Dans le ventre de la bête

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Les 16 et 17 novembre dernier s’est déroulée, à l’intérieur du Parlement Européen, une conférence internationale intitulée « Laissez Cuba vivre : Finissez-en avec le blocus ».

Elle était organisée par le Groupe de la Gauche au Parlement Européen à laquelle assistaient de nombreuses délégations européennes d’organisations luttant contre le blocus imposé par les USA à Cuba.

Cuba Coopération France était représentée par Victor Fernandez et Miguel Quintero.

La rencontre et les ateliers

Devant une salle comble, les organisateurs ont souhaité la bienvenue aux participants.

Un premier atelier, modéré par Sandra Pereira, vice-présidente d’EUROLAT (organe transnational de 150 parlementaires d’Europe et d’Amérique Latine) abordait la question du renforcement du blocus et de son impact sur la population cubaine. Les personnalités suivantes sont intervenues :

  • Félix Martínez Suárez, député cubain, président de la Commission Economique de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire.
  • Enrique Alemán Gutiérrez, député cubain, universitaire et personnalité religieuse.
  • Manu Pineda, député européen, vice-président du Groupe informel d’Amitié et de Solidarité avec le Peuple de Cuba au Parlement Européen.
    De gauche à droite : Felix Martínez, Sandra Pereira, Manu Pineda et Enrique Alemán

    Après que les députés cubains aient exposé les dégâts quotidiens causés par l’attitude des USA, Manu Pineda a rappelé que le blocus n’est pas un slogan, ni un embargo. Ce n’est pas non plus un problème bilatéral. Le blocus constitue une mesure criminelle qui affecte les Cubains de la naissance à la mort, depuis qu’ils se lèvent le matin jusqu’au moment du coucher, c’est-à-dire dans tous les aspects de leur vie.

Le thème du second atelier, modéré par Leïla Chaibi, membre de la DLAT (Délégation à l’Assemblée Parlementaire Euro-latino-américaine) concernait les effets extraterritoriaux du blocus après l’activation des Titres III et IV de la Loi Helms-Burton et les actions de l’Union Européenne pour y faire face. Nous avons pu entendre les interventions de :

  • Wim Leysens, président de la Coordination contre le Blocus de Cuba en Belgique.
  • Elizabeth Valdés-Miranda Fernández, juriste et universitaire cubaine
  • Yaira Jiménez Roig, ambassadrice de Cuba en Belgique et devant l’Union Européenne
    De gauche à droite : Yaira Jiménez, Leïla Chaibi, Elizabeth Valdés-Miranda et Wim Leysens

Il a été rappelé que les sanctions découlant des lois extraterritoriales étasuniennes, ainsi que ces mêmes lois, sont illégales en regard du droit international. Face à cette situation, l’attitude de l’Union Européenne n’est pas conforme à ses propres préceptes car elle ne se donne pas les moyens de défendre ses entreprises et ses banques menacées par les USA.
Il en fut donné pour preuve l’abandon de la plainte déposée par l’Union à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 1998 contre la suspension de l’application des Titres III et IV de la Loi Helms-Burton. Ces titres ont été réactivés par Trump sans que l’UE ne dépose une nouvelle plainte.

Lors des interventions de la salle, nous avons pu exposer notre projet de pétition européenne. L’aspect concret de notre proposition a reçu un accueil favorable de la part des responsables cubains présents.

Victor Fernandez et Miguel Quintero lors de la présentation de notre pétition

Nous avons aussi pu prendre plusieurs contacts avec des représentants d’autres organisations européennes et des députés du groupe qui nous accueillait.

La matinée du 17 était consacrée à la visite des institutions européennes

Un guide doté d’un humour dévastateur nous a expliqué comment fonctionnait l’animal auquel nous allons nous adresser pour présenter une pétition demandant que l’Union prenne ses responsabilités.

L’élection des membres du Parlement Européen se fait théoriquement à la proportionnelle mais chaque pays ne l’applique pas de la même façon. Ainsi la France, au contraire de plusieurs pays, applique un seuil de 5 % qui revient à exclure près de 20 % des résultats. D’autre part, les pays les moins peuplés sont surreprésentés par rapport à l’Allemagne ou la France. Enfin, les députés n’ont pas le droit de présenter des projets de lois comme c’est le cas dans notre pays.

Il y a aussi trois autres institutions dont les membres ne sont pas élus mais qui jouent un rôle essentiel :
Le Conseil Européen qui réunit les chefs d’État ou de gouvernement et qui définit les orientations et priorités générales de l’Union.
Le Conseil de l’Union Européenne qui réunit les ministres de chaque pays pour adopter les législations et coordonner les politiques.
La fameuse Commission Européenne, principal organe exécutif de l’Union, qui présente les propositions législatives qui seront examinées par le Parlement. Les membres de la Commission sont désignés par les chefs d’État et approuvés par le Parlement Européen.

Comme on le voit, les règles bizarres que l’on nous présente comme « venant de Bruxelles » et assez éloignées de nos réalités, sont en fait décidées par nos propres dirigeants et l’ensemble de ces institutions forme un système bien cadenassé, peu conforme aux idéaux démocratiques proclamés un peu partout dans ces bâtiments.

Le Pen (père) avait comparé le Parlement Européen à un moulin à vent. Avec la bedaine, il n’avait en commun avec Sancho Panza que de voir des moulins à vents là où Don Quichotte distinguait des géants menaçants.

Nous autres, modernes Don Quichotte, allons nous adresser à ces géants avec en tête les paroles de Fidel : « Don Quichotte signifie un peu ce que nous avons tous été, ce que nous avons été en tant que peuple, et l’idée d’être des Don Quichotte nous émeut et nous remplit d’orgueil ».