ArteCómic en un clin d’œil !

L’unique événement à Cuba entièrement consacré à la bande dessinée a réussi à se maintenir depuis 2010 malgré toutes sortes de difficultés.

Partager cet article facebook linkedin email

Eh oui, il existe une BD vivante à Cuba ! Que peu d’étrangers connaissent. Cet article sur Arte Comic, manifestation de la ville de Camagüey, nous en dit plus sur cet art si présent dans tous les pays du monde et que la jeunesse aime tant. PHM

Publié par Arturo Delgado Pruna dans Cuba News le 9 juillet 2022
Traduit par Nicole Bedez

Affiche des Journées ArteCómic 2022
©Fernando Ortega et Ramón Ochoa

Le théâtre, l’audiovisuel, le ballet et les arts visuels sont, sans aucun doute, des expressions culturelles de grand intérêt à Camagüey. Mais il en est une autre tout aussi importante qui, malgré les efforts de ceux qui la pratiquent et la défendent, n’a pas encore reçu l’attention qu’elle mérite : la bande dessinée.

Pour la renforcer, les Journées ArteCómic (ArtBD) ont été créées sous l’égide du Conseil des Arts Plastiques de cette province. Selon Alfredo Fuentes Fernández, leur principal organisateur, chaque année, en plus de mettre en avant les valeurs de la bande dessinée nationale, les Journées sont dédiées à un pays ou à une aire culturelle étrangère, l’objectif étant de favoriser l’échange et la reconnaissance de part et d’autre. En ce sens, les créateurs Juan Padrón et Orestes Suárez ont retenu l’attention, ainsi que des nations comme le Japon, l’Espagne, la Belgique, la France, l’Italie et la province du Québec.

La rencontre, qui a toujours lieu en juillet (cette fois-ci du 6 au 9), ne se limite pas à une compétition - dans laquelle les œuvres sont récompensées et, parfois, les scénarios - car elle comprend également la projection de films, de documentaires, de films d’animation, des tournois de jeux vidéo, du cosplay (1), ainsi que des conférences, des ateliers créatifs (illustration numérique, stop motion (2), scénario, design artistique...) et des concerts dessinés (un mélange unique de musique et de neuvième art).

Les présentations de livres ne manquent pas non plus, mais elles dépendent des fluctuations de la production éditoriale de bandes dessinées (qui comme on le sait, est très déprimée) de l’intérêt des éditeurs à participer à l’événement et, surtout, de démarches personnelles.

Les Journées ArteCómic tentent de faire participer des personnes d’âges aussi variés que possible, bien qu’il n’existe pas de récits graphiques pour adultes à Cuba. Cette carence est en quelque sorte compensée par le cinéma 3D, dont la fréquentation importante est due à l’attrait des films présentant de telles caractéristiques, ainsi qu’au confort de la salle climatisée et des offres de restauration proposées. Une chose est certaine, ce lieu, qui fait partie du circuit d’exposition, de développement et de recherche des nouveaux médias, est depuis longtemps un exemple de ce qui peut être réalisé en faveur de la culture, lorsque l’initiative privée se conjugue avec les organismes publics.

Salle des œuvres en compétition
Photo : Arturo Delgado Pruna

Des participants de Pinar del Río, La Havane, Matanzas, Villa Clara, Sancti Spíritus et Holguín viennent régulièrement. Cela permet un échange nécessaire qui se produit rarement à une telle échelle en dehors de cet événement, lequel a su se maintenir malgré les difficultés de financement et d’hébergement.

Les dessinateurs de renom Héctor Saroal, Arturo Palacios, Osvaldo Pestana (Montos), Alexander Izquierdo, Noel Cabrera, Iran Hernández, Ángel Velazco (entre autres) ont fait partie de la liste des intervenants. Ivette Ávila, qui semble ne jamais se lasser de partager son savoir, l’a offert en tant qu’animatrice stop motion, une manifestation qui continue à gagner en notoriété grâce à son travail persévérant auprès des enfants et des adolescents.

La présence des éditeurs est minorée du fait qu’il n’y a pratiquement pas d’éditeurs de bandes dessinées. Cependant, les conférences « Brève revue de la bande dessinée réalisée à Sancti Spíritus - Avatars de l’édition (1979-2015) » et « Gugulandia, un classique oublié de la bande dessinée cubaine », données par cet éditeur, ont montré les coulisses du travail d’édition, aussi important que sous-estimé. À ce propos, ArteCómic devrait envisager de rendre hommage au vétéran Manolo Pérez, l’un des plus grands défenseurs du genre depuis un demi-siècle. Il a édité les magazines Cómicos et Pablo dans les années 1980.

Les Studios d’Animation Ánima de Holguín sont des habitués, avec Andrés Aguilera García, créateur de jeux pour des appareils mobiles, tout comme la Vitrina de Valonia, une institution de La Havane qui accueille des bandes dessinées et des magazines, dirigée par Lysbeth Daumont Robles. Cette dernière présente toujours d’excellentes expositions, réalisées grâce à la coopération des ambassades dans notre pays, ainsi que les Éditions Luminaria, une maison d’édition de Sancti Spíritus qui a publié deux titres : Los hijos del Quasar et Yakro. Le premier titre est une compilation d’œuvres de jeunes de cette localité ; le second, l’édition complète de l’œuvre du même nom d’Orestes Suárez, dont la dernière partie est restée inédite pendant plus de deux décennies.

Alfredo Fuentes présente Yakro et Elpidio Valdés, les origines. À ses côtés, le dessinateur Arturo Palacios
Photo : Arturo Delgado Pruna

La sensibilisation nécessaire des jeunes lecteurs aux anciennes productions nationales est rendue possible par la volonté du collectionneur David Jaime Saladrigas Viamonte. Il a fourni, à plusieurs reprises, des exemplaires choisis dans son impressionnante collection de ¡ Aventuras !, Din Don, Pionero, Historietas MC, Fantásticos, Muñequitos, pour qu’ils soient exposés. Il est dommage que ces magazines puissent être perdus à jamais parce que leur propriétaire n’a pas les moyens technologiques qui lui permettent de les numériser.

Même si les Journées ArteCómic ont eu une affiche qui les identifie chaque année et même si les règles du concours ne varient guère, il faut souligner que les actions de promotion insuffisantes ont été pour une large part leur point faible.

1. Le cosplay est un loisir qui consiste à jouer le rôle d’un personnage de fiction en imitant son costume, ses cheveux — à l’aide d’une perruque ou en réalisant une coiffure identique — et son maquillage [NDT].

2. Le stop motion, aussi appelé animation image par image ou animation en volume, est une technique d’animation qui permet de créer un mouvement à partir d’objets immobiles. Elle consiste à déplacer légèrement les objets/personnages entre chaque photo [NDT].

https://oncubanews.com/cultura/artecomic-a-la-vista/