De l’eau pour Guantánamo

Partager cet article facebook linkedin email

Guantánamo n’est pas qu’une prison extrajudiciaire US, située sur la base navale éponyme qui barre depuis 1903 l’entrée de la baie à l’est et à l’ouest, en occupant illégalement 117 km2 (pour lesquels les USA envoient depuis 1959 un modeste loyer, jamais encaissé). Guantánamo, c’est la province la plus orientale de l’Île, 514 000 habitants, très bien arrosée sur le versant nord du massif Sagua-Baracoa, mais très déficitaire en eau sur le versant sud. C’est pourquoi le Gouvernement poursuit, malgré les difficultés, les aménagements hydrauliques nécessaires à l’alimentation en eau pour cette « guajira guantanamera » (paysanne de Guantánamo), célébrée par la chanson, et ses compatriotes.
P. Hébert

Le Canal Nord-Sud : et pourtant, il avance.

Par Jorge Luis Merencio Cautín
Publié dans Venceremos, Quotidien numérique de Guantanamo, le 29 janvier 2023

« Et pourtant, elle tourne », la phrase attribuée à Galilée […] pourrait être reprise pour exposer la progression des travaux du Canal Nord-Sud, mégaprojet hydraulique destiné à transvaser de l’eau, par gravité, depuis les fleuves Toa et Yateras jusqu’à la vallée de Guantánamo.

Le fait est que, malgré les limitations dans les approvisionnements en ciment, agrégats, combustible, lubrifiant et équipement, la réalisation de ce chantier colossal avance. Cet avis est corroboré par ce qui a été réalisé à ce jour et il est partagé par le maître d’œuvre et le constructeur : respectivement l’Unité Entrepreneuriale de Base « Nord-Sud Canal » et l’Unité de Base « Construction des Chantiers Canaux ».

Commencé en 2020, en plein pic de Covid-19, grâce à une avant-garde de travailleurs, et par conséquent, avec une activité limitée, le chantier a terminé 2022 avec le montage et les essais de la centrale à béton. Cette centrale est d’une importance capitale pour garantir les gros volumes de béton exigés pour les fondations, pour le revêtement des talus des portes d’entrée et de sortie des tunnels et pour celui de leurs galeries, entre autres.

Mise en place du sol de la porte d’entrée du premier tunnel. Photo : Jorge Luis Merencio Cautín

Bien qu’ayant réussi l’examen de production, il reste à cette centrale, avec une capacité de production de 400 m3 de béton à l’heure, à terminer le hangar pour le stockage des différentes sortes d’agrégats, le mur de protection des trémies et la rampe d’accès, où les camions viendront charger, indique Orlando Hernández Carralero, directeur de l’Unité de Base Construction des Chantiers Canaux […]

Centrale à béton. Photo : Jorge Luis Merencio Cautín

Le canal Nord-Sud sera constitué, comme éléments principaux de l’infrastructure, par le barrage de Yateras (il retiendra l’eau de la rivière du même nom dans le secteur du Corojo, dans la commune de Manuel Tames), par cinq dérivations (retenues d’eau qui dévient de son cours naturel tout ou partie du flux d’une rivière), par quatre petites centrales hydroélectriques (PCHE), par 53 kilomètres de canaux principaux, par 16 kilomètres de tunnels et par 6,5 de conduites principales.

Plan tiré de Granma ( 28/03/2008)

Le projet, sans équivalent sur le territoire par la complexité de sa construction, est prévu pour être réalisé en quatre étapes de cinq années chacune. Son objectif est de garantir une eau de qualité et une alimentation sûre à plus de 290 000 habitants, à de nombreuses installations économico-sociales et à l’irrigation de quelque 28 000 hectares de terres agricoles et de plantations de canne à sucre, pour lesquelles on utilisera aussi l’infrastructure hydraulique existante sur les fleuves Guaso, Jaibo et Guantánamo.

Des habitants de la ville chef-lieu de la province ainsi que des villages et des communautés de Manuel Tames, Ciro Frías, Héctor Infante, Honduras, Jamaica, Casimba, El Sigual et d’autres se trouvent parmi ceux qui auront droit à une eau qualitativement supérieure et avec une plus grande stabilité.

L’aqueduc en cours de réalisation pour alimenter en eau les villages de Manuel Tames, Romelié et les communautés voisines constitue un ouvrage induit du canal, affirme Antonio Pineda Gamboa, spécialiste de la Construction et directeur de l’Unité Entrepreneuriale de Base « Nord-Sud Canal ».

Le canal en question prend l’eau du fleuve Yateras et il est constitué, comme éléments principaux du chantier, par le conduit, par deux stations de pompage et par un réservoir situé à Caña Victoria.

Ses bénéfices socio-économiques seront notables. Il suffit de mentionner la garantie pour des milliers d’habitants d’une eau de meilleure qualité et d’une alimentation stable, ainsi que les importants investissements prévus pour l’Agriculture et pour Azcuba, destinés à augmenter leurs productions.

D’après les calculs, le canal apportera annuellement 230 millions de mètres cubes d’eau, favorisera l’aquaculture avec l’élevage de poissons derrière ses digues, économisera des milliers de tonnes de combustible grâce à la génération électrique de ses petites centrales hydroélectriques (PCHE). Il permettra également de cesser d’émettre dans l’atmosphère des milliers de tonnes de CO2 et, comme si cela ne suffisait pas, il génèrera 27 000 emplois. Dans sa conception générale, ce gigantesque projet hydraulique englobe le Canal Sabanalamar-Pozo Azul, en exploitation depuis 12 ans dans la vallée de Caujerí.