Blocus de Cuba : pour la 32e fois, La Havane va demander la fin de l’asphyxie à l’ONU
Levez le blocus : tel est l’appel lancé par Cuba dans son rapport annuel, présenté jeudi 12 septembre par le ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodríguez Parrilla.
Ce bilan met en lumière les effets dévastateurs et persistants de l’embargo américain, imposé depuis 62 ans, sur l’économie et la population cubaine
Sans ce blocus, illégal, inhumain le PIB de Cuba aurait augmenté de 8 % au lieu de régresser de 2 !
Publié le 13 septembre 2024 par le quotidien l’ Humanité sous la signature de Marie Penin
La Havane va soumettre pour la 32e fois au vote de l’Assemblée générale des Nations Unies, une résolution appelant à la levée du blocus économique, commercial et financier que lui imposent les États-Unis d’Amérique depuis 1962. En prélude au débat qui se tiendra d’ici deux semaines à l’Assemblée générale, Cuba a présenté jeudi 12 septembre son rapport annuel sur les conséquences, de mars 2023 à février 2024, de l’étouffement économique imposé par les États-Unis sur l’île.
Une nouvelle fois, le tableau dressé est alarmant. Pénuries alimentaires généralisées, raréfaction des produits de première nécessité, services publics en déshérence, désespoir grandissant d’une partie de la population, l’île traverse sa pire crise depuis la « période spéciale » des années 1990.
Des pertes évaluées à plus de cinq mille milliards de dollars
L’embargo états-unien englobe tous des pans de la société, de la traque des transactions financières et bancaires et de l’entrave des achats de médicaments, de carburants ou d’engrais, au durcissement sur les exportations. Pour la seule période de mars 2023 à février 2024, le ministère des Affaires étrangères cubain estime que le blocus a causé à Cuba des pertes matérielles évaluées à 5 056 800 000 dollars, soit une augmentation de 189 milliards de dollars par rapport à l’année précédente, avec des conséquences dévastatrices pour la population.
Déjà étranglé par un ensemble d’interdictions et de restrictions en vigueur depuis maintenant plus de 6 décennies, le secteur économique cubain est de plus soumis aux conséquences de l’inscription de Cuba, le 11 janvier 2021, sur la liste américaine des pays prétendument commanditaires du terrorisme.
Dernier cadeau empoisonné légué par l’administration Trump, 9 jours avant la fin de son mandat. Cette décision totalement arbitraire, ainsi que l’interdiction pour toute personne ayant visité Cuba d’entrer aux États-Unis, contribue à renforcer l’encerclement économique imposé par Washington, avec une chute drastique des revenus touristiques, une augmentation des difficultés d’accès aux crédits ainsi que la perte de fournisseurs traditionnels en Europe et en Amérique latine.
Selon le gouvernement cubain, l’objectif des États-Unis de priver l’île de revenus économiques a « entraîné la détérioration dramatique des conditions de vie de la population cubaine ». Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a d’ailleurs exprimé sa préoccupation quant aux « des effets négatifs des sanctions extraterritoriales (des États-Unis d’Amérique) sur les droits humains » des 11 millions d’habitants de l’île.
« C’est une guerre économique qui est menée contre Cuba »
L’année dernière, 187 pays, soit la quasi-totalité des États membres de l’ONU, ont voté en faveur de la résolution A/78/L.5 de l’Assemblée générale qui demande de « lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d’Amérique ».
Le maintien de ce blocus – qui fragilise les droits humains fondamentaux, tels que le droit à l’alimentation, à la santé, à l’éducation et à la vie – « est contraire aux principes de l’égalité souveraine des États, de la non-intervention et de la non-ingérence, tels que consacrés par la Charte des Nations Unies » avait rappelé le porte-parole de l’Indonésie lors de la session de l’an dernier.
L’Assemblée générale a déjà exprimé à plusieurs occasions son « inquiétude » concernant l’application de mesures telles que la loi américaine « Helms-Burton » de 1996, qui légalise unilatéralement des mesures extraterritoriales portant atteinte à la souveraineté des États. Des agissements illégaux en vertu du droit international.
Malgré les appels répétés de la communauté internationale à la levée du blocus, les États-Unis continuent de défendre leur régime de sanctions unilatérales au nom de la « promotion de la démocratie ». Une stratégie qui a pour but de promouvoir le soulèvement de la population contre son gouvernement.
Après les 243 mesures édictées sous la présidence de Donald Trump dont l’interdiction aux États-Uniens de visiter l’île, la suppression des ferries et des vols, et le gel des visas, le mandat de Joe Biden n’aura pas conduit à un assouplissement des sanctions imposées à Cuba, malgré ses promesses de campagne.
Bien que la dénonciation du blocus américain à l’Assemblée générale de l’ONU soit quasi unanime chaque année, la demande de levée de l’embargo reste sans suite. L’année dernière, 187 États ont soutenu la demande de levée du blocus présentée par Cuba, face à seulement 2 oppositions : celles des États-Unis et d’Israël, soutenues par l’abstention de l’Ukraine. Le prochain vote doit se tenir entre le 24 et le 28 septembre prochain, lors de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.