Ian, une « catastrophe » pour le secteur des cigares cubains …...et pour des milliers de familles.

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Dans l’ouest de Cuba, où l’on cultive les meilleures feuilles pour confectionner les célèbres cigares, le passage de l’ouragan Ian a été dévastateur pour ce secteur vital de l’économie locale.
Cette culture fait vivre des milliers de familles et c’est à elles que l’on pense quand on fait appel à la solidarité.
Comme toujours à Cuba, la mobilisation et la solidarité locales et celles des autres provinces se sont mises en place.

Photo : ADALBERTO ROQUE

« C’est une catastrophe », se désole Maritza Carpio aux côtés de son époux Ramon Martinez, devant les débris de son séchoir à tabac.

Dans la région de Vuelta Abajo, dans la province de Pinar del Rio (ouest), la plus durement touchée par le passage de l’ouragan, rares sont les séchoirs qui ont résisté aux rafales à plus de 200 km/h.
« Nous n’avions jamais vécu une catastrophe de cette envergure », explique Mme Carpio dans sa ferme de San Luis, à 175 km à l’ouest de La Havane.

Dans le contexte de profonde crise économique que traverse le pays, la « situation est extrêmement difficile pour tous les agriculteurs (…) nous ne savons pas comment nous allons affronter cela », soupire-t-elle.

Outre les vents qui ont emporté les séchoirs à tabac (des constructions en bois et au toit de palmes qui permettent aux feuilles d’obtenir la bonne dose de soleil et d’humidité), les pluies torrentielles ont raviné les champs que les paysans étaient en train de préparer pour les semis d’octobre.
Vuelta Abajo est la seule région du pays où poussent trois types de feuilles qui permettent l’élaboration des fameux havanes, source de revenus vitale pour l’Île. A San Luis, 226 tonnes de tabac de la récolte d’août ont été abîmées.

Des Cubains transportent des effets personnels dans une charrette à travers les champs inondés à San Juan y Martinez province de Pinar del Rio, après le passage de l’ouragan Ian - ADALBERTO ROQUE

En 2021, Cuba a exporté pour 568 millions de dollars de cigares, soit une hausse de 15 % par rapport à l’année précédente, selon Habanos S.A qui commercialise toutes les marques cubaines.
L’entreprise publique Tabacuba, qui achète aux producteurs privés 95 % de leur récolte, n’a pas été épargnée : centre de tri, hangars et bureaux ont été endommagés.
—  « Vega fina » –
L’ouragan de catégorie 3 qui a frappé la province de Pinar del Rio pendant six heures a causé la mort de trois personnes et des dégâts considérables. Les autorités avaient évacué préventivement quelque 50 000 personnes.
Il a également fortement endommagé le réseau électrique, faisant basculer l’ensemble des 11,2 millions d’habitants de l’Île dans le noir. Deux jours après, le courant n’était toujours pas rétabli dans l’ouest du pays.
En quelques heures, Ian a ruiné des décennies de travail. Dans la propriété de Maritza Carpio, beaucoup d’arbres ont été déracinés, une jeune plantation de bananiers a été dévastée.

Caridad Alvarez employée d’une entreprise de tabac, dans ce qu’il reste de sa maison détruite par l’ouragan Ian, à San Juan y Martinez, province de Pinar del Rio, à Cuba. ADALBERTO ROQUE

« il y avait un air bucolique, on pouvait dire “que c’est beau !”, maintenant tout est moche », se désole la propriétaire qui héberge sa voisine Caridad Alvarez, 59 ans, une ouvrière agricole dont la maison a été détruite.
Les conséquences ne sont pas seulement économiques, il y a aussi le coût sentimental. « C’était une ferme ancienne, construite en bois par mon grand-père, entretenue par mon père qui est mort en avril, à l’âge de 93 ans, » raconte Mme Carpio. Sa propriété a le label « Vega fina », une certification nécessaire pour cultiver du tabac qui sert ensuite à confectionner les cigares.
Cette année, la récolte a permis d’obtenir 4,8 tonnes de feuilles de cape, ces feuilles sélectionnées avec soin pour entourer les cigares.
L’exploitante sait qu’il va falloir remettre sur pied sa ferme en un temps record pour les semailles, mais estime que cela sera difficile sans un appui du gouvernement.

Après cinq cyclones destructeurs, la reconstruction sera différente.

Le Gouvernement a approuvé le financement par l’État de 50 % du prix des matériaux de construction, des réservoirs d’eau et des matelas afin de fournir une protection économique et sociale aux populations sinistrées.
Avec une prise de conscience de l’augmentation et de l’aggravation des cyclones dans le pays, des mesures plus rigoureuses vont être mises en place avec, notamment, du matériel plus adapté.
Il est à noter la réactivité de la population, avant et après le passage des cyclones, que ce soit en matière de prévention, de protection ou de solidarité.

https://www.juventudrebelde.cu/cuba/2022-10-04/la-recuperacion-en-pinar-del-rio-y-artemisa-seguira-avanzando-por-dia
https://fr.granma.cu/cuba/2022-10-03/lapocalypse-selon-san-luis
https://fr.granma.cu/cuba/2022-10-03/le-budget-de-letat-financera-50-du-prix-des-materiaux-pour-la-population-sinistree