L’ACTUALITE DES PROVINCES
Rénovation des quartiers défavorisés
L’arrondissement havanais de Playa, au sud-ouest de la ville et province, 16 km de côtes, 36,8 km2, 180 000 habitants, est plutôt favorisé par la présence d’une zone touristique, de beaux édifices, de nombreux consulats, ambassades et représentations commerciales, de 184 entreprises commerciales du secteur émergent, du plus grand pôle scientifique du pays, d’industries médico-pharmaceutiques, entre autres lieux d’excellence.
Il comprend néanmoins des zones défavorisées qui font actuellement l’objet de travaux de rénovation, telles que ce quartier appelé « La Cravate », dont s’amuse le journaliste. (Un élégant avait accroché sa cravate à l’arrêt de bus pour ne plus le rater, les jours de boisson, et le nom est resté).
Pascale Hébert
Ce quartier fait l’objet d’un jumelage avec la ville de Créteil dans le Val-de-Marne.
Un costume neuf pour le quartier de La Corbata (La Cravate) et une renaissance pour le quartier de Las Canteras (Les Carrières)
Article de Elías Argudín, Tribuna de La Habana, 30 mars 2022, traduit par Pascale Hébert
Lors d’une visite à pied dans ces communautés de l’arrondissement de Playa, les plus hautes autorités de La Havane ont constaté les transformations qui y sont réalisées.
De façon spontanée, comme si elle parlait toute seule, Lázara Vivian Urrutia Nápoles, une corpulente mulâtresse qui est bien connue de tous dans la communauté de La Corbata, dans l’arrondissement de Playa, affirme catégoriquement : « Ce que le quartier a changé ! »
Personne à part Cuquita (c’est le surnom qu’on lui donne) n’a autant d’autorité pour exprimer de telles appréciations. Elle est née et elle a vécu dans ce quartier et elle va sur ses 64 ans. Elle l’a vu s’agrandir et elle l’aime. Je l’ai entendue en parcourant le quartier et quand je me suis arrêté en plantant mon regard interrogateur droit dans ses yeux, elle a parachevé son affirmation avec une autre certitude, toute personnelle et quelque peu chauvine, sans doute, qui, bien qu’elle m’ait semblé à moi un tant soit peu exagérée, avait des accents de sincérité, sans affectation, ni arrières pensées : « On se croirait bientôt au Vedado ».
Le fait est que celui qui a regardé (il y a deux mois à peu près) et regarde aujourd’hui La Corbata, ne peut que s’étonner. L’un des 67 quartiers défavorisés de la capitale, objets d’un profond processus de revitalisation matérielle et sociale, a tellement changé en si peu de temps que, du moins ici, l’emblématique accessoire vestimentaire se débarrasse peu à peu du costume gris et commence à arborer un plus élégant smoking.
C’est ce qu’ont constaté et fait remarquer Luis Antonio Torres Iríbar et Reinaldo García Zapata, respectivement Premier Secrétaire du Comité Provincial du Parti dans la capitale et son Gouverneur, qui, accompagnés d’autres autorités politiques et administratives de la ville et de l’arrondissement dans lequel se trouve insérée cette zone, sont venus ici pour prendre le pouls des transformations
La grande bâtisse encore tout récemment délaissée et dans un évident état très avancé de détérioration, ouvrira ses portes plus tôt qu’on ne pense en tant que complexe culturel récréatif, où les habitants de La Corbata et des quartiers limitrophes (nous parlons là d’endroits écartés de la périphérie) pourront profiter de plusieurs salles dédiées aux jeux traditionnels, à la play-station, aux réalités virtuelles et d’une salle équipée avec des simulateurs, en plus d’un cinéma avec technologie 3D, d’une salle de robotique, d’une zone multifonctions et des services de restauration
Dans un échange avec les investisseurs et les travailleurs, Torres Iríbar et García Zapata ont suggéré d’utiliser au maximum les espaces et de s’ouvrir à d’autres activités de loisir. Ils leur ont fait savoir que pour le moment ils avaient pensé à un restaurant.
C’était la première étape d’un périple qui comprenait aussi le parc et le magasin, proches de cet équipement. Le premier offre déjà des espaces dotés de balançoires, de bascules et d’autres équipements pour les enfants ; il dispose également de terrains dédiés à la pratique du basket, du football et d’un super-échiquier, dessiné à même le sol, avec des pions géants, ce qui fait de ce site un endroit idéal pour le plaisir des enfants, des jeunes et de ceux qui ne le sont plus tout à fait.
L’unité commerciale, en revanche, est en construction, mais elle est déjà bien avancée. Elle dispose de toutes les prestations traditionnelles de ce type d’installation et même d’une zone abritée avec des bancs à la disposition de ceux qui attendront.
Au cours de leur cheminement, les autorités de la capitale ont visité environ une vingtaine des 106 logements qui sont, soit en construction, soit en réfection ou qui sont déjà au bout de l’un de ces processus. L’objectif est d’atteindre le nombre de 300 au mois de mai, dans ce qui constitue l’une des interventions les mieux accueillies par une partie des habitants, parmi lesquels un bon nombre ont décidé de participer volontairement à ces travaux, de façon occasionnelle ou avec un contrat d’embauche.
Torres Iríbar et García Zapata se sont informés sur d’autres initiatives locales. Nous parlons là d’un projet du Fonds Cubain des Biens Culturels, sous l’égide d’acteurs économiques privés, afin de produire des verres, des cuillères, du papier absorbant et du papier isotherme, à partir de matériaux biodégradables et à très bas coût, des articles qui seront mis à disposition du complexe culturel récréatif et des services de restauration de La Corbata et d’autres entités intéressées.
Quand cette mini industrie, actuellement en phase de mise en route, démarrera, elle représentera environ 15 nouveaux emplois pour les habitants de La Corbata.
Et comme il ne s’agit pas d’un simple maquillage, limité au fard et au rouge à lèvres, le parc Wifi, le cœur où bat la vie de ce foyer de population, est aussi sur le point de devenir un boulevard communautaire, avec environ 15 kiosques que l’on construit dans les règles de l’art sur son sol.
La journée comprenait aussi une visite à Las Canteras, une autre des communautés de l’arrondissement de Playa, naguère délaissée dans une certaine mesure, mais qui bénéficie maintenant des rafales révolutionnaires d’un ouragan, qui, pour son plus grand bien, impactent sa géographie.
Et, plus tôt que certains ne le pensent, des services de base comme le magasin, la pharmacie, des boutiques … cesseront d’être un rêve lointain. C’est ce que prouve une très vaste construction qui les hébergera et qui en est déjà au niveau de la charpente, tout comme sept ou huit logements, qui poussent à proximité au bénéfice d’un nombre égal de familles, dont les toitures ne répondaient pas aux normes pour être légalisées. Beaucoup d’autres si, dont les occupants sont déjà propriétaires et titulaires du livret d’alimentation.
Las Canteras
Dans son échange avec les constructeurs du centre multiservices, Torres Iríbar les a incités à bien réfléchir à tout, à ce qu’il est possible de faire, pour que telle ou telle prestation ne reste pas en rade et qu’ensuite de possibles et logiques critiques des habitants ne viennent nous gâcher le coup. « N’oubliez pas la pharmacie, qui pourrait se situer à côté du cabinet médical. N’oubliez pas non plus le point de distribution des produits laitiers, ni l’un ni l’autre » a précisé le dirigeant.
Avec ses 2 755 habitants et ses 1 034 logements, Las Canteras est un foyer de population, loin de tout et qui ne dispose pas de services de base.
Cependant, depuis quelque temps, cet endroit isolé est devenu un quartier en transformation intégrale où, du moins, passe maintenant une ligne de bus, où on construit un nouveau pont d’accès en remplacement de l’ancien, menacé d’effondrement, un cabinet médical avec les logements respectifs pour le médecin et pour l’infirmière, un gymnase sportif et un terrain pour la pratique du base-ball et où l’on projette une autre installation pour offrir des services, peut-être pas aussi élémentaires, mais quand même nécessaires : un salon de coiffure et un barbier, un atelier de réparation des ustensiles de cuisine et des appareils électroménagers, et autres.