Créer des îlots de prospérité

Partager cet article facebook linkedin email

Tel est le projet du Groupe Tabacuba qui espère faire ainsi rayonner l’espoir que redresser l’économie est possible. Dans la province de Pinar del Río, Tabacuba vient de passer un contrat ‘gagnant-gagnant’ avec une ferme avicole récemment réhabilitée et automatisée grâce à son apport financier. Voici tous les détails.
P. H.
Permettez-moi d’ajouter un commentaire : la deuxième photo de l’article montre un élevage de poules pondeuses en batterie. Si les cubains sont indéniablement soucieux de l’environnement comme le montre l’autre article publié ce jour, l’urgence alimentaire les amène à produire ces protéines que sont les œufs d’une manière massive mais contradictoire avec le souci environnemental. Mais qui oserait les en blâmer ? Le débat reste ouvert...
GD

Lorsque les chaînes libèrent

Article de Yolanda Molina Pérez, 11 décembre 2024, Trabajadores, organe de la Centrale des Travailleurs de Cuba

Marialys Baute Hernández est titulaire d’une licence d’Economie, elle a 28 ans et elle est la mère d’un enfant de trois ans ; elle réside dans une communauté appelée Crucero de La Leña, dans le district populaire Pueblo Nuevo de la commune de Consolación del Sur. Au cours des derniers mois elle a vu son environnement familial se transformer.

Photo : Pedro Paredes Hernández

Et elle n’est pas la seule, 23 autres travailleurs de la ferme avicole “28 Janvier” partagent son vécu, qui est que l’augmentation de salaire, de 2 800 pesos à plus de 17 000, “vous change la vie et on peut acheter plus de choses, vivre mieux.”

Des chaînes pour le bien.

Grâce au contrat de production avec le Groupe Entrepreneurial Tabacuba, ils ont réussi à inverser leurs indicateurs économiques de pontes : de cinq œufs pour 100 poules, ils ont monté cet indicateur à 70, affirme Carlos Rodríguez Cabrera, chef du collectif de travailleurs.

L’installation est l’une des deux du pays qui disposent d’un système automatisé, ce qui permet de réguler la température du hangar et fait que les mangeoires se déplacent constamment en face des volailles. Son potentiel, avec un cheptel au moment le plus haut de sa production, est supérieur à 90.

Grâce à la mise en adéquation du régime alimentaire avec les paramètres requis, on a réussi à augmenter la production d’œufs malgré le vieillissement du cheptel.

Photo : Pedro Paredes Hernández

Cependant, le résultat mentionné est considéré comme très favorable, car au moment où l’accord a été signé, les volailles dépassaient déjà leurs 12 mois de vie, ce qui est la période où commence leur déclin, a précisé M. Rodríguez Cabrera.

Pour le remplacement du cheptel, Tabacuba est en phase de coordination d’un autre contrat, avec un centre spécialisé dans la reproduction.

La création du collectif leur ouvre la possibilité de faire une meilleure utilisation de la force de travail : à ce sujet, Mme Baute Hernández explique : “Ici nous sommes tous agents techniques de hangar, y compris l’administrateur, et même si nous remplissons d’autres fonctions, nous sommes en prise directe avec la production”.

A sein du collectif, il y a 11 femmes et l’âge moyen est de 47 ans.

La génèse.

Víctor Fidel Hernández Pérez, spécialiste de la représentation du Groupe producteur de tabac dans la province de Pinar del Río, explique que l’idée de départ était de réhabiliter une ancienne école rurale et de la transformer en ferme avicole, mais étant donné les capacités installées sur le territoire et les faibles disponibiltés d’aliments de l’Entreprise Avicole, ils ont opté pour ce contrat dans lequel ils assurent, eux, les aliments.

L’ automatisation de la ferme avicole ‘28 Janvier’ la place parmi les installations les plus efficientes du pays . Photo : Pedro Paredes Hernández.

Avec moins d’un semestre de fonctionnement, les bénéfices sont remarquables pour les deux parties, car ils ont eu un impact sur la réduction des coûts dans les cantines ouvrières du secteur du tabac et ils leur ont permis de mettre en vente des œufs, dans le cadre du soutien alimentaire qu’ils assurent à leurs travailleurs dans tout le pays.

Il précise qu’ils ont un indice de conversion de 170 grammes d’aliments par œuf.

Chez nous.

Marino Murillo Jorge, président du Groupe Entrepreneurial Tabacuba, précise que dans le schéma de financement, ils prévoient un budget de six millions de dollars pour l’alimentation, mais qu’ils n’ont pas d’assignation dans le bilan national : tout ce qui est consommé dans les cantines et ce qu’ils vendent aux travailleurs dans les centres qui n’en disposent pas, ils doivent l’acheter et bien souvent l’importer.

Grâce à ce contrat, le coût de l’œuf est réduit de moitié par rapport à ce qu’il en coûte de l’acquérir sur le marché international et on a relancé une ferme qui était sous-utilisée. Il précise que dans la fixation du prix on a tenu compte que du fait que près de 50 pour cent de la chaîne de valeur devrait revenir aux producteurs.

Ils y ont inclus, en outre, un bénéfice de 0,30 centavos par unité pour l’Entreprise qui assure le transport dans tout le pays. Il signale que tous ceux qui interviennent dans le processus en tirent bénéfice, ce qui est un principe de base pour ce type d’associations dans lesquelles les avantages économiques se doivent d’être équitables.

Renforcer ces liens est inscrit à l’agenda, mais “pas à toute force ni à n’importe quel prix car en économie, rien n’est offert.”

A dupliquer

Cette expérience de mettre du financement dans des centres de production nationale est une façon de revitaliser l’économie de manière graduelle, de réduire les importations et de créer des îlots de prospérité à partir desquels faire rayonner l’espoir que le redressement est possible.