Décès de Pablo Milanes

Auteur compositeur-interprète cubain

Partager cet article facebook linkedin email

L’auteur-compositeur-interprète cubain Pablo Milanés est décédé à l’âge de 77 ans à Madrid. L’artiste était l’une des voix les plus reconnues de la chanson. Auteur-compositeur-interprète fondateur du groupe d’expérimentation sonore ICAIC et du mouvement Nueva Trova avec Silvio Rodríguez et Noel Nicola.

Pablo Milanés
Photo Prensa Latina

Le Bureau Artistique de Pablo l’a annoncé ainsi sur ses réseaux sociaux :
Avec beaucoup de douleur et de tristesse, nous avons le regret de vous informer que le professeur Pablo Milanés est décédé ce matin du 22 novembre à Madrid.
Nous apprécions profondément toutes les expressions d’affection et de soutien, à toute sa famille et ses amis, en ces temps difficiles.
Qu’il repose dans l’amour et la paix qu’il a toujours transmis. Il restera à jamais dans notre mémoire.

Le 13 novembre, Pablo Milanés a été hospitalisé à Madrid, où il vivait depuis 2017 et recevait des soins médicaux pour la maladie oncohématologique dont il souffrait il y a quelques années et qui s’est aggravée ces derniers mois.Sa dernière représentation à La Havane a eu lieu lors d’ un concert à la Ciudad Deportiva , au cours duquel des centaines de Cubains ont partagé des fragments de plusieurs des chansons qu’il a choisies pour cette nuit-là.
Début et fin d’un matin vert, Tu vois, je ne te demande pas ou Vivre font partie de l’œuvre de Pablo qui a transcendé les époques et les frontières.
Le Premier ministre cubain regrette la mort de Pablo Milanés

Il est à noter l’intérêt de beaucoup de gens hors Cuba pour ce chanteur. Notre ami Roger Grevoul m’a adressé la traduction qu’il venait de faire d’une chanson de Pablo Milanes qu’il aimait particulièrement :
Je foulerai à nouveau les rues
de ce qui était autrefois le sang de Santiago,
et dans une belle place libérée
Je m’arrêterai pour pleurer les absents.
Je viendrai du désert brûlant
et je sortirai des forêts et des lacs,
et j’évoquerai sur une colline de Santiago
mes frères qui sont morts avant.
Je serai uni à ceux qui ont fait beaucoup et peu.
à celui qui veut une patrie libérée
Je tirerai les premières balles
plus tôt que tard, sans repos.
Les livres reviendront, les chansons
que les mains meurtrières ont brûlées.
Mon peuple renaîtra de sa ruine.
et les traîtres paieront pour leur culpabilité.
Un enfant jouera dans une peupleraie.
et chantera avec ses nouveaux amis,
et ce chant sera le chant de la terre
à une vie fauchée à La Moneda.
Je foulerai à nouveau les rues
de ce qui était autrefois le sang de Santiago,
et dans une belle place libérée
Je m’arrêterai pour pleurer les absents.
Pour l’entendre : c’est ici

Notons l’intérêt de la presse internationale pour ce chanteur cubain comme à travers cet article du 21 Novembre signé Le Monde et l’AFP

Pablo Milanés, figure emblématique de la musique cubaine, est mort
Le chanteur était l’un des représentants de la « nueva trova », ce genre musical fondé sur des textes poétiques et engagés surgi dans la foulée de la révolution cubaine de 1959. Il est mort à Madrid à l’âge de 79 ans. Le chanteur et compositeur cubain Pablo Milanés est mort, mardi 22 novembre, à l’âge de 79 ans, à Madrid, où il était hospitalisé depuis plusieurs jours.« C’est avec beaucoup de douleur et de tristesse que nous avons le regret de vous informer que le maître Pablo Milanés est mort ce matin du 22 novembre à Madrid », a écrit son agence sur la page Facebook officielle du chanteur.

« La culture cubaine est en deuil après le décès » de Pablo Milanés, a tweeté le premier ministre cubain, Manuel Marrero Cruz. A l’annonce de la mort du chanteur, les réseaux sociaux à Cuba ont été inondés de messages en son hommage et de soutien à sa famille, agrémentés de photos et de vidéos de l’artiste.
Pablo Milanés avait été récemment hospitalisé à Madrid. Il souffrait depuis plusieurs années d’une « maladie oncohématologique » qui l’avait obligé à s’installer en 2017 dans la capitale espagnole pour « recevoir un traitement qui n’existait pas dans son pays », avait fait savoir son agence artistique le 11 novembre, précisant alors que son état était « stable ». Il avait annulé des concerts prévus en Espagne et en République dominicaine.

Un soutien de la révolution de Castro, avant de s’en éloigner
Né le 24 février 1943 à Bayamo, dans l’est de Cuba, Pablo Milanés avait commencé sa carrière dans les années 1960. D’abord adepte du genre « feeling », un style musical aux thématiques romantiques influencé par le jazz nord-américain, le jeune chanteur se tourne ensuite vers la chanson à texte.Il rejoint Silvio Rodriguez dans les débuts de la « nueva trova », ce genre musical fondé sur des textes poétiques et engagés surgi dans la foulée de la révolution cubaine de 1959 et du mouvement mondial de la « folk-music ».
Il avait soutenu la révolution de Fidel Castro à ses débuts, avant de s’en éloigner. Après les manifestations historiques de juillet 2021 à Cuba, où des milliers de personnes étaient descendues dans les rues aux cris de « Nous avons faim », « Liberté » et « A bas la dictature », Pablo Milanés avait vivement critiqué le gouvernement. « Il est irresponsable et absurde de blâmer et de réprimer un peuple qui a fait des sacrifices et tout donné pendant des décennies pour soutenir un régime qui, finalement, ne fait que l’emprisonner », avait-il déploré.

Un récital au goût d’adieu à La Havane
Pablo Milanés a enregistré des dizaines d’albums, créé des musiques de films et mis de nombreux poèmes en musique. Ce grand admirateur du compositeur français Michel Legrand (1932-2019) – il racontait avoir vu une quinzaine de fois le film Les Parapluies de Cherbourg (1964) – avait reçu deux Grammys latinos : en 2006 (meilleur album) et en 2015 (Prix d’excellence musicale).