Du rêve à la réalité, il y a plus d’un pas
Un regard sur l’histoire de la cuisine

Cuisiner, d’accord ! Mais avec quoi ?
La cuisine cubaine est fortement enracinée dans son histoire multiethnique. Le riz, les haricots noirs, les tubercules comme le manioc ou la patate douce, la banane plantain en sont des éléments « fil rouge ». Si on peut considérer que la cuisine des ménages est une cuisine pauvre, encore faudrait-il s’entendre sur ce qualificatif, on compte sur l’île des chefs qui exercent leurs talents dans les luxueux hôtels avec des plats certes inspirés des traditions mais aussi avec imagination.
Malheureusement, comme partout ailleurs, les « gens de la rue » n’y ont pas accès.
A l’heure de l’inflation galopante, des pénuries d’aliments dont l’une des causes sont les conditions climatiques qui frappent l’île chaque année, il est curieux de trouver un article comme celui que nous vous proposons aujourd’hui. Comme pour faire oublier à la population ces situations dramatiques qu’ils vivent au quotidien : trouver de la nourriture, c’est faire dès l’aube des heures de queue sans être sûr de trouver de quoi alimenter la famille. Ceci dit et malgré l’aspect iconoclaste du propos, ce rappel historique n’est pas inintéressant, pour les cubains comme pour nous.
Souhaitons et continuons d’exiger la levée du blocus criminel que les Etats-Unis font subir à ce peuple pour que Cuba trouve le chemin de son développement.
GD

Cuisiner : survie, art et spectacle
Publié par Prensa Latina le 27 juillet 2024
La Havane, 27 juillet (Prensa Latina) Pendant des millénaires, c’était une question de survie et cela l’est toujours pour des millions de personnes dans le monde : avoir un morceau de pain à manger, rassembler quatre ou cinq aliments pour la cuisine.
Mais en même temps, dans cette ère post-moderne aux réalités parallèles de plus en plus disparates, cet acte basique et élémentaire est aussi devenu une question de créativité, d’esthétique et de sophistication.
Le langage témoigne très clairement de cette métamorphose : les cuisiniers sont désormais des « chefs », les recettes deviennent des « plats » composés de différentes « élaborations », les savoir-faire sont devenus des « techniques » et lorsque l’on parle du sujet, on trouve des synonymes tels que « gastronomie », « art culinaire », « l’art de la bonne chère », entre autres.
Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Selon les spécialistes, il s’agit d’un processus évolutif de plusieurs siècles dont les origines remontent à la Renaissance, période historique qui a ouvert la voie à la modernité par le biais de la connaissance et de la création.
C’est vers les 15e et 16e siècles que le sens du plaisir a commencé à entourer le monde culinaire. C’est-à-dire le plaisir des cuisiniers d’expérimenter les aliments, de rechercher de nouvelles saveurs, de poursuivre l’esthétique et de provoquer des sensations dans leurs plats ; et le plaisir des convives de s’asseoir à table pour, au-delà de la satisfaction d’un besoin physiologique, jouir d’une expérience globale.
Logiquement, cela se passait exclusivement dans les châteaux, les palais et les salons des familles riches, tandis que diverses sources indiquent que l’épicentre se trouvait dans la Florence de l’Italie de la Renaissance.
Puis vinrent les révolutions bourgeoises, le déclin des monarchies et de leurs privilèges et l’essor de sociétés industrialisées organisées autour de grandes villes. En peu de temps, les restaurants apparaissent et se multiplient et dès le XIXe siècle et le début du XXe siècle, le secteur acquiert un statut plus solide.
Vers 1900, le Guide Michelin est créé en France. Au départ, il s’agissait d’une sorte de manuel destiné à aider les voyageurs à trouver de bonnes adresses, mais au fil du temps, l’évaluation des lieux est devenue de plus en plus exquise. Aujourd’hui, grâce à un système sophistiqué d’attribution d’étoiles, il s’agit de l’évaluation la plus célèbre de la qualité des restaurants dans le monde.
Dans la seconde moitié du siècle dernier, la gastronomie a atteint un niveau de professionnalisation très élevé. De prestigieuses écoles de formation de chefs ont vu le jour ; la Nouvelle Cuisine est née en France dans les années 1970, une révolution dans le monde culinaire, et l’acceptation sociale de la gastronomie en tant que forme d’art a fortement augmenté.
Les gens ont commencé à prêter attention aux éléments distinctifs et aux valeurs intrinsèques des différentes traditions culinaires, qu’elles soient françaises, espagnoles ou italiennes, péruviennes, japonaises ou orientales.
L’utilisation de nouveaux ingrédients et l’application de nouvelles techniques sont devenues à la mode. Dans certains endroits, on commence à travailler comme dans un laboratoire. C’est le cas du célèbre El Bulli (Espagne), dirigé par Ferran et Albert Adriá, qui sont devenus les pères de la cuisine moléculaire.
L’étape suivante a été de passer au grand écran et de devenir un spectacle de masse. Il y a la cascade de films sur la gastronomie produits au cours des deux dernières décennies et les émissions de téléréalité populaires comme MasterChef ou TopChef, avec des éditions dans des dizaines de pays.
En d’autres termes, nous vivons une époque où la cuisine et l’alimentation occupent une place privilégiée dans le débat public. Certains se demandent s’il s’agit d’un art, d’autres se préoccupent d’évoluer vers des habitudes alimentaires de plus en plus saines sans renoncer au goût.
Il y a ceux qui discutent des moyens d’assurer l’accès à la nourriture et à une alimentation de qualité pour les huit milliards d’habitants de la planète, et il y a des milliers d’amateurs de cuisine qui se passionnent pour le défi de ravir les palais.
Je pense qu’il est bon que nos journées se déroulent ainsi. Après tout, il est plus facile de remettre le monde à l’endroit lorsque les familles, les amis et même les ennemis se réunissent autour d’une table.
(Extrait de la 4ème de couverture, supplément culturel d’Orbe)