Las Tunas pourrait-elle devenir la capitale des énergies renouvelables à Cuba ?

Par Leydis María Labrador Herrera

À La Herradura, deux parcs éoliens, qui contribueront au réseau national, sont en cours de construction. Photo : site web du gouvernement de Las Tunas.

La migration d’une partie importante de notre matrice énergétique vers des sources renouvelables est un effort auquel Cuba ne renonce pas, en dépit des limitations contre lesquelles elle se débat constamment.

Cela impliquerait logiquement un impact environnemental important, du fait de la réduction de la consommation de combustibles fossiles et, dans le même temps, cela aurait un grand impact économique, avec la réduction des importations de ces combustibles.

La province de Las Tunas est l’une des provinces qui présente un potentiel notable pour réaliser cet objectif. Les projets mis en œuvre sur le « balcon oriental » du pays visent à couvrir entièrement la demande locale, tout en contribuant au Système Électrique National.

À cet égard, Granma s’est entretenu avec Carlos Areas Sobrino, directeur de l’Entreprise d’Électricité Provinciale, qui a mis en avant les objectifs ambitieux qui existent à cet égard.

LES BIENFAITS DU SOLEIL

Sans aucun doute, l’adage selon lequel Cuba est un éternel été est, en matière de sources renouvelables, bien plus qu’un slogan. L’incidence de la lumière solaire intense tout au long de l’année fait que l’énergie photovoltaïque restera toujours un investissement viable, en raison de son caractère inépuisable.

Actuellement, à Las Tunas, il y a une capacité installée de 11 mégawatts (mw) par rapport à cette source, mais les perspectives indiquent une croissance significative, selon le responsable.

« Dans le cadre du programme des sources renouvelables, la construction de deux nouveaux parcs solaires est en cours, grâce à un don de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Ce n’est qu’à Las Tunas, dans la municipalité de Puerto Padre plus précisément ; ils portent le nom de La Vista et La Linea.

«  Les travaux sont en cours sur ces deux parcs, bien qu’il y ait eu des problèmes avec le ciment et l’acier, qui se sont améliorés au mois d’août.

Nous avons prévu d’accélérer leur exécution, de sorte que, une fois la négociation de la partie technologique achevée, tout soit tout prêt pour l’installation. À eux deux, ils fourniraient 7,5 mw, ce qui, ajouté aux 11 mw de capacité installée pour la production photovoltaïque dont nous disposons actuellement, porterait le total de la province à 18,5 mw. »

Toutefois, d’autres projets sont prévus, avec pour objectif d’atteindre une capacité totale installée de 70 mw pour la seule énergie solaire photovoltaïque.

«  Dans le plan de préparation, nous disposons déjà de 12 zones attribuées à l’entreprise, y compris toutes les études d’interconnexion aux réseaux électriques, pour 12 parcs supplémentaires. Plusieurs d’entre eux ont été planifiés avec le concours d’investissements étrangers. En fait, des investisseurs potentiels sont déjà venus et nous attendons leur décision. »

Il convient également de noter que l’énergie solaire est devenue une solution envisageable pour l’électrification des maisons isolées dans des zones où il est très difficile de se raccorder aux circuits traditionnels. Cela en dit long sur le contenu profondément social de l’ensemble des travaux menés par le pays, a précisé Areas Sobrino.

« Il existe également un programme pour l’installation de systèmes photovoltaïques domestiques autonomes. Cela répond au fait qu’une étude menée dans toutes les communes, fin 2021, a révélé qu’il y avait eu une augmentation de 102 maisons sans électricité dans des zones difficiles d’accès.
« Nous travaillons donc à installer un service électrique à certaines d’entre elles et au remplacement des panneaux endommagés dans d’autres. Nous avons l’intention de terminer au cours du premier trimestre de l’année », a-t-il ajouté.

LES VENTS AUSSI APPORTENT DU BIEN-ÊTRE

L’énergie éolienne est un autre des piliers que nous pouvons exploiter, et dans lequel cette région à l’est du pays a également une voie à explorer.

Il y a quelque temps, nous avons parlé dans ce journal du projet des parcs éoliens Herradura I et Herradura II, de technologie chinoise, qui cherchaient à exploiter cette source renouvelable.

S’il est vrai que la rigueur de ces dernières années a empêché le projet d’avancer au rythme souhaité par le pays, les travaux ne se sont pas arrêtés pour autant, comme l’a expliqué le directeur de la Société d’Électricité de Las Tunas.

« Le parc Herradura I ne s’est arrêté à aucun moment. Avec l’aide des entreprises de construction et de l’Union Électrique, l’exécution s’est poursuivie, si bien que l’on peut dire qu’il y a un progrès significatif dans les travaux civils.

Dans le cas de Herradura II, il s’agit d’un investissement important, avec des générateurs de 2,5 mw de puissance, pour un total de 50 mw. Cet investissement est au point mort, mais nous aspirons à le reprendre, c’est la volonté du pays. »

Cependant, cette zone côtière présente d’autres projections tout aussi importantes pour la valorisation de son potentiel en matière d’énergie éolienne, comme l’a souligné le directeur.

« À proximité, le projet Herradura III est en cours de préparation, avec une zone potentielle à installer d’environ 30 mw, qui se trouve à un point d’actions coordonnées, car il n’a pas encore été attribué. Un processus de mesure du vent est actuellement en cours, une étude qui prendra entre dix et douze mois pour définir et approuver l’investissement.

Il s’agit d’un projet beaucoup plus important, dont l’étude est d’environ 120 mw, avec des moteurs d’éoliennes très puissants. Il a déjà été attribué à une entreprise espagnole et une société à capitaux entièrement étrangers a été créée à Cuba pour réaliser le projet. Depuis cinq mois, la tour de mesure y est installée, à une hauteur de 100 mètres, qui prend les mesures nécessaires. L’objectif de cette zone est de construire un projet hybride, également avec de l’énergie solaire, dit-il.

Tout cela montre non seulement l’énorme potentiel de la province en matière de sources d’énergie renouvelables, mais aussi qu’il existe une volonté de les exploiter. Ce n’est pas pour rien que certains experts en la matière ont qualifié Las Tunas de possible capitale des énergies renouvelables à Cuba.