Et si on reparlait des Brigades médicales ?

Retour sur 60 ans d’amour

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Nous avons souvent évoqué ces médecins cubains qui œuvrent à travers le monde. Une catastrophe, une épidémie, une mission spéciale, comme celles qui sont rappelées dans cet article et Cuba répond : Presente ! (Prononcer : "Préssènté  !") Souvenons-nous d’Haïti, terre déshéritée s’il en est. Qui furent les premiers sur place ? les Cubains ! et la proximité géographique n’explique pas tout. Souvenons-nous également de leur intervention « Covid » en Guadeloupe naguère, pourtant territoire français.
Notre façon à nous, à Cubacoop, de remercier ces équipes, c’est pour le moins de rappeler leur action à travers le monde et soixante années de solidarité active.
Cuba n’envoie pas d’armement ni de « saloperies biologiques » sur le monde. Pourtant, elle en reçu des dispersions de virus, fièvres, insectes dévoreurs de cultures et plantations. Cuba n’agresse aucun autre pays ni ne participe à des actions de domination et d’appropriation des ressources aussi démoniaques que les mensonges diffusés à longueur d’antenne pour justifier toutes « leurs » guerres.
Il est souvent reproché à l’Etat cubain de facturer ses prestations et de plus, « on » l’accuse d’exploiter honteusement ces personnels de santé (confiscation des rémunérations, des passeports…). Les pays qui fournissent des matières premières, des produits de consommation, des produits alimentaires, les vendent et personne ne trouve rien à redire ! C’est normal, c’est du commerce ! (On pourrait toutefois en discuter). Mais vendre du savoir, de la technicité, de la solidarité, ce serait honteux ?
A l’heure où Mesdames et Messieurs les Députés européens de droite proposent de voter une résolution pour faire cesser les accords de coopération entre Etats européens et Cuba, nous aimerions qu’ils s’expriment avec la plus grande dignité et le respect dû à ce pays. Mais la politique de nos dirigeants et dominants n’a que faire de la moindre humanité !
Que cet article, si besoin était, leur rafraîchisse la mémoire.
« Le sage montre les 11 300 milliards d’évasion fiscale à travers le monde, l’abruti regarde le RSA de son voisin (anonyme). »

GD

Cuba. Le baiser de la révolution cubaine au monde : les 60 années des Brigades Médicales.

Par Geraldina Colotti, publié par Resumen Latinoamericano, 24 mai 2023

Un couplet particulièrement significatif de la chanson "Letras", contenue dans l’album Valientes, résume le sens du discours prononcé il y a soixante ans à La Havane par Fidel pour annoncer le début de la coopération internationale dans le domaine de la santé, sous le slogan "Des médecins, pas des bombes". Les vers de la chanson sont les suivants : "Mais qu’est-ce que je fais ici/Aimer ce pays comme moi-même/Non, pas du tout/Pas d’héroïsme/Je suis venu donner un baiser au monde et c’est tout". Il n’y a pas d’héroïsme dans le partage, mais du respect pour les principes de base du socialisme, affirment les médecins cubains qui voyagent pour "donner un baiser au monde", au prix de leur vie.

Une orientation qui, pour Cuba, n’a jamais failli, renouvelée avec la présidence de Miguel Díaz-Canel et du Parti Communiste, malgré les multiples attaques subies dans le cadre du blocus meurtrier. À l’initiative du Commandant en Chef, dont la voix inoubliable accompagnait l’initiative de Rome depuis l’écran, la première mission médicale directe en Algérie a été lancée le 23 mai 1963, avec à sa tête José Ramón Machado Ventura. En 1960, à peine un an après le triomphe de la Révolution, il y avait eu un précédent, avec l’envoi d’un contingent médical et humanitaire au Chili après un tremblement de terre.

Aujourd’hui, il y a plus de 880 travailleurs de la santé cubains en Algérie, et de nombreux étudiants algériens sont formés dans les universités de sciences médicales de l’Île, dans un échange de solidarité qui oriente la collaboration Sud-Sud dans la direction opposée à celle des asymétries néocoloniales. Cette première mission médicale a été rappelée ces derniers jours dans le cadre de la 76e Assemblée Mondiale de la Santé, qui se tient à Genève jusqu’au 30 mai et à laquelle Cuba est représentée par José Ángel Portal. Un contexte dédié à la discussion de questions d’importance stratégique au niveau mondial, qui réunit des délégués, des représentants de la société civile et des experts de l’OMS, dans lequel l’importance de la coopération internationale de Cuba dans le domaine de la santé, élue pour participer au Comité Général de l’Assemblée, a été reconnue.

Pendant soixante ans, Cuba a maintenu son propre personnel de santé dans les pays où elle a effectué des missions internationales. Depuis lors, une politique de santé basée sur la solidarité internationale fait partie de son histoire. Un message dérangeant, qui s’oppose, par l’exemple, à la marchandisation des droits et des besoins imposée par la mondialisation capitaliste.

Selon les données fournies récemment à la presse par le docteur Michael Cabrera Laza, directeur de l’Unité Centrale de Coopération Médicale (UCCM), ces dernières années, plus de 605 000 collaborateurs ont représenté Cuba dans 165 pays de tous les continents, y compris dans des pays capitalistes développés, comme ce fut le cas en Italie lors de l’épidémie de Covid-19, qui a reçu l’aide de la brigade médicale Henry Reeve. Actuellement, comme l’a rappelé l’ambassadeur Granda, il existe 57 brigades dans le monde, pour un total de 22 632 unités.

Au cours de toutes ces années, elles ont soigné plus de deux milliards de personnes. Parmi les étapes les plus significatives de cet engagement solidaire, nous pouvons citer quelques dates : 1998, lorsque le Programme de Santé Intégrale a été créé pour faire face à l’arrivée des ouragans George et Mitch, qui ont frappé l’Amérique Centrale et les Caraïbes. Le Honduras et le Guatemala ont été les premiers à bénéficier de cette mission. Par la suite, le programme est étendu à d’autres nations de la région et du continent africain.

Avril 2003, récemment commémoré au Venezuela, lorsque le programme Barrio Adentro a été créé dans le pays bolivarien, avec la Mission du même nom, qui a été perfectionnée au fil des ans. Il a commencé par amener des médecins dans les banlieues et les coins les plus reculés du pays, pour s’occuper de la population abandonnée par les gouvernements de la Quatrième République. Ensuite, les Centres de Diagnostic Intégral (CDI), les Salles de Réhabilitation Intégrale et les Centres Gratuits de Haute Technologie ont été mis en place, où plus de 158 000 professionnels de la santé, techniciens et personnels cubains ont apporté et continuent d’apporter leur aide au peuple vénézuélien.

En juillet 2004, l’Opération Miracle est née, à l’initiative de Fidel et de Chávez, après une première phase d’opérations ophtalmologiques gratuites pour les Vénézuéliens, réalisées à Cuba.

Le 19 septembre 2005, lors de la création du Contingent international de médecins spécialisés dans les situations de catastrophe et les épidémies graves, Henry Reeve, qui s’est rendu cette année-là au Guatemala, puis au Pakistan, et en 2010 en Haïti lors de l’épidémie de choléra.

En 2014, Cuba a été le seul pays à envoyer des brigades médicales permanentes pour lutter contre l’épidémie d’Ebola en Sierra Leone, en Guinée-Conakry et au Liberia. Dans certains de ces pays (Haïti, République Saharaouie et Guinée-Conakry), elles sont toujours présentes.

Une autre date cruciale est le 15 mars 2020, lorsque, au plus fort de la pandémie de Covid-19, les premières brigades médicales cubaines partiront pour le Venezuela afin de partager les quelques expériences dont elles disposent à ce moment-là. Les brigades arriveront ensuite également en Italie, à la demande de certaines régions situées à l’épicentre du virus, en Lombardie et au Piémont.
Début 2022, la 58e brigade, présente dans 42 pays pour lutter contre la pandémie, sera complète.

En février 2023, moins de 48 heures après le terrible tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie, une brigade médicale cubaine de 32 personnes est arrivée sur les lieux pour apporter son aide.

L’altruisme, la préparation et la rapidité ressortent également des récits de la brigade Henry Reeve présente en Italie pendant la pandémie. Dans le livre multimédia Juntos, una historia universal, écrit par Enrique Ubieta Gómez et Francesca Paci, et accompagné des images de Diana Bagnoli et Andrea Guermani (Robin Edizioni), on trouve des témoignages précis et émouvants de médecins et de volontaires. Dans le chapitre "Cubains à Turin : une histoire d’amour", Ubieta, célèbre journaliste et écrivain cubain arrivé en Italie avec la Brigade Henry Reeve, explique les étapes de la formation des médecins pour les missions et les sacrifices qu’ils font pour eux-mêmes et pour leurs familles.

Il relate les rencontres et les liens qui se sont créés dans cette situation dramatique, les nombreux efforts individuels et collectifs de ceux qui, comme l’Italien Michele Curto, président de l’association Aice (présent à la réunion), ou Irma Dioli (à distance pour l’association Italie-Cuba), ont accompagné la Brigade. Les témoignages vidéo de l’ancien maire de Crémone et du président de la région du Piémont ont également été significatifs.

Ce dernier, bien que partisan de la droite, a utilisé des mots émouvants pour exprimer sa gratitude envers Cuba et ses médecins, en racontant la coutume africaine de planter un arbre et d’y déposer un flocon blanc pour chaque guérison. Au début, a-t-il dit, il n’y avait que quelques flocons, puis, avec la poursuite de la mission cubaine, les flocons blancs se sont multipliés.

Par exemple, le socialisme se répand et est capable d’hégémonie. Comme le dit le titre d’un livre sur la pandémie, publié par Rapporti sociali et également préfacé par Ubieta, "le socialisme est le remède".