Boxe : carnet de voyage de Sofiane Oumiha, en stage à Cuba avec l’équipe de France olympique

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Cette fois-ci ce ne sont pas les boxeurs cubains qui sont accueillis en France !
Le triple champion du monde et médaillé d’argent olympique a l’habitude de ces voyages au pays de la boxe qui précèdent les JO. Il vous raconte Cuba et ces moments qui soudent le collectif France.

Des Bleus au soleil mais dans le dur}

Foto : Roberto Morejón

C’est la quatrième ou cinquième fois que je me rends à Cuba. On est venu avant Rio 2016, avant Tokyo en 2021. On est à Varadero, alors que c’est La Havane d’habitude. Ici, c’est un cadre un peu plus touristique. Il y a la piscine, la mer très bleue. On est que sur la boxe. Il n’y a rien autour. On est dans l’hôtel et on ne peut pas sortir. A l’Insep, on peut avoir des distractions, on peut s’éparpiller. Ici, on ne connaît rien, il n’y a rien, on est focus sur nos échéances, entraînement matin et soir sous la chaleur tropicale. On a une petite salle mais parfois on s’entraîne sur le terrain de tennis qui est dehors, dans l’hôtel. Ce sont des conditions pour certains, on a l’habitude. C’est un peu à la dure. Ça va, on est bien ici. Ça solidifie le groupe encore plus. Oui on va un peu à la piscine mais on n’oublie jamais le point essentiel : pour certains, le dernier TQO (en mai à Bangkok) et d’autres les Jeux olympiques.

Le pays de la boxe

C’est très jovial, c’est un pays de boxe. Les Cubains savent que je fais de la boxe, que je suis champion du monde ou que Billal Bennama est vice-champion du monde. Ils savent le niveau que les Français peuvent avoir. Ils le reconnaissent et ils le respectent. C’est ce que j’aime dans ce pays, il y a une vraie reconnaissance de la valeur des boxeurs contrairement à ce qu’on peut avoir en France où on n’a pas cette culture de la boxe. On peut dire que c’est la terre de la boxe car ils remportent des médailles partout où ils vont, c’est le deuxième sport ici à Cuba derrière le baseball. C’est un peu comme le football en France. Les boxeurs sont très respectés et regardés par leurs résultats, c’est comme l’équipe de France de foot chez nous.

Des liens qui se renforcent

Ici on est dans le dur, ça nous permet de nous jauger face aux meilleurs boxeurs cubains. C’est idéal pour nous. Le groupe est plus soudé, ce n’est pas chacun dans sa chambre. Le soir on se retrouve, on va manger ensemble, à partir de là tu crées une vraie cohésion. Tous les soirs on se retrouve dans ma chambre. On fait des tirages au sort, des deux contre deux au jeu vidéo FIFA. C’est super drôle, ce sont de bons moments de convivialité, ce sont de moments où tu sors de l’esprit de boxe, de la compétition, ça permet de se retrouver. Certains du groupe ne sont pas encore qualifiés pour les JO. Il n’y a pas besoin de remuer le couteau dans la plaie. On a aussi connu ce stress de ne pas être encore qualifié. On sait le stress, la pression qu’il peut y avoir. On sait qu’ils vont faire le taff lors du dernier TQO.

Les entraînements et les combats avec les Cubains

On a fait des sparring ensemble, des assauts à thème ensemble. Ça nous permet à eux comme à nous de se jauger et de s’élever pour essayer de prendre l’ascendant. On n’est pas là pour se déchirer mais s’entraider, monter vers le haut, mais sur le ring lors de la rencontre, c’est autre chose. On a perdu tous les matches lors de la rencontre (Oumiha était blessé), sur le plan de l’expérience et ce qu’on était venu chercher on savait. Boxer chez eux, l’ambiance, ça te met en mode combat, c’est ça qu’on est venu chercher avant même le résultat. On sait que battre des Cubains à Cuba c’est très compliqué. On monte pour emmagasiner de la boxe, dans un esprit compétition, ça peut aider pour la suite. Après la rencontre il n’y a pas d’animosité, on a parlé ensemble même si on est susceptible de se rencontrer.

Propos recueillis par Morgan Maury