L’Assemblée Générale de l’ONU exige de nouveau la levée du blocus de Cuba, « une politique condamnée de façon universelle depuis trois décennies »

Texte publié par les services des NATIONS UNIES

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Dans un contexte international marqué par des crises multidimensionnelles, 185 États Membres ont voté, ce matin, en faveur de la résolution annuelle de l’Assemblée Générale portant sur la « nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis ». Les États-Unis et Israël s’y sont opposés tandis que le Brésil et l’Ukraine ont préféré s’abstenir. En présentant ce texte, le Ministre cubain des Affaires Etrangères, M. Bruno Rodríguez Parrilla, a souligné que « cette politique est condamnée de façon universelle depuis trois décennies », comme l’illustre du reste les résultats des votes depuis la première présentation de cette résolution en 1992.

Dans le préambule du texte adopté ce matin, l’Assemblée Générale se dit préoccupée par le fait que des États Membres continuent d’adopter et d’appliquer des lois et règlements, tels que la loi dite « Helms-Burton », adoptée le 12 mars 1996, dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d’autres États et aux intérêts légitimes d’entités ou de personnes relevant de leur juridiction ainsi qu’à la liberté du commerce et de la navigation.

Préoccupée par le fait que le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba est toujours en vigueur, ainsi que par ses conséquences préjudiciables à la population cubaine et aux Cubains résidant dans d’autres pays, l’Assemblée exhorte de nouveau tous les États à s’abstenir d’adopter ou d’appliquer des lois et mesures du type visé dans le préambule de la résolution, comme leur en font obligation la Charte des Nations Unies et le droit international. De même, l’Assemblée demande de nouveau instamment aux États qui continuent d’appliquer des lois ou mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou les annuler dès que possible, dans le respect de leur législation.

Dénonçant un blocus qui s’apparente à un « ouragan permanent » et pourrait être qualifié de « génocide », M. Parrilla a indiqué que 80% de la population cubaine était née sous son joug et que le blocus avait coûté 1 391 milliards de dollars au pays depuis son imposition. « À quoi ressemblerait Cuba si elle avait pu bénéficier de ces ressources ?  » s’est interrogé le Ministre qui a, par ailleurs, déploré que son pays n’ait pas été inclus dans les mesures d’exemption humanitaire récemment décidées par les États-Unis. Il a également regretté les répercussions du blocus en temps de pandémie de COVID-19, précisant qu’elles avaient notamment empêché Cuba d’acheter des respirateurs.

« Les États-Unis et le monde seraient meilleurs sans le blocus », a déclaré le Ministre qui a assuré que le Gouvernement cubain était prêt à avancer en vue de rétablir des relations apaisées avec les États-Unis, insistant toutefois sur le fait que Cuba n’accepterait jamais de renoncer à son système socialiste.

Cet embargo injuste enfonce un pieu au cœur du droit international et tourne en dérision les principes de souveraineté et de non-intervention qui régissent les relations interétatiques, a déploré à son tour Saint-Kitts-et-Nevis, qui a rappelé que pendant la pandémie de COVID-19, Cuba s’est révélé être un « citoyen du monde exemplaire » en offrant des vaccins aux nations incapables d’acheter des doses plus chères. Face à tant de magnanimité, d’altruisme et de compassion, comment Cuba peut-elle légitimement continuer à être désignée par les États-Unis comme un État commanditaire du terrorisme, s’est indignée la représentante.

Lui emboîtant le pas, le Nicaragua a condamné le blocus « criminel » qui s’apparente même à un « crime contre l’humanité » en temps de pandémie. Il a lui aussi salué le courage du peuple de Cuba face à l’adversité, toujours animé par « l’esprit de Fidel ».

Comme d’autres délégations, l’Afrique du Sud a évoqué le titre III de la loi Helms-Burton qui stipule que les entreprises ou entités qui commercent avec Cuba peuvent être poursuivies devant les tribunaux américains, notant qu’une telle disposition entrave les relations économiques, commerciales et financières de Cuba avec des pays tiers. Pour sa part, la Jamaïque s’est inquiétée des répercussions de l’inscription de Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme, établie par les États-Unis, sur la manière dont les États tiers s’engagent avec Cuba, notamment en matière de coopération internationale sur la criminalité transnationale organisée.

Expliquant leur vote en défaveur de la résolution, les États-Unis ont affirmé se tenir aux côtés du peuple cubain, rappelant qu’en juillet 2021, des dizaines de milliers de Cubains ont subi une répression très dure après être descendus dans la rue pour demander leur liberté. Soulignant,en outre, que l’embargo comprenait des exemptions, la délégation a rappelé que les États-Unis sont les premiers partenaires commerciaux de Cuba, avec des exportations de biens s’élevant à 295 millions en 2021.

L’Assemblée Générale se réunira de nouveau demain, 4 novembre, à 11h30, afin de procéder à l’élection d’un membre de la Cour Internationale de Justice.

NÉCESSITÉ DE LEVER LE BLOCUS ÉCONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER IMPOSÉ À CUBA PAR LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE

Suite du débat sur la question et décision sur le projet de résolution

Mme NERYS NAKIA DOCKERY (Saint-Kitts-et-Nevis) a déclaré que cet embargo injuste enfonce un pieu au cœur du droit international, tourne en dérision les principes de souveraineté et de non-intervention qui régissent les relations interétatiques protégées, en vertu de la Charte des Nations Unies. Elle a affirmé que le blocus économique de Cuba constitue un acte hostile à la cohésion régionale et continentale, et que l’application extraterritoriale continue de la loi Helms-Burton, y compris son titre III, constitue un obstacle majeur au développement de Cuba. Selon la représentante, les efforts déployés par l’Administration Biden pour atténuer les effets des mesures parmi les plus draconiennes imposées par l’administration précédente sont louables, mais elles ne vont pas assez loin dans la résolution des aspects les plus nocifs du blocus.

La déléguée a rappelé que pendant la pandémie de COVID-19, Cuba s’est révélé être un citoyen du monde exemplaire et bienveillant et a démontré de manière tangible sa vision humaniste. Le pays a notamment développé cinq vaccins nationaux, dont deux ont finalement été approuvés pour une utilisation internationale et ont été offerts aux nations incapables d’acheter des doses plus chères. Face à tant de magnanimité, d’altruisme et de compassion, comment Cuba peut-il légitimement continuer à être désignée par les États-Unis comme un État commanditaire du terrorisme, s’est indignée la représentante en parlant d’une désignation injustifiée, voire néocoloniale.

Mme NERISSA WILLIAMS (Grenade) a fustigé le blocus imposé à Cuba qui met en danger la cohabitation pacifique entre États. Outre la levée immédiate de ce blocus, Grenade a demandé que Cuba soit rayée de la liste des pays accusés de soutenir le terrorisme. La majorité écrasante des États partagent pourtant le même point de vue vis-à-vis de Cuba, a aussi relevé la déléguée, notant que le blocus nuit au développement de la société cubaine. La Havane, en outre, a maintes fois tendu la main à d’autres pays en développement, à commencer par ses voisins immédiats, s’est émue la déléguée, « remerciant Cuba du fond du cœur pour sa solidarité à toute épreuve », et ses valeurs humaines. La réconciliation américano-cubaine obéirait au principe du multilatéralisme selon la déléguée, qui a espéré voir l’hostilité entre Washington et La Havane reléguée « dans les livres d’histoire ».

M. MASOTSHA MONGEZI MNGUNI (Afrique du Sud) a regretté que les résolutions successives sur la levée de l’embargo soient restées lettre morte malgré le soutien massif dont elles ont bénéficié au fil des ans. Il a dénoncé les dommages incommensurables qui ont été causés à Cuba et à son peuple par des mesures coercitives unilatérales injustifiées. Le délégué a aussi affirmé que son pays continuerait à honorer les combattants cubains ayant donné leur vie pour l’avènement d’une Afrique du Sud libre et démocratique. Il a rappelé que beaucoup de jeunes Sud-Africains avaient étudié à Cuba et qu’elle contribuait toujours largement à la Coopération Sud-Sud.

Il a souligné que le blocus était une injustice encore plus grave dans le contexte de l’impact sanitaire et socio-économique dévastateur de la COVID-19 et empêchait Cuba d’acheter les fournitures médicales, les équipements et les médicaments nécessaires. Il a dénoncé la désignation injuste de Cuba par les États-Unis comme État parrainant le terrorisme ainsi que la poursuite de l’application intégrale de la loi Helms-Burton, notamment l’autorisation d’intenter des actions en justice devant les tribunaux américains en vertu de son titre III, ce qui entrave les relations économiques, commerciales et financières de Cuba avec des pays tiers.

M. ANOUPARB VONGNORKEO (République Démocratique Populaire lao) a demandé la levée immédiate de l’embargo de Cuba face aux effets persistants de la pandémie de COVID-19, des calamités naturelles, des difficultés économiques et financières, des crises alimentaires et énergétiques. Il indiqué qu’il votera en faveur du projet de résolution A/77/L.5 sur la nécessité de mettre fin à l’embargo économique, commercial et financier imposé par les États-Unis d’Amérique à Cuba.

M. RAZALI (Malaisie) a souligné que la Malaisie a été constante dans sa position de s’opposer à l’imposition de mesures coercitives contre tout pays, y compris Cuba. Il a considéré que ces mesures sont contraires au droit international, au droit international humanitaire, à la Charte des Nations Unies et aux normes et principes qui régissent les relations pacifiques entre les États. Il a relevé que les mesures de coercition unilatérales vont à l’encontre de l’esprit de ne laisser personne de côté, comme promis par le Programme 2030 et ses ODD. Il a appelé les États-Unis et Cuba à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques, et à normaliser immédiatement leurs relations.

Mme JULISSA EMMY MACCHIAVELLO ESPINOZA (Pérou) a rappelé qu’en 2021, 184 États avaient voté en faveur de la levée du blocus imposé à Cuba, soit la quasi-totalité des États Membres. Elle a souligné que le dernier rapport du Secrétaire Général évoquait une escalade des mesures du blocus depuis 2018 et dénoncé la loi Helms-Burton, notamment son titre III. La déléguée a estimé que les seules mesures coercitives légitimes étaient celles émanant du Conseil de Sécurité, soulignant que lorsque qu’il avait récemment adopté de telles mesures contre Haïti, il avait bien précisé qu’elles ne devaient pas entraîner de conséquences humanitaires.

Mme TSION MENGESHA (Éthiopie) a rappelé que Cuba a récemment été touchée par un ouragan, et estimé que les mesures coercitives unilatérales à son encontre ont empêché son économie d’exploiter son potentiel. Elle a rappelé que les États soumis à un embargo sont désavantagés face aux changements climatiques, aux épidémies et aux menaces de sécurité transnationales. Même avec leur niveau de résilience, les mesures coercitives supplémentaires imposées à Cuba font payer un lourd tribut au bien-être du peuple cubain et doivent être stoppées, a-t-elle indiqué. Après avoir encouragé au dialogue constructif entre les États-Unis et Cuba, la représentante a espéré que le Gouvernement des États-Unis répétera la mesure qu’il a prise en 2015 et rétablira ses relations diplomatiques avec Cuba. Ces mesures devraient ouvrir la voie à une levée rapide des embargos, a-t-elle estimé.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a condamné le blocus « criminel » contre le peuple cubain, imposé par les États-Unis contre un peuple qui a su lui résister pendant des décennies. Pour le délégué, ce blocus s’apparente même à un « crime contre l’humanité » en temps de pandémie. Il a aussi dénoncé les pressions contre les gouvernements, les institutions financières et les particuliers qui nouent des relations avec Cuba. Face à l’adversité, le peuple de Cuba, toujours animé par « l’esprit de Fidel », a produit des vaccins qui ont sauvé des peuples du monde entier. Il a salué Cuba qui se tient droit debout avec ses brigades de médecins qui, sac à dos, prennent la route pour aider les populations du monde entier pendant les épidémies ou les catastrophes. Le délégué a appelé les États-Unis à mettre sur pied un dialogue afin de tabler sur les questions en souffrance avec Cuba.

M. FLAMEL ALAIN MOUANDA (République du Congo) a souligné que la poursuite du blocus imposé à Cuba était d’autant plus injuste dans le contexte de crise alimentaire, énergétique et de pandémie provoqué par la COVID-19. Il a dénoncé les souffrances « indicibles et intolérables » endurées par le peuple cubain en raison du blocus et regretté que les nombreuses résolutions adoptées en faveur de sa levée ne soient pas suivies d’effets.

M. MIJITO VINITO (Inde) a noté que, l’année dernière, 184 États Membres avaient voté en faveur de la levée du blocus imposé à Cuba qui, a-t-il constaté, mine le multilatéralisme et sape la réputation de l’ONU. Il a rejeté l’application extraterritoriale des lois nationales et l’application de mesures coercitives unilatérales.

M. JOÃO IAMBENO GIMOLIECA (Angola) a appelé à la levée de l’embargo économique, financier et commercial unilatéral imposé au peuple et au Gouvernement de Cuba, se préoccupant du fait que la situation reste inchangée malgré plusieurs résolutions adoptées par l’Assemblée Générale. Le blocus financier et économique de Cuba a causé de sérieux obstacles au développement économique, culturel et social de l’île, avec un impact négatif significatif sur plusieurs secteurs sensibles, tels que les services de santé publique, affectant le bien-être du peuple cubain, s’est-il inquiété. Il a insisté sur l’importance du dialogue et fait appel aux États-Unis pour qu’ils travaillent à la construction d’une nouvelle ère de relations de coopération avec Cuba, basée sur le respect mutuel, pour le bénéfice des deux pays et peuples voisins.

M. BRIAN CHRISTOPHER MANLEY WALLACE (Jamaïque) a dénoncé l’inscription de Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme, établie par les États-Unis, déplorant, entre autres, ses répercussions sur la manière dont les États tiers s’engagent avec Cuba, notamment en matière de coopération internationale sur la criminalité transnationale organisée. Il a aussi regretté ses répercussions sur le développement économique de Cuba, d’autant qu’elles aggravent celles du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis à l’île, avec la pandémie de COVID-19 et autres crises énergétiques en toile de fond. Pourtant, la communauté internationale n’a eu de cesse d’exprimer son soutien à Cuba, a relevé le représentant, en voulant pour preuve les résultats favorables des votes depuis la première présentation de cette résolution en 1992. Il a ainsi appelé à un dialogue renouvelé entre Cuba et les États-Unis, à la levée de l’embargo et à la pleine inclusion de l’île dans la communauté internationale.

Mme ZORAYA CANO (Panama) a indiqué que le Panama base sa politique étrangère sur les principes de la Charte des Nations Unies. De ce fait, elle a souligné l’importance d’inclure tous les pays sur les voies du développement. De même, elle a insisté sur le respect du principe de la résolution pacifique des différends, avant d’appeler à la fin de ce blocus, qui restreint le développement de la « République sœur de Cuba ». Elle a également réaffirmé l’attachement du Panama au multilatéralisme en tant qu’instrument approprié pour parvenir au règlement des différends entre États.

M. NACIM GAOUAOUI (Algérie) a considéré que toute imposition de mesures coercitives unilatérales non autorisées par les autorités compétences des Nations Unies, sur des États Membres est « totalement inacceptable ». Il a indiqué que l’Algérie, de fait, vote constamment en faveur des résolutions de l’Assemblée Générale qui appellent à la levée du blocus commercial, financier et économique « injuste ». Le délégué a dénoncé la poursuite de ce blocus, en dépit de « l’écrasante majorité » des États Membres appuyant les résolutions qui appellent à sa levée. Il est déplorable qu’aucune avancée n’ait pu être réalisée à ce sujet, tandis que le peuple cubain demeure privé de conditions de vie viables, a-t-il regretté.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) a estimé qu’aucune nation ne doit en punir une autre. Il a fustigé le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis depuis six décennies. Le Gabon a demandé aux parties de s’engager de façon constructive dans des négociations pacifiques, et a justifié son soutien à Cuba notamment par la « position internationale pacifique et coopérative » de cet État. La fin de l’embargo, selon le délégué gabonais, bénéficierait non seulement à Cuba, mais aurait un impact positif à l’échelle globale. Les États-Unis et Cuba disposent même « ensemble » d’un inestimable potentiel de coopération et de coprospérité, a-t-il ajouté, avant de soutenir le projet de résolution actuel sur la nécessité de lever le blocus imposé à Cuba.

M. KINGSTONE ZIYERA (Zimbabwe) a appelé à la levée de l’embargo, le qualifiant de « fardeau superflu » dans un contexte de crises multidimensionnelles et contraire au principe de non-ingérence. Il s’est dit reconnaissant envers Cuba pour sa coopération dans le domaine médical, le pays ayant épaulé le Zimbabwe dans le contexte de la pandémie de COVID-19, et ce, en dépit du blocus limitant pourtant la marge de manœuvre de l’île. Il s’est inquiété de l’augmentation du recours aux mesures coercitives unilatérales, rappelant en outre que le Zimbabwe a lui aussi souffert pendant deux décennies de sanctions imposées par certains pays occidentaux. Il a insisté sur la nécessité de lever l’embargo contre Cuba, soulignant que des relations libres et sans entraves entre Cuba et tous les pays du monde, y compris les États-Unis, bénéficieraient à tous.

Projet de résolution (A/77/L.5)

Présentant le projet de résolution (A/77/L.5), M. BRUNO RODRÍGUEZ PARRILLA, Ministre des Affaires Étrangères de Cuba, a affirmé que 80% de la population cubaine était née sous le joug du blocus. Il a souligné que cette politique était condamnée de façon universelle depuis trois décennies, estimant qu’elle équivalait à un « ouragan permanent » et pouvait être qualifiée de « génocide ». Il a regretté le resserrement du blocus depuis 2018, et rappelé que lors des 14 premiers mois de l’Administration Biden le blocus avait coûté 6,6 milliards de dollars au pays. Il a rappelé que depuis sa mise en place, le coût total atteignait 1 391 milliards de dollars. « À quoi ressemblerait Cuba si elle avait pu bénéficier de ces ressources ? » s’est-il interrogé.

Le Ministre s’est également demandé pourquoi Cuba n’avait pas été incluse dans les mesures d’exemption humanitaire récemment décidées par les États-Unis. Déplorant l’effet du blocus en temps de pandémie de COVID-19, il a affirmé qu’il avait empêché Cuba d’acheter des respirateurs, tout en rappelant qu’elle avait réussi à en produire elle-même, de même que des vaccins. Il a également rappelé que 58 brigades médicales cubaines avaient été déployées dans 42 pays et territoires pour lutter contre la pandémie. Dans le même temps, des traitements médicaux spéciaux, notamment pour les enfants, comme des chimiothérapies, restent inaccessibles en raison du blocus, a-t-il regretté.

M. Parrilla a également déploré que des entreprises allemandes et françaises aient récemment dû se retirer de l’île en raison des sanctions. Il a dénoncé le blocus financier qui étrangle Cuba, notant que dans certaines régions du monde les ressortissants cubains ne pouvaient même pas ouvrir un compte bancaire. Il a aussi dénoncé l’inclusion de Cuba sur la liste des pays qui parrainent le terrorisme et affirmé qu’au contraire, son pays était victime d’actes de terrorisme organisés depuis les États-Unis. L’actuel Président des États-Unis pourrait changer cet état de fait d’une signature, a indiqué le Ministre cubain. Évoquant le titre III de la Loi Helms-Burton, il a rappelé que les entreprises des États Membres pouvaient être poursuivies devant les tribunaux étatsuniens pour avoir traité avec Cuba, appelant l’Assemblée à s’élever contre cet état de fait.

Poursuivant, le Ministre a affirmé que le Gouvernement des États-Unis consacrait des dizaines de millions de dollars afin de financer des acteurs politiques se livrant à des incitations à la haine contre Cuba. Il a également déploré les mesures de Twitter et Meta –la maison mère de Facebook– contre des institutions et des citoyens cubains. Le Ministre a estimé que le Gouvernement actuel n’avait pas de politique cubaine et que l’inertie régnait en maître, malgré quelques pas très modestes dans la bonne direction, notamment en mesure de voyages et de transfert de fonds.

M. Parrilla a souligné que le Gouvernement cubain était prêt à avancer en vue de rétablir des relations apaisées avec les États-Unis, insistant toutefois sur le fait que Cuba n’accepterait jamais de renoncer à son système socialiste qui avait été reconduit par référendum en 2019. Il a estimé que le pays progressait dans les domaines social et économique et se réinventait en permanence, notant que la seule chose qui ne changeait pas était le blocus inamovible imposé par les États-Unis. Il a rappelé que 119 000 logements avaient été endommagés par l’ouragan Ian en septembre et remercié tous les acteurs qui avaient demandé la levée temporaire des mesures coercitives à Joe Biden. Les États-Unis et le monde seraient meilleurs sans le blocus, a enfin déclaré le Ministre qui a quitté la tribune sous les applaudissements.

Explications avant vote

Avant le vote, la représentante de Belize a fait savoir que son pays votera en faveur du texte, arguant que le blocus illégal imposé par les États-Unis, a isolé Cuba du système financier international, entre autres.

Pour sa part, la déléguée des Fidji a rejeté toutes les mesures coercitives contre des États tiers, relevant en outre que les petits États insulaires en développement (PEID) comme Cuba font face à des défis particuliers. Elle a appelé tous les États à poursuivre leur soutien en faveur de ce texte condamnant le blocus de Cuba.

Explications après vote

À l’issue du vote, la République Tchèque s’exprimant au nom de l’Union Européenne a estimé que la levée du blocus faciliterait la réforme économique nécessaire à Cuba. Le délégué s’est toutefois inquiété des violations des droits humains commises selon lui par les autorités, notamment dans le cadre des évènements du 11 et 12 juillet 2021, et a appelé le Gouvernement à octroyer à son peuple plusieurs libertés, telle que celle de réunion, à libérer les prisonniers politiques, à adhérer au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels. Il l’a également appelé à ouvrir la porte à un dialogue inclusif et constructif sans condition préalable avec tous les acteurs de la société civile et de la communauté internationale, notamment ceux de l’UE.

Le délégué a salué l’annonce américaine en 2022 allégeant les restrictions dans le cadre d’envois de fonds aux familles cubaines. L’ajout de Cuba à la liste de pays soutenant le terrorisme, a contrario, est une mauvaise nouvelle pour les Cubains et pour tous, selon le délégué, d’autant plus délétère que le contexte pandémique complique la vie des Cubains. Les sanctions imposées par Washington impactent non seulement Cuba mais aussi l’UE, a déploré le délégué, remarquant qu’elles violaient en outre les accords signés entre l’UE et les États-Unis en 1998. L’accord de coopération entre l’UE et Cuba, entrant dans sa cinquième année, a permis de renforcer la relation euro-cubaine s’est réjoui le délégué, et ce, en dépit de profondes divergences, l’UE n’ayant de cesse d’encourager des réformes multiples à Cuba, a-t-il nuancé. Il a souligné que l’UE est un partenaire robuste pour Cuba, lui faisant partager ses modèles de développement tout en promouvant la démocratie dans l’intérêt exclusif des citoyens cubains. Le blocus imposé par Washington justement, entrave ces efforts : c’est pourquoi les membres de l’UE ont voté à l’unanimité pour le projet de résolution et la levée du blocus, a fait savoir le délégué tchèque.

Le Timor-Leste a amplement fustigé le blocus imposé par les États-Unis à Cuba, notamment ses effets délétères sur le droit au développement des citoyens cubains, et sur tous les secteurs-clés de l’économie cubaine, du tourisme à l’agriculture, ainsi que sur le droit à la santé.

Expliquant leur vote en défaveur de la résolution, les États-Unis ont affirmé se tenir aux côtés du peuple cubain. Ils ont rappelé qu’en juillet 2021, des dizaines de milliers de Cubains étaient descendus dans les rues pour demander la liberté et avaient affronté une répression très dure. Ils ont dénoncé le traitement subi par les défenseurs des droits humains et ont exhorté le Gouvernement cubain à libérer les prisonniers politiques et les mineurs incarcérés. Soulignant que l’embargo comprenait des exemptions, notamment en matière alimentaire, ils ont rappelé qu’ils étaient les premiers partenaires commerciaux de Cuba. Ils ont précisé que des milliards de dollars d’exportation avaient été autorisés depuis 1992 et que le montant de leurs exportations de biens vers Cuba s’élevaient à 295 millions en 2021. Évoquant l’ouragan Ian, les États-Unis ont affirmé que 2 millions de dollars avaient été transférés à Cuba par le biais d’organismes privés pour ceux qui étaient dans le besoin.

Les Îles Salomon ont voté en faveur de la résolution, rappelant que depuis 1992 l’Assemblée Générale avait voté tous les ans en faveur de la levée du blocus. La délégation a indiqué que depuis 2007 plus de cent médecins des Îles Salomon avaient bénéficié d’une formation médicale à Cuba. Elle a appelé les États-Unis et Cuba, deux États avec lesquelles les Îles Salomon entretiennent de bonnes relations, à s’engager dans un dialogue constructif.

Le Sri Lanka a souligné l’aspect désuet du blocus et applaudi le courage du peuple cubain qui, malgré l’embargo dont il est victime, a atteint des niveaux élevés de développement humain. Il a souhaité voir plus de flexibilités de la part du Gouvernement américain et a rappelé que les sanctions unilatérales ne mènent à rien.

La représentante de Nauru a estimé que le blocus menace la vie des populations cubaines en temps d’adversité et plaidé pour le respect des buts et principes de la Charte des Nations Unies.

L’Indonésie a relevé que l’Assemblée Générale rejette infatigablement toute mesure freinant le droit au développement, déplorant que cela n’ait en rien empêché Cuba de subir un blocus inique l’ayant isolé du reste du monde. Elle s’est opposée à toutes les mesures coercitives unilatérales imposées dans le mépris de la souveraineté des États ciblés. Le blocus a non seulement freiné la croissance de l’économie cubaine mais aussi celui le développement de tout un peuple, déjà aux prises avec la COVID-19, a dénoncé la délégation.

Droit de réponse

Exerçant son droit de réponse, Cuba a dénoncé les allégations fallacieuses des États-Unis qui ont affirmé qu’ils se préoccupent du sort du peuple cubain. Pourquoi, dans ce cas avoir profité de la COVID-19 pour accroître le blocus, entravant jusqu’à l’achat par Cuba d’oxygène médical, a interrogé le délégué. Cuba, a-t-il poursuivi, est victime d’une campagne de diffamation de la part des États-Unis. Il est faux d’affirmer que La Havane a réprimé des manifestations en 2021, a affirmé le délégué selon qui les procès qui les suivirent furent transparents, et concernaient seulement des atteintes à l’ordre public. Huit cents personnes aux États-Unis ont été traduites en justice du fait des évènement survenus le 6 janvier au Capitole, a rappelé le délégué. Les États-Unis seraient-ils les seuls à avoir le droit de faire respecter l’ordre sur leur territoire, a-t-il ironisé.

Le représentant a par ailleurs indiqué qu’à Cuba, les mineurs ne sont jamais soumis à la responsabilité pénale, et que les seules incarcérations injustifiées sont le fait des États-Unis, à Guantanamo. Il a également fustigé l’absence de règles encadrant les campagnes électorales aux États-Unis, soumises selon lui à des dérives xénophobes et autres. Nous nous passerons de vos leçons en matière de démocratie qui ne servent qu’à justifier les mesures coercitives unilatérales, a-t-il ajouté. Xénophobie, minorités marginalisées, droits reproductifs menacés, violences policières : le délégué a, en somme, appelé Washington à balayer devant sa porte. Il a ensuite étayé ses accusations de chiffres : 1 000 personnes mourraient chaque année de violences policières aux États-Unis, et les Afro-Américains surreprésentés dans la population carcérale, ont été 266 à mourir aux mains de la police en 2021. Le délégué a, en outre, relevé que les États-Unis sont « le seul pays à n’être pas partie » à la Convention relative aux droits de l’enfant, et qu’entre 600 et 700 000 détentions de mineurs auraient eu lieu en 2021. Enfin, l’aide humanitaire octroyée par Washington à Cuba et autres pays en difficultés est chimérique selon Cuba.