Cuba et le défi des exportations
Publié par Granma le 28 août 2024
Auteur : Ronald Suárez Rivas
Traduction : Granma
On raconte que c’est sur le territoire cubain, en 1492, que l’expédition espagnole commandée par Christophe Colomb fit la découverte du tabac.
Les autochtones de l’Île donnèrent divers noms à ces mystérieuses feuilles qu’ils roulaient et allumaient, et qu’ils utilisaient dans leurs cérémonies pour entrer en contact avec les esprits.
La nouveauté atteindra bientôt ce que l’on appelle le « Vieux Monde » et, de là, continuera à se répandre pour faire du tabac cubain un produit de plus en plus convoité.
À tel point que, de nos jours, malgré la guerre économique que le pays a subie pendant des décennies de la part des États-Unis, sa demande s’est maintenue.
La célèbre anecdote du président des États-Unis John F. Kennedy, peu avant d’imposer le blocus économique, commercial et financier à l’Île en février 1962, témoigne de sa qualité inégalée.
Selon son propre attaché de presse, la veille de la signature du décret rendant illégale l’entrée de produits cubains sur le territoire de ce pays, le président le convoqua dans son bureau pour lui commander un millier de cigares de sa marque préférée, et ce n’est qu’après s’être assuré que la mission était accomplie qu’il signa le document.
Le docteur en sciences Nelson Rodriguez Lopez, directeur de la Station expérimentale du tabac de la municipalité de San Juan y Martinez, province de Pinar del Rio, expliquait à Granma il y a quelques années que l’exclusivité de cette culture est due à la combinaison de quatre facteurs essentiels : le climat, le sol, l’expérience des agriculteurs et les variétés plantées.
Si on utilisait nos semences n’importe où ailleurs, on n’obtiendrait pas le même résultat, avait alors averti ce scientifique. « Dans des conditions normales, il n’y a pas de tabac qui puisse surpasser le tabac cubain, où que ce soit. »
Forts de cet atout, des milliers de femmes et d’hommes entreprennent, année après année, leur récolte dans les plantations de toutes les régions du pays.
Le poids le plus important revient bien entendu à Pinar del Rio, un territoire où sont obtenus environ 70 % de la production totale et la majeure partie de la matière première utilisée pour l’exportation du torcido (tabac roulé).
Concrètement, cela représente plus de 350 millions de dollars pour l’économie cubaine. D’où la rigueur avec laquelle les vegueros (cultivateurs de tabac) de la région entreprennent une activité qui les distingue dans le monde entier.
D’autres produits de qualité destinés à l’exportation sont également obtenus à Pinar del Rio, province de l’extrême ouest du pays.
Il s’agit de produits traditionnels comme le charbon de bois et le miel, de productions plus récentes comme la résine de pin et le piment, et d’autres provenant non pas de la terre mais de la mer.
C’est le cas de la langouste, dont la qualité, régulièrement certifiée par les inspecteurs de l’Union européenne, fait de La Coloma, dans le sud de la province, la première entreprise de pêche du pays et l’une des plus importantes d’Amérique latine.
En 2023, cette entreprise a contribué à hauteur de 22 millions de dollars à l’économie cubaine, et un chiffre similaire est prévu pour 2024.
POUR CUBA
Forte d’une tradition séculaire basée sur la production de sucre, la province de Villa Clara enregistre en 2024 une croissance de 10,8 % de sa production destinée à l’exportation, par rapport à l’année précédente.
Un portefeuille large et varié distingue cet important territoire du centre du pays, qui dispose de 115 biens et 32 services, allant du sucre organique au chlore liquide.
Considérée comme l’une des provinces les plus industrialisées de Cuba, cette région est également une enclave scientifique importante, avec comme épicentre est l’Université centrale « Marta Abreu ».
En fait, cette région progresse également dans le positionnement des services professionnels de son université dans différentes parties du monde, tandis que les produits obtenus dans les centres rattachés à l’institution, tels que le vitrofural, du Centre des produits chimiques bioactifs (cbq) et les vitroplants, de l’Institut de biotechnologie végétale (ibp), sont déjà implantés sur ses marchés.
Le travail réalisé par la Révolution, sous la conduite de Fidel - dès les premières années après le triomphe le Commandant en chef avait alors souligné que l’avenir de notre pays devait être nécessairement un avenir d’hommes de sciences et de pensée -, dans tout le pays, ainsi que les productions typiques d’un territoire tropical et agricole, se distinguent aujourd’hui celles qui sont liées à son riche et précieux capital humain.
Dans la province de Santiago de Cuba, par exemple, outre les 394 tonnes de jus de fruits, de pulpe et de confitures expédiées à l’étranger par l’Entreprise mixte Tropical Contramestre, ainsi que les rhums, le bois, le miel, le café et le cacao, il existe une large gamme de produits provenant du Laboratoire Pharmaceutique Oriente. Par ailleurs, dans les domaines qui existaient déjà, des travaux sont en cours pour apporter une valeur ajoutée basée sur la science.
Un exemple en est l’Entreprise mixte BioCubaCafé dans la municipalité Tercer Frente, qui garantit l’authenticité d’un produit biologique (le premier café à obtenir ce statut dans le pays), ce qui confère une valeur accrue au secteur, avec plus de 90 mesures de résultats technico-productifs, économiques et sociaux.
Néanmoins, les spécialistes s’accordent à affirmer que, dans de nombreux secteurs, il est possible de faire mieux en matière d’exportations.
Par conséquent, en plus d’ajouter de nouveaux produits à la liste des fonds exportables du pays, il faut trouver des formules pour soutenir et même ajouter de la valeur à ceux qui sont déjà consolidés.
Il s’agit d’une question essentielle, qui requiert une synergie entre savoir, créativité et une volonté d’entreprendre de nouvelles initiatives et de chercher des alternatives aux difficultés qui peuvent se présenter.
Pour les Cubains, il n’y a pas d’autre voie. Le président Miguel Diaz-Canel nous l’a souligné à plusieurs reprises : « Pour construire un pays plus prospère et plus durable, les exportations constituent une priorité. » •