Heredia : deux poètes, un Maire de paris, trois cubains.
Retrouvons rapidement ici trois illustres personnalités du même patronyme, tous trois nés à Cuba au XIXème siècle.
« Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d’un rêve héroïque et brutal. »
Qui d’entre nous n’a pas déclamé ces célèbres vers de Heredia, sur les bancs du lycée ? Ce célèbre sonnet, Les Conquérants, est l’œuvre de José Maria de Heredia.
Mais un Heredia peut en cacher un autre !
Retrouvons rapidement ici trois illustres personnalités du même patronyme, tous trois nés à Cuba au XIXème siècle.
DL
José María de Heredia Girard
est le fils du planteur esclavagiste Domingo de Heredia, et de sa seconde épouse Girard d’Houville, issue d’une famille française mais tous deux sujets espagnols. Il naît le 22 novembre 1842 à La Fortuna, la plantation de café familiale, près de Santiago de Cuba. Il est envoyé en France à l’âge de neuf ans pour poursuivre ses études au lycée Saint-Vincent de Senlis.
Portrait par Jaime Abecasis
De retour à Cuba en juin 1859 pendant un an, il compose ses premiers poèmes puis retourne en France en 1861 et s’inscrit à la Faculté de droit de Paris. Beaucoup plus attiré par la littérature que le droit, continue à composer des poèmes et devient un membre influent de l’école parnassienne. En 1863, il rencontre Leconte de Lisle, Sully Prudhomme, ou encore Anatole France.
En 1892, il réunit ses productions (dont les Conquérants) en un volume de cent-dix-huit sonnets, son célèbre recueil Les Trophées. Il est élu à l’Académie française le 22 février 1894. Comme Edgar Degas, Auguste Renoir et d’autres, il appartint à la Ligue de la patrie française, ligue antidreyfusarde modérée.
Il meurt le 2 octobre 1905 et est inhumé au cimetière de Bonsecours (Seine-Maritime).
José María Heredia y Campuzano
est lui un poète cubain, né à Santiago de Cuba le 31 décembre 1803 et décédé au Mexique le 7 mai 1839. Il est le fils de José Francisco Heredia y Mieses et de Maria-Mercedes Heredia y Campuzano.
Portrait par Escamilla Guzmán
En 1818, il commence ses études de droit à l’Université de La Havane et s’établit comme avocat à Matanzas. En 1823 alors qu’il est sur le point de publier une édition de ses poésies, il est impliqué dans la conspiration appelée « los Soles de Bolívar » et doit s’enfuir précipitamment aux États-Unis. C’est là que parait la première édition de ses vers en 1825.
Lors d’un voyage au Mexique, il écrit son Himno del desterrado (Hymne de l’exilé). Son activité au Mexique estriche et variée. Il y est professeur de Littérature et d’Histoire, légiste, juge. En 1832 il y publie la deuxième édition de ses poésies. Il meurt le 7 mai 1839 dans la ville de Toluca.
José María Heredia y Campuzano est considéré comme l’un des meilleurs et l’un des premiers poètes cubains. On lui a décerné le titre de « poète national »
Un autre Heredia s’est rendu célèbre :
Severiano de Heredia.
Il est né le 8 novembre 1836 à La Havane et meurt le 9 février 1901 à Paris . Il est maire de Paris en 1879 (Président du Conseil de Paris) puis ministre des Travaux publics (1887). Un article déjà paru notre site présente cette personnalité de la politique et de la Maçonnerie française, cousin éloigné du poète, mais, à sa différence, homme de couleur, son père étant un riche planteur à Cuba et sa mère, une mulâtresse, descendante d’esclaves (suivez le lien vers l’article de notre ami Paul ESTRADE en cliquant ici)
Photo par Marius
Et pour nous replonger dans la mer des Caraïbes, relisons avec plaisir les alexandrins du premier tercet des Conquérants de José Maria de Heredia
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Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré
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