Biden... plus "Trumpiste" que Trump lui-même ?

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Par Iroel Sánchez Publié dans La Pupila insomne le 28 AVRIL 2022

C’est devenu un lieu commun de dire que l’actuel président américain, Joe Biden, a été, en ce qui concerne Cuba, le plus loyal des Trumpistes.

Mais ce que personne n’imaginait, c’est qu’avec les événements de ces dernières semaines, le vétéran politique démocrate allait surpasser son prédécesseur républicain en agressivité contre l’Île.

C’est devenu un lieu commun de dire que l’actuel président américain, Joe Biden, a été, en ce qui concerne Cuba, le plus loyal des Trumpistes.

Mais ce que personne n’imaginait, c’est qu’avec les événements de ces dernières semaines, le vétéran politique démocrate allait surpasser son prédécesseur républicain en agressivité contre l’Île.

Le maintien des 243 mesures approuvées par Trump pour martyriser les Cubains dans leur vie quotidienne l’éloigne déjà de sa position précédente en tant que vice-président de Barack Obama, le dirigeant américain qui a le plus progressé vers une relation plus détendue entre les deux pays, mais aussi de ses promesses de campagne électorale.
Cependant, les deux actions que son administration a tissées dans l’ombre au cours des dernières semaines le placent devant le magnat de la Trump Tower pour tenter de transformer les agressions contre Cuba en votes contrôlés par les politiciens d’extrême-droite du sud de la Floride dans une année électorale.

Calculant opportunément que l’irritation suscitée par les obstacles américains à l’émigration légale depuis Cuba pourrait être aggravée par le fait que d’autres pays restreignent également le transit des Cubains vivant sur l’Île, Washington a maintenant exercé une pression efficace sur les autres gouvernements pour qu’ils limitent même le transit des Cubains dans leurs aéroports, ce que l’administration Trump n’avait pas fait.

Si, à la suite de Trump, Biden a maintenu le siège pour rendre plus coûteux l’achat de carburant par Cuba, pour rendre plus chères les transactions financières en raison du risque encouru par les banques en opérant avec La Havane, pour rendre plus difficile l’importation de tout et pour augmenter les difficultés de ceux qui vivent sur l’Île, cet ex sénateur âgé a rendu plus tortueux le départ de l’Île pour ceux qui décident d’émigrer, ou de voyager et de revenir.

Il rêve que Miami dise "Viva Biden !" lors des élections législatives de novembre prochain.
Pusillanime qui ne sait pas que, quoi qu’il fasse là-bas, il est méprisé par tous : les uns pour avoir trahi ses promesses de campagne et les autres pour avoir appartenu au même gouvernement que le "communiste" Obama.

Mais cela ne serait pas suffisant. Il faut continuer en surpassant Trump, le tortionnaire apparemment insurmontable des Cubains. Et il va sans dire que Biden semble prêt à le faire.

Si Obama fut contraint, par l’isolement de la politique américaine envers Cuba en Amérique Latine, d’inviter l’Île au Sommet des Amériques à Panama en 2015, Trump avait récidivé au Pérou en 2018.

Ni l’hostilité absolue déployée contre l’Île depuis son arrivée à la Maison Blanche, ni le changement dans la corrélation des forces dans la région avec le retour au gouvernement de la droite dans plusieurs pays, et dans plus d’un avec des variantes plus ou moins ouvertes de coups d’État, n’avaient incité ce président, qui avait proclamé à Miami une nouvelle directive à inverser tout ce qui avait été réalisé bilatéralement entre les États-Unis et Cuba pendant l’ère Obama, à exclure les Cubains du Sommet des Amériques.
Ce sera, semble-t-il, la tâche de M. Biden qui, à la recherche de nouveaux hommages sur l’autel de l’industrie anti-castriste, doit sacrifier le peu d’autorité qui lui reste auprès des gouvernements de la région.

La position de l’administration américaine actuelle est si faible qu’à moins d’un mois de l’événement qui se tiendra en juin prochain dans la ville californienne de Los Angeles, elle n’a même pas osé faire une déclaration publique sur la question, tout en excluant Cuba des travaux préparatoires de l’événement.

L’annonce que des sujets tels que la santé et la lutte contre la pandémie de Covid-19, dans lesquels l’autorité des Cubains est indiscutable, ou la prétention grandiloquente que la démocratie sera discutée et la tentative arbitraire de décider qui peut ou ne peut pas participer, ne place pas les organisateurs sous un jour très favorable.

Il semble que le gouvernement américain soit à la croisée des chemins : s’il exclut Cuba, son absence deviendra le thème central des débats, comme ce fut le cas lors des sommets de Trinidad-et-Tobago en 2009 et de Cartagena de Indias en 2012, et s’il invite Cuba, il devra supporter ses dénonciations de l’agression extrême qu’elle subit de la part de Washington et ce, avec le soutien d’une grande partie des participants qui votent massivement chaque année à l’ONU contre la politique américaine de blocus de l’Île.

Perdant-perdant est la situation dans laquelle son incohérence a conduit la politique américaine en Amérique Latine à être plus fidèle aux politiciens de Miami qu’à l’intérêt national américain.