Décès du Chef Eddy Fernández, un maître de la gastronomie cubaine

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Eddy Fernández est décédé le 27 mars dernier. Il présidait depuis plus de 20 ans la Fédération des associations culinaires de Cuba. Il était également président de l’antenne de Cuba de l’Association culinaire de France.
Notre amie Marie-Christine Delacroix le connaissait et l’avait encore rencontré peu de temps auparavant.
Elle lui rend hommage par l’article ci-dessous qui retrace sa vie et son engagement pour Cuba.
PL

Le Chef Eddy Fernández, président fondateur de la Fédération des associations culinaires de Cuba, est décédé le 27 mars dernier. Eddy était né en 1962 et avait commencé ses études à la fin des années 70 à l’école de l’hôtellerie et du tourisme. Il a gravi peu à peu les échelons, travaillant entre autres dans les cuisines de l’hôtel Habana Libre. Il avait su s’attirer les respect de tous par son engagement, sa gentillesse contagieuse et sa simplicité.

Le groupe Excelencias Cuba souligne qu’il a contribué à la « formation de générations de cuisiniers et a défendu une cuisine métissée, vibrante et enracinée dans la culture cubaine ». C’est notamment grâce à sa ténacité que la cuisine créole a été reconnue patrimoine culturel de la nation.
Il le justifiait en 2019 dans une entrevue à Oncubanews par le fait que « la cuisine cubaine est le résultat d’une transculturation, d’un héritage reçu des Espagnols, des Aborigènes, des Africains mais aussi des Chinois, des Français, des Mexicains, d’autres peuples qui ont contribué à façonner notre tradition culinaire. C’est un mélange, on ne peut définir avec exactitude la part des uns ou des autres(...) ».

Il insistait également sur la dimension familiale. « C’est au sein des familles que se trouve le cœur de la cuisine cubaine. Dans chaque maison, dans chaque famille, il existe une version particulière de cette cuisine, avec ses recettes et ses variantes, qui contribuent toutes ensemble à l’identité culinaire du pays. C’est pourquoi nous ne défendons pas une recette ou un plat unique, qu’il s’agisse de manioc, de rôti de porc, de confiture de patate douce ou de haricots noirs, ni une façon unique de cuisiner, mais l’ensemble des connaissances et des traditions qui façonnent notre identité culinaire ».

Il avait pleinement conscience de la part de la gastronomie dans l’identité cubaine et, à ce titre, plaidait « pour que la cuisine cubaine soit proposée dans le plus grand nombre possible d’établissements touristiques et gastronomiques, pour qu’elle soit le signe distinctif de ces établissements. En fin de compte, les gens qui viennent à Cuba ne viennent pas chercher de la nourriture italienne, arabe ou chinoise, mais notre nourriture, tout comme ils ne viennent pas chercher à écouter et à danser sur de la musique d’autres pays, mais sur de la musique cubaine. C’est pourquoi notre cuisine doit être bien identifiée et promue, sans que cela signifie que nous négligions notre préparation de la cuisine internationale. Mais nous devons défendre la cuisine cubaine, la montrer à ceux qui nous rendent visite et être fiers de ce qu’elle représente ».

Conscients des difficultés d’approvisionnement, des prix élevés des denrées alimentaires et de leur répercussion sur l’alimentation de la population, il ajoutait, toujours dans cette interview de 2019, « malgré les pénuries et les difficultés que le pays a connues, la mémoire gastronomique ne s’est heureusement pas perdue. Certaines innovations ont été apportées par nécessité, certains ingrédients ont été changés, mais les habitudes et les traditions n’ont pas été perdues. Je ne nie pas que la situation économique ait un impact sur la cuisine, mais ce n’est pas toujours la pénurie qui est à l’origine de la non-réalisation de tel ou tel plat. Je crois qu’avec les produits dont nous disposons à Cuba, même les plus quotidiens, nous pouvons varier les façons de préparer et de présenter les plats. Parfois, nous disposons d’un produit et nous ne l’exploitons pas suffisamment ».

Eddy Fernández présidait depuis plus de 20 ans la Fédération des associations culinaires de Cuba. Entre autres reconnaissances internationales, il était Président de l’antenne de Cuba de l’Association culinaire de France. Il en était très fier lui qui avait fait plusieurs séjours dans notre pays et se reconnaissait modestement fin gourmet et grand amateur de la cuisine française.