Javier Sotomayor , le long règne des nuages

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Le 13 octobre 1967, un prince naissait à Limonar,

Vingt-huit ans ont passé depuis, Javier Sotomayor a pris sa retraite, il a remporté le prestigieux prix Prince des Asturies et fondé un groupe musical, il a représenté Cuba et l’athlétisme international dans de multiples compétitions et... son record reste intact.

Equipe de photos de La Havane. Constituée d’historien, de journalistes et d’enseignants.

Javier Sotomayor

Le 13 octobre 1967, un prince naissait à Limonar, on l’appela Javier Sotomayor et il allait toucher le ciel de ses mains, au cours d’un des plus longs règnes qu’ ait jamais connu la planète athlétisme.

À l’âge de dix ans, sa vie a changé lorsque, à l’occasion d’une visite de routine dans son école primaire, l’entraîneur Carmelo Benítez a été stupéfié par les capacités physiques de l’élève Antonio Maceo, un petit mulâtre maigre doté d’un immense talent, a-t-il dit alors, à ce qu’on dit. Six ans après ce jour de mars 1978, petit mulâtre maigre de Limonar établissait le record national des jeunes, toujours d’actualité, en montant jusqu’à 2,33 mètres.

À vingt ans, tandis que ses amis de Matanzas dansaient avec les Van Van et couraient les filles, Javier Sotomayor établissait son premier record du monde, battant d’un centimètre les 2,42 mètres de la légende suédoise, son rival acharné, Patrik Sjöberg.

Trente-quatre ans ont passé, presque deux fois la durée de sa vie, depuis ce 2,43m au Grand Prix de la Dépuration de Salamanque, en Espagne, le 8 septembre 1987, ; il aurait pu s’en contenter et cela aurait suffi, mais c’était une époque de stars, où toute rencontre commençait à 2,20 mètres et plus d’un athlète sautait 2,40 m, alors Javier Sotomayor est allé au-delà.

En Monarque absolu, , « el Soto » a ajouté à ses possessions le record en salle. Ce fut au Championnat du monde de Budapest, en Hongrie, en 1989, le court moment où les deux performances ont été semblables, car peu après et seul à s’affronter lui-même à San Juan, à Porto Rico, Javier Sotomayor a décidé d’aller vivre à 2,44 mètres du sol. Il avait vingt-deux ans et apparemment aucune limite.

Avec son exploit des 2,44 m, Javier Sotomayor, la machine à battre des records, voulait être Champion Olympique, il a déterminé son objectif et s’est efforcé de l’atteindre. Les jeux de Barcelone de 1992 ont cependant été difficiles, les conditions météorologiques n’étaient pas propices à de grandes performances,, de telle sorte qu’étant à égalité vers le bas, n’importe lequel des très bons sauteurs qui participaient aux jeux pouvait être le vainqueur.

Petit à petit, les athlètes les moins puissants ont échoué, et à la fin, alors que la toise marquait 2.34 m, il en restait cinq : Javier Sotomayor, Patrik Sjöberg, Tim Forsyth, Artur Partyka, et Hollis Conway - presque tous, au cours de leur carrière, avaient sauté 2.40 m sans problème.

Je m’en souviens comme si c’était hier, la moitié de Cuba a porté le Soto quand à son premier essai il a attaqué la hauteur, un léger frôlement de la barre de saut a suspendu le temps, mais le saut était bon, c’est alors que l’autre moitié du pays est entrée en jeu, ceux qui possédaient le mauvais oeil et qui, grâce à la force des mauvais sorts, ont réussi à faire échouer tous les rivaux, j’entends encore mes voisins, assis chez moi devant la télévision qui murmuraient ’Perds ! Perds ! Perds !’, quand quelqu’un allait sauter

La fin du premier tour a marqué la victoire, car soient ils allaient jusqu’à 2.36 soit ils ne rivalisaient que pour l’argent, finalement ils ont tous terminé a 2.34 m, laissant Javier Sotomayor devenir champion olympique grâce à sa réussite au premier essai.

Salamanque des cieux

Le score de Barcelone a entraîné plus de critiques que d’éloges envers l’élite du sport, accusée d’avoir participé à une compétition médiocre, et il semble qu’il y ait eu une crise dans le saut en hauteur. L’une des premières cibles de ces critiques fut Javier Sotomayor, dont on disait qu’il était fini suite à une blessure subie avant les Jeux.

Mais les champions sont d’une autre race, et un an après Barcelone, dans sa Salamanque des bons auspices, el Soto allait tenter un nouveau record. Ce jour-là, on pouvait voir dès le début que Javier viserait le record, car il sautait peu, à des hauteurs espacées, ce qui était sa stratégie pour tenter de battre le record.

Après avoir atteint 2,38 mètres, el Soto n’avait sauté que trois fois, il s’est alors approché de la table et a demandé 2,45 m, c’était officiel, quelques minutes plus tard, Javier Sotomayor allait tenter d’imposer un nouveau record du monde.

Il a pris ses distances, a regardé la barre de saut, a commencé à courir et... a raté, tout le monde se demandait ce qu’il allait se passer ensuite, d’après un chroniqueur d’El País :

Debout à quelques mètres de la barre, il se remémorait son saut : la course et le décollage. Aprèsavoir revu le film dans sa tête, il a soupiré, ouvert les yeux et s’est lancé dans une course mesurée et puissante. C’était le grand Sotomayor. Il avait la puissance et l’agilité du jeune homme qui avait commencé à étonner ses rivaux alors qu’il avait à peine 18 ans. La course et l’élan furent formidables. Sotomayor est monté obliquement par rapport à la barre, il a arqué son dos et a touché la barre avec la partie dorsale. Ses jambes sont passées après une extraordinaire coup de reins. Bien que la barre ait vacillé, le sauteur cubain était sûr qu’elle ne tomberait pas. Il est sorti du tapis comme un ouragan et a serré dans ses bras Guillermo de la Torre. Il venait de battre le record et de recouvrer toute la puissance de ses meilleurs jours... El Pais

Un peu de science

Vingt-huit ans ont passé depuis, Javier Sotomayor a pris sa retraite, il a remporté le prestigieux prix Prince des Asturies et fondé un groupe musical, il a représenté Cuba et l’athlétisme international dans de multiples compétitions et... son record reste intact. Au cours des dernières années, seuls deux athlètes s’en sont assez approchés pour qu’il s’en inquiète, mais aucun ne l’a égalé.

Sa supériorité est telle que, pour détrôner el Soto il faut appliquer ceci :

Critère de l’efficacité d’un saut HI=H1+H2+/-H3 HI : hauteur de la barre

Image tirée du journal ABC
Graphique comparatif entre Javier Sotomayor les autres sauteurs du monde

https://www.fotosdlahabana.com/javier-sotomayor-el-largo-reinado-de-las-nubes/?fbclid=IwAR0hwF3F6snSypXcj7N6uBRwaQVMXYYukZk88OhrC8sxmgGyxxIvBVuc3Y4