implanté au Palais Présidentiel (actuel Musée de la Révolution). L’édifice est divisé en trois parties ; dans la première sont implantés les bureaux du Conseil des Ministres, dans la deuxième le siège du Conseil d’Etat et les bureaux du Président et du premier Vice-président de l’Etat cubain, et dans la troisième, celui du Comité Central du PCC.

https://www.ecured.cu/La_Habana

*Cet article de fond est évidemment antérieur à la crise sanitaire actuelle. (NdT)