Face à la crise énergétique cubaine André Chassaigne s’adresse au Président de la République
André Chassaigne, député communiste de l’Allier, Président du Groupe de la Gauche Démocrate et Républicaine à l’assemblée nationale, demande au Président Macron que la France apporte son soutien à Cuba, suite à la crise énergétique que ce pays subit. Cette crise provoquée par la politique de guerre menée par des Etats-Unis, politique condamnée une nouvelle fois par le vote des Nations Unies.
André Chassaigne a été pendant plusieurs années Président du groupe d’amitié avec Cuba à l’AN.
Il est l’auteur du livre : "Cuba, une étoile dans la nuit : la lutte du peuple cubain contre le blocus".
Monsieur le Président de la République,
Le peuple de Cuba vit des jours extrêmement difficiles. Au passage dévastateur de l’ouragan Oscar, qui a fait plusieurs victimes et causé de graves dégâts matériels, s’ajoute une crise énergétique sans précèdent. Dix des onze millions d’habitants du pays ont été privés d’électricité́. Cette situation, qui rend leur quotidien invivable, résulte du blocus économique que l’administration étasunienne exerce sur ce pays depuis 1962, un véritable siège moyenâgeux visant à obtenir par la disette ce qui ne l’a pas été par les actions militaires : la chute du régime « castriste » qui a mis fin à la dictature de Batista.
Ce blocus prive le pays du pétrole dont ses centrales électriques ont besoin. Il le prive des matériels nécessaires à leur fonctionnement. Il le prive aussi des moyens de développer des productions alternatives aux énergies fossiles. Maintes fois contesté par l’ONU, le blocus prive également le peuple cubain du droit internationalement reconnu de commercer librement, et il est contraire à la loi de l’Union européenne (articles 63 à 66 du Traité), qui interdit toute restriction infondée aux mouvements de capitaux entre deux pays.
Notre pays n’est pas épargné́ par l’injonction de Washington. Il a tenté́ de desserrer l’étau, notamment sous l’impulsion de votre prédécesseur, M. le président François Hollande, qui se rendit en visite officielle à Cuba en 2015. Dans le prolongement des premiers signes d’ouverture de l’administration américaine, cet acte influença positivement le président Barack Obama, qui effectua à son tour un voyage d’État dans l’île l’année suivante, le premier depuis 88 ans pour un locataire de la Maison-Blanche.
Hélas, avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, une nouvelle chape de plomb s’est abattue sur Cuba. Elle a conduit de nombreuses entreprises à cesser leurs collaborations, par crainte de représailles de la part des Etats-Unis. Toute l’économie cubaine continue à payer chèrement ce durcissement alors même qu’elle était en train de se développer en s’équipant et en modifiant sensiblement ses modes de production et d’échanges.
La posture étasunienne est contraire aux principes humanitaires. Elle a contrarié et contrarie toujours les efforts de coopération entrepris par notre pays, notamment à travers les activités de l’antenne de l’Agence française de développement (AFD) à La Havane. À ce propos, je souhaite attirer votre attention sur une anomalie : le blocage du travail de la commission mixte économique bilatérale franco-cubaine. Il est inopportun. Il dessert les intérêts des acteurs économiques de notre pays, comme ceux du peuple cubain, en privant les uns et les autres de leurs savoir-faire respectifs.
Cette paralysie volontaire est contraire aux valeurs dont nous nous réclamons vous et moi. C’est au nom de ces valeurs que je vous suggère de relancer urgemment le travail de cette commission. C’est aussi au nom de ces valeurs que je vous demande d’intervenir afin d’apporter à Cuba un soutien matériel qui aiderait son peuple à sortir de l’ornière dans laquelle le blocus et les évènements climatiques récurrents l’ont plongé́.
Monsieur le Président de la République, nous avons besoin d’un monde apaisé. Pour cela, il faut abandonner les postures conflictuelles et rechercher la concorde. Les échanges économiques, culturels, scientifiques ou sportifs concourent très concrètement au rapprochement des peuples, à l’apaisement des relations et à la paix à laquelle nous aspirons.
La solidarité́ dans l’épreuve cimente l’amitié́ entre les peuples. C’est ce qu’appelle la situation actuelle des Cubaines et des Cubains. Des actions solidaires industrielles et commerciales sont nécessaires. Votre intervention peut aider à leur mise en œuvre rapide, et je suis disposé à offrir mon concours dans cette action.
Je vous remercie vivement pour l’attention que vous accorderez à ce courrier et pour les suites que vous voudrez bien lui donner. Je me tiens à votre disposition et je vous prie de bien vouloir agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération.
André CHASSAIGNE
Présent le 30 octobre 2024 à l’Ambassade de Cuba en France au côté de la représentation diplomatique pour assister en direct au vote de l’Assemblée générale de l’ONU sur la résolution condamnant le blocus imposé à Cuba par les États-Unis.