Des Québécoises veulent stimuler le commerce entre le Québec et Cuba

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Malgré le blocus et les mesures prises par le Président Trump, profitant sans doute de la proximité et des bons rapports entre les deux pays, mais aussi de la qualité de leurs interlocutrices cubaines, ces femmes Québécoises ont décidé de se lancer et de profiter du potentiel de Cuba.

Julie Mazorra Fernandes, directrice de North World Industry, est à l’instigatrice du premier sommet des femmes d’affaires Cuba-Canada qui s’est déroulé en mars à Montréal. (Photo : courtoisie)

Malgré la crise économique qui la frappe de plein fouet, Cuba reste un marché d’exportation intéressant pour le Québec, surtout dans un contexte de diversification des marchés pour se sevrer des États-Unis, selon des femmes d’affaires d’ici.

« Il y a beaucoup de possibilités de faire des affaires à Cuba », estime Julie Mazorra Fernandes, directrice de North World Industry, une firme d’import-export de la région montréalaise qui est devenue le plus grand distributeur de véhicule chinois dans cette île des Caraïbes.

Cette dirigeante est à l’origine du premier sommet des femmes d’affaires Cuba-Canada qui s’est déroulé en mars à Montréal. Dans le cadre du 80e anniversaire des relations diplomatiques entre Cuba et le Canada, une délégation de 25 femmes d’affaires cubaines a visité la métropole pour rencontrer des entrepreneures québécoises et tâter le terrain pour des occasions d’affaires.

« On a tendance à sous-estimer le potentiel de Cuba », croit Ruth Vachon, la cheffe de la direction du Réseau des femmes d’affaires du Québec qui a appuyé la tenue de ce sommet. Elle s’envole d’ailleurs cette semaine à Cuba pour y rencontrer le ministre cubain du Commerce extérieur et de l’Investissement étranger, ainsi que des entreprises.

« Cela fait presque six mois qu’on prépare cette mission, mentionne-t-elle en entrevue. Avec tout ce qui se passe aux États-Unis, on trouve que cela tombe bien pour les femmes en affaires. On veut créer un réseau et identifier des partenaires pour des entrepreneures d’ici. »

Ruth Vachon croit que les entrepreneures québécoises peuvent miser sur les connexions entre femmes pour stimuler les échanges avec Cuba. L’ambassadeur de ce pays au Canada, Rodrigo Malmierca Diaz, souligne d’ailleurs qu’environ 42% des postes de gestion de haut niveau dans tous les secteurs d’activités sont occupés par des femmes à Cuba.

« On voudrait leur vendre l’idée de créer un réseau de femmes d’affaires, poursuit Ruth Vachon. On souhaite amener les Cubaines sur notre plateforme existante qui permet d’établir des relations professionnelles. Au Canada, on a créé 2000 maillages l’an dernier. »

Les trois P

Le Canada est un des partenaires commerciaux les plus importants de Cuba. Près d’un million de Canadiens ont visité l’île l’an dernier, soit le nombre de touristes étrangers le plus élevé dans ce pays.

Le gouvernement fédéral souligne que Cuba est le plus imposant marché d’exportation du Canada dans les Caraïbes et en Amérique centrale. Le Canada est également la deuxième source d’investissement direct de Cuba avec « d’importants investissements canadiens dans l’exploitation minière, l’électricité, le pétrole et le gaz, et certains investissements dans les énergies renouvelables, l’agriculture/l’équipement lourd et le tourisme », selon le site web du fédéral.

Ottawa souligne que 80% des biens sont importés dans cet État hispanophone.

« Les secteurs les plus intéressants à Cuba sont l’alimentation, la construction, le transport et le pharmaceutique », estime Julie Mazorra Fernandes qui a grandi dans le pays.

Le gouvernement fédéral met toutefois en garde les exportateurs, car il qualifie ce marché de « complexe », qui n’est pas recommandé aux débutants. « Les longs délais, les processus bureaucratiques et la garantie des paiements peuvent constituer des défis significatifs, peut-on lire sur le site Internet du fédéral. En outre, une crise chronique de liquidités rend difficile et risqué le fait de faire des affaires à Cuba. »

« Les “trois P” pour faire des affaires à Cuba sont : patience, persévérance et partenariat, ajoute-t-on. Une stratégie de diversification solide et des objectifs à long terme sont essentiels pour réussir. »

Plus de place pour le privé

Julie Mazorra Fernandes reconnaît que faire des affaires à Cuba est différent d’ailleurs, surtout en raison de l’omniprésence de l’État. Elle souligne cependant que les retards de paiement de la part du régime communiste cubain sont moins fréquents. « Le gouvernement cubain est ouvert à de nouvelles façons pour travailler, note-t-elle. Les partenaires privés prennent de plus en plus de place et ont les moyens de payer. »

Depuis 2021, Cuba autorise les PME à se fournir par l’intermédiaire d’importateurs appartenant à l’État. « Par rapport aux entreprises d’État, ces entreprises privées disposent d’une plus grande autonomie en ce qui concerne les produits et les fournisseurs auprès desquels elles s’approvisionnent », mentionne le gouvernement fédéral.

Ottawa déclare que la solidité des relations entre les deux pays et la disponibilité du financement sont des éléments qui favorisent les entreprises canadiennes à Cuba. « Les acheteurs cubains donnent souvent la priorité aux fournisseurs canadiens », peut-on lire sur son site web.

Julie Mazorra Fernandes encourage donc les entrepreneures québécoises à se lancer à l’assaut de Cuba comme elle l’a fait : « en plus des affaires qui grandissent pour North World Industry que je dirige, je possède personnellement trois garages à Cuba qui offrent des services post-ventes aux automobilistes ».