« Cuba est une nation de paix »

Allocution de Bruno Rodríguez Parrilla à l’ONU

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Après un message de solidarité avec le peuple palestinien martyrisé à Gaza, et la dénonciation des « inégalités colossales » qui freinent le développement durable sur notre planète, Bruno Rodríguez Parrilla, Ministre cubain des Affaires étrangères, a rappelé le rejet par Cuba des menaces d’agression envers le Venezuela, le Nicaragua ou la Bolivie.
Il a affirmé qu’en tant que membre des Brics, Cuba était solidaire avec d’autres pays agressés par des mesures coercitives (Porto Rico, Colombie, Zimbabwe, Haïti…) Il a enfin réaffirmé , après M. Diaz-Canel en juillet 2025 , « (Les Cubains ne sont pas) un accident de l’histoire. Nous sommes la conséquence logique d’une histoire de résistance et de rébellion contre les abus et l’injustice »

Vous pourrez lire ici de très larges extraits de l’allocution du Ministre cubain des Affaires étrangères, lors du débat général de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unie, à New York, le 27 septembre 2025.
DL

(…)
Aspirons à une nouvelle coexistence civilisée, où la solidarité, la coopération internationale et le règlement pacifique des différends prévalent comme alternatives à la guerre, au recours à la force, à l’agression et à l’occupation ; une nouvelle coexistence opposée aux aspirations de domination et d’hégémonie unipolaires. Un ordre sans blocus ni mesures coercitives unilatérales, fondé sur le multilatéralisme et dans le plein respect de la Charte des Nations unies et du droit international.

Copie d’écran du site RadioCubana

Nous devons rejeter la proposition menaçante d’une nouvelle doctrine appelée « la paix par la force », qui revient à imposer la volonté arbitraire de l’impérialisme américain à tous par le biais de menaces, de coercition et d’agression. Il s’agit d’une doctrine conçue pour satisfaire les ambitions d’une puissance unipolaire en déclin, qui répond également aux intérêts des grandes sociétés transnationales, au détriment des droits des nations souveraines et de leurs peuples, et des valeurs sur lesquelles cette Organisation a été construite.

Dans la mer des Caraïbes, la menace d’une guerre plane aujourd’hui, avec un déploiement naval et aérien offensif extraordinaire, absolument injustifié, avec des missiles, des véhicules de débarquement et d’assaut et des sous-marins nucléaires. Des missiles balistiques à capacité nucléaire sont lancés à des fins d’essai. Les États-Unis utilisent le prétexte de la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue, une légende à laquelle personne ne croit.
L’attaque et la destruction de bateaux non identifiés sans destination connue, le meurtre ou l’exécution extrajudiciaire de civils, l’interception de bateaux de pêche et les actions agressives des États-Unis créent une situation dangereuse qui viole le droit international et menace la paix et la sécurité régionales.

(…)

La course accélérée aux armements entraîne une compétition dans le domaine de la mort et de la destruction, avec l’utilisation de ressources financières et matérielles extraordinaires qui pourraient être allouées à la réduction de la pauvreté, au développement et à la coopération. Pendant ce temps, les maigres objectifs de l’Agenda 2030 ne seront pas atteints ; les engagements en matière d’aide publique au développement sont ignorés et le financement de la lutte contre le changement climatique est réduit.

(…)

En plus des défis auxquels Cuba est confrontée en tant que petit État insulaire en développement, notre pays subit l’impact dévastateur et cumulatif de la politique d’hostilité et d’étouffement économique imposée par les États-Unis depuis plus de six décennies.

Le blocus contre Cuba persiste et devient de plus en plus strict. Il s’agit d’une guerre économique de grande envergure et prolongée, visant à priver les Cubains de leurs moyens de subsistance et de leur pérennité, de leur existence en tant que peuple solidaire, cultivé et joyeux.

Quiconque prétend le contraire ment délibérément. Les promoteurs mêmes de cette guerre se vantent de son impact destructeur et de sa capacité à porter atteinte au niveau de vie de toute une population, où qu’elle se trouve sur la planète. L’agression a atteint des niveaux sans précédent au cours des huit dernières années, notamment des actes de persécution et de pression économique contre des tiers, les États que vous représentez, de plus en plus élaborés, chirurgicaux et extraterritoriaux. Elle engendre des obstacles multiples et considérables à l’activité productive, commerciale et financière, ainsi qu’aux services et politiques qui garantissent la justice sociale et la vie elle-même.

Cuba est actuellement confrontée à une situation grave caractérisée par des coupures de courant prolongées et quotidiennes, des difficultés à se procurer de la nourriture, une disponibilité insuffisante des médicaments, des transports publics déprimés, des limitations des services communautaires et une forte inflation qui déprime les revenus réels.

En 1960, le secrétaire d’État adjoint Lester Mallory rédigea le tristement célèbre mémorandum de coercition et de blocus contre Cuba, qui a guidé et continue de guider la conduite du gouvernement américain pendant toutes ces années.
Il stipulait, et je cite : «  …tous les moyens possibles doivent être rapidement mis en œuvre pour affaiblir la vie économique de Cuba… une action qui… permettra de réaliser les plus grands progrès possibles en privant Cuba d’argent et de fournitures, en réduisant ses ressources financières et ses salaires réels, et en provoquant la faim, le désespoir et le renversement du gouvernement. »

(…) Cuba est victime du terrorisme, et pendant des décennies, elle a été victime du terrorisme d’État américain. Depuis des années, et encore aujourd’hui, des actes terroristes contre le pays sont organisés et financés depuis le territoire américain. Les auteurs avérés d’actes d’agression atroces contre le peuple cubain y vivent paisiblement et en toute impunité, causant des milliers de morts, des mutilations et d’importants dégâts matériels.

Logo ONU Source un.org

Conformément à ses responsabilités en matière de lutte contre le terrorisme et aux efforts déployés par l’ONU pour lutter contre ce fléau, le gouvernement cubain a officiellement communiqué ces dernières années au gouvernement des États-Unis les noms et informations de 62 individus et 20 organisations résidant dans ce pays, responsables d’actes violents et terroristes et qui, depuis ce territoire, continuent de participer à de tels actes contre Cuba. Aucune réponse n’a été reçue et on ignore si les autorités américaines ont pris des mesures à leur encontre.

Il est cynique que le gouvernement des États-Unis, à des fins de coercition politique et économique, qualifie Cuba d’État soutenant le terrorisme, une calomnie que cette Organisation, ni aucun de ses États membres, ne partage.

De nombreuses institutions nationales, bancaires, financières et commerciales, dans presque tous les pays représentés ici, font l’objet d’intimidations en raison de cette fausse classification par le gouvernement des États-Unis. De ce fait, leurs banques évitent souvent de collaborer avec des entités cubaines, de nous proposer des crédits, de soutenir notre activité commerciale ou de canaliser nos virements bancaires. À cela s’ajoute l’intimidation des citoyens de plus de 40 pays, que le gouvernement américain menace de représailles s’ils décident de se rendre à Cuba, conformément à leurs droits.

Les États-Unis ont lancé une virulente campagne de discrédit et de persécution contre la coopération médicale cubaine, ainsi que de harcèlement et de coercition contre les autorités des pays bénéficiaires. Cette stratégie est directement dirigée par le Département d’État. Elle cherche à dénigrer cette coopération, qui a sauvé des millions de vies et qui, dans de nombreux cas, a été la seule option pour de larges groupes de personnes pour accéder aux services de santé.

Source Illustration : Site cubaminrex.cu

Cette coopération altruiste et solidaire est fondée sur des accords bilatéraux absolument légitimes et est pleinement conforme aux normes internationales de coopération de cette organisation et d’autres organisations internationales. Je confirme, une fois de plus, que Cuba maintiendra ses engagements envers tous les pays avec lesquels elle a des accords et des programmes bilatéraux de coopération médicale, et qu’elle conservera sa disposition à les élargir encore davantage avec tous les gouvernements disposés à les développer, dans le respect du droit international et de sa législation nationale, pour le bien-être de leurs peuples.

Depuis 1963, (…), 605 000 médecins et spécialistes cubains ont pratiqué plus de 17 millions d’interventions chirurgicales et mis au monde plus de 5 millions d’enfants dans des dizaines de pays. Actuellement, plus de 24 000 professionnels de santé dispensent ou dispenseront des soins dans 56 pays.

L’agression contre Cuba est renforcée par une puissante machine de déstabilisation qui, depuis le territoire des États-Unis et financée par le budget fédéral des États-Unis, impose une offensive visant à perturber la paix publique, à promouvoir des actes de violence, à désorienter la population et à discréditer notre pays.
Il s’agit d’une stratégie de guerre non conventionnelle qui combine la manipulation émotionnelle et l’empoisonnement de l’information pour tenter d’imposer un climat de désespoir et de démobilisation politique.

Face à un tel assaut asymétrique, la détermination de notre peuple est renforcée. Nous sommes conscients des immenses défis auxquels nous sommes confrontés et de la nécessité de faire preuve de créativité et de soutenir tous les acteurs de la relance économique pour renforcer nos politiques sociales reconnues et efficaces.

« Nous ne sommes pas un accident de l’histoire. Nous sommes la conséquence logique d’une histoire de résistance et de rébellion contre les abus et l’injustice.  » M. Diaz-Canel juillet 2025

Source : Copie d’écran site RadioCubana

Nous ne relâcherons pas nos efforts pour construire nos rêves d’un pays socialiste meilleur et plus prospère pour tous, basé sur l’ordre constitutionnel librement choisi par notre peuple, qui garantit la souveraineté, l’identité nationale et culturelle, et reflète le rêve de l’apôtre José Martí, résumé dans ses aspirations mémorables, et je cite : «  le dévouement des Cubains à la pleine dignité de l’homme  » et « la réalisation de toute justice ».

Nous avons conçu un programme de relance économique réaliste, adapté aux conditions singulières et extraordinaires de notre pays, conscients de la nécessité de surmonter les effets dévastateurs du blocus, de surmonter les faiblesses inhérentes à la structure économique actuelle et, je cite, de « changer tout ce qui doit l’être ». Nous gardons de nous faire des illusions, mais les résultats commencent déjà à se faire sentir au niveau macroéconomique, même s’ils ne se reflètent pas encore dans la vie quotidienne ni dans les familles.

Cuba est une nation de paix.

Malgré tous les torts causés et continue de causer par les États-Unis, nous avons toujours été disposés à engager un dialogue inconditionnel et à chercher à progresser vers une relation respectueuse et civilisée avec ce pays, sans subordination ni limitation de nos prérogatives souveraines. Les deux peuples bénéficieraient de cette opportunité.

Un nombre considérable de Cubains vivent aux États-Unis. Nombre d’entre eux se sentent aujourd’hui menacés, ayant été trahis par des politiciens qui ont fait carrière, notamment à Miami, et se sont enrichis en prétendant les représenter. En semant constamment la haine et en usant de manipulation politique, ces politiciens soutiennent désormais opportunément les mesures xénophobes, racistes et répressives d’intimidation et de représailles injustement appliquées à leur encontre. Il ne faut pas oublier que la grande majorité des Cubains sont venus dans ce pays il y a plus de 60 ans, poussés par les conditions provoquées par le blocus et attirés par le privilège de lois et de pratiques politiquement motivées qui les encouragent, les accueillent et les protègent, qu’ils aient émigré légalement ou non.

(…)

Nous croyons fermement, sans utopie, qu’un monde meilleur est possible. Nous croyons au devoir de lutter et d’œuvrer pour y parvenir. Je réitère les paroles du président Raúl Castro Ruz, prononcées depuis cette tribune en septembre 2015, et je cite : «  La communauté internationale peut toujours compter sur la voix sincère de Cuba face à l’injustice, aux inégalités, au sous-développement, à la discrimination et à la manipulation, et pour l’établissement d’un ordre international plus juste et plus équitable, au cœur duquel se trouvent véritablement la personne humaine, sa dignité et son bien-être. »