L’actualité des provinces (2)

La Province de La Havane (II)

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Peu de gens savent que depuis la réforme de 2010 les limites de la Province de La Havane se confondent avec celles de la capitale. Les touristes ne connaissent généralement que le quartier de la Vieille Havane, certes magnifiquement restauré sous la houlette du Bureau de l’Historien de la Ville, Eusebio Leal Splenger , qui tenait à y préserver par ailleurs une vraie vie de quartier. Au mieux, ils ont aussi vu la Promenade du Prado, le Capitole, le Malecón, l’Hotel Nacional et le Tropicana, mais ils n’ont qu’une faible idée de ce que sont réellement la capitale et la Province de la Havane dans leur globalité. Un article très documenté de la plateforme collaborative cubaine Ecured complètera très utilement l’information de tous ceux qui souhaitent aller au-delà des clichés touristiques et se faire une idée plus précise de la réalité cubaine. Voici la deuxième partie, géographique, de ce long article. Pascale Hébert

Situation géographique. Le territoire de l’ancienne province Ville de La Havane se trouve située dans la zone occidentale de la République de Cuba entre les latitudes 2°58’, 23°10’, de latitude nord et les 82°30’ et 82°064 de longitude ouest. Elle était la plus petite des provinces de Cuba bien qu’elle constitua la plus peuplée, en plus de posséder les taux de densité au kilomètre carré les plus élevés du pays.

Elle est bordée au nord par le Détroit de Floride, à l’est et partiellement au Sud par la province d’Artemisa et au sud-ouest et à l’ouest par la province de Mayabeque.

Située dans la zone Plaine La Havane-Matanzas, tout son littoral nord est occupé par des côtes où est localisée la baie de La Havane. A l’est se trouvent ses plages. Son hydrographie est composée des fleuves Almendares, Martín Pérez, Quibú, entre autres, et par les lacs de barrage Bacuranao et Armée Rebelle. Ce sont les sols non urbanisés qui prédominent […]

Dans la zone historique de la ville elle-même, sur les territoires des communes de Centro Habana, Habana Vieja, Regla, Guanabacoa et Habana del Este, se situe la Baie de La Havane, l’un des ports les plus importants de la zone des Caraïbes […].

Photo satellite de la province de La Havane

Tout au long de son littoral nord, sont localisées des plages d’une grande beauté, parmi lesquelles on distingue les Plages de l’Est situées dans les localités de Guanabo, Bacuranao et Santa María del Mar dans la commune de Habana del Este. Au sud, elle possède quelques élévations calcaires dans des secteurs tels que Guanabacoa, San Miguel del Padrón, Arroyo Naranjo et Boyeros.

Climat. Le climat de la ville est tropical comme dans le reste de l’île. Cependant, elle reçoit une plus forte influence continentale en hiver, due à sa proximité avec la côte sud des Etats-Unis, ce qui fait que ses températures soient plus fraîches durant ces mois-là. La température minimale enregistrée est de 2° C dans la localité de Santiago de la Vega, dans la commune de Boyeros[…]

En outre, il y a une forte influence océanique sur son climat parce que le Gulf Stream passe au large des côtes occidentales de Cuba. Les précipitations sont abondantes en septembre et octobre, et assez rares en mars et avril. Les ouragans qui frappent l’île n’impactent presque jamais directement la ville et la plupart du temps les dommages sont minimes.

A cause de la douceur de son climat la ville est visitée toute l’année. En été et en fin d’année, elle se remplit de visiteurs des autres provinces qui viennent passer des vacances auprès de leurs proches en ville et faire des achats. En hiver et au printemps, elle est envahie par les touristes étrangers qui sont hébergés dans les hôtels de luxe et se font bronzer sur les plages, en plus de visiter la ville et de parcourir ses musées.

Tout comme en Espagne, on fait la sieste par tradition pendant l’été où la température peut être très élevée certains jours, mais surtout dans les secteurs périurbains, car dans le centre l’agitation est constante et les plages et le Malecón sont bondés.

Il y a beaucoup de traditions liées aux saisons, par exemple, ça « porte bonheur » de se baigner lors de la première averse de mai, et les femmes enceintes ne peuvent pas sortir de leur chambre s’il y a une éclipse.

Baie de La Havane- La baie de La Havane est l’une des plus grandes et des plus sûres d’Amérique et du monde ; sa configuration en forme de bourse assure la sécurité des navires qu’elle accueille. Elle a une situation stratégique tant sur le plan géographique qu’économique, car elle se trouve au milieu du corridor du Golfe, une zone qui relie les ports de Veracruz, La Nouvelle-Orléans et Miami ainsi que le delta du Mississipi avec l’Europe. C’est à l’intérieur de la baie qu’a explosé le cuirassé nord-américain Maine le 15 février 1898, fait qui a servi de prétexte aux Etats-Unis pour intervenir dans la Guerre de 1895, également connue sous le nom de Guerre Nécessaire, privant ainsi de leur victoire les troupes mambis et donnant naissance à la guerre hispano-cubano-américaine, qui a constitué la première conflagration de type impérialiste.

Le port de La Havane est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants de la région et durant l’époque coloniale c’était l’un des centres stratégiques pour l’Espagne coloniale. C’est pourquoi la baie a été protégée par un réseau de fortifications très important qui comprend le Torreón de San Lázaro, le Castillo de los Tres Reyes del Morro, la Forteresse de San Carlos de la Cabaña, le Castillo de Atares, La Chorrera et d’autres constructions destinées à la protection du port et de la ville.

Carte de l’ancien système défensif de La Havane, avec l’emplacement des fortifications

L’une des constructions distinctives associées à la baie est le phare situé dans la forteresse de El Morro, dont la construction date du XVIIIème siècle, et qui fonctionne actuellement avec des optiques d’origine française, qui ont été installées au moment de sa construction, y compris les mécanismes d’origine de contrepoids et les leviers pour leur fonctionnement, le système d’éclairage (aujourd’hui électrique) étant le seul changement significatif effectué dans ce bâtiment.

Aujourd’hui l’un des défis fondamentaux de la baie est de remédier à ses taux élevés de pollution qui font d’elle l’une des plus polluées au monde, non seulement à cause de la forte concentration de population sur ses rives (près d’un million de personnes) mais parce que la majeure partie des industries de la ville se trouvent dans la zone de la baie ce qui fait que la plupart de leurs rejets finissent dans la mer.

Malgré tout, le gouvernement et plusieurs institutions scientifiques cubaines et internationales ont lancé un vaste plan de sauvetage de la baie, qui cherche par le biais de formules éducatives à inculquer des valeurs de respect de l’environnement.

Relief- Le relief de la ville est majoritairement plat, bien que l’on distingue quelques élévations, lesquelles font partie du système dénommé Hauteurs de La Havane-Matanzas, tandis que ses côtes sont généralement bordées de falaises.

Celles-ci commencent au Peñasco (Rocher) del Morro et à la Loma (Colline) de La Cabaña et continuent jusqu’à la Sierra Cojímar (collines de Urría et de San Pedro, où sont établis les noyaux urbains de Cojímar et de Alamar), de là, elles avancent jusqu’à la Sierra de Bacuranao et la Sierra de Sibarimar pour se terminer à Peñas Altas.

Au sud, la province est délimitée par le groupe des Alturas (Hauteurs) Bejucal-Madruga-Coliseo (Loma del Cacahual et les hauteurs appelées Tetas (Tétons) de Managua, ces dernières à 220 mètres au-dessus du niveau de la mer). Il existe d’autres hauteurs dans divers points de la ville, telles que le Cerro (Coteau) de Peña Pobre ou la Loma del Ángel ou la Loma de Atarés (La Habana Vieja) […]

Insérés entre ces systèmes orographiques on trouve de fertiles vallées d’entremont, comme le paysage naturel que nous pouvons observer de la plaine à l’est de Guananabacoa et au sud de Habana del Este.

Hydrographie. La province est sillonnée par plusieurs fleuves. L’Almendares est le plus grand avec 49,8 kilomètres de long et 402 Kilomètres carrés pour son bassin appelé Almendares-Vento. Il prend sa source dans la commune de San José de las Lajas, dans la province voisine de Mayabeque et il traverse huit territoires de la province : Cotorro, Arroyo Naranjo, Diez de Octubre, Boyeros, Cerro, Marianao, Playa et Plaza de la Revolución.

Il est suivi par ordre d’importance par les fleuves Quibú, Santa Ana, Jaimanitas, Cojimar, Bacuranao, Tarará, Boca Ciega ou Itabo, Guanabo, Peñas Altas, Mordazo, Santoyo, Orengo, et d’autres de moindre débit, ainsi que par plusieurs ruisseaux et lagunes. Il existe aussi plusieurs lacs de barrage comme le lac Armée Rebelle (avec une capacité de 52 millions de mètres cubes), la retenue La Coca (11,8 Millions), La Zarza (17,4 millions), Bacuranao (14,6) et d’autres plus petites comme Paso Sequito.

La baie de La Havane est une baie typique en forme de bourse, elle dispose d’un canal d’accès et de quatre rades dans sa zone intérieure : Atarés, Marimelena, Guasabacoa et Triscornia. Aussi bien à l’est de la baie qu’à l’ouest du fleuve Almendares, la province dispose de nombreuses et belles plages qui constituent sa plus grande attraction touristique.

Flore et faune. A cause de sa proximité avec le Tropique du Cancer, les températures sont agréables toute l’année. La végétation est abondante ; on distingue surtout l’anneau vert de la ville dont fait partie le Grand Parc Métropolitain de La Havane, dans le bassin de l’Almendares, qui englobe des secteurs de quatre communes : Playa, Plaza de la Revolución, Cerro et Marianao. Dans ce parc on distingue Le Bosque de la Habana, le Parque Forestal, le Parque Almendares et le barrage El Husillo. Le Parc Zoologique National, le Parc Lénine, ExpoCuba et le Jardin Botanique National font également partie de la ceinture forestière de la ville.

La capitale La Havane, vue par satellite

Il y a des secteurs dotés d’un paysage impressionnant tels que la rive du cours supérieur du fleuve Cojímar, La Lagune d’Itabo, le Rincón de Guanabo et le secteur de La Coca. Plusieurs communes de la périphérie se caractérisent par leur verdure : La Habana del Este, Guanabacoa, Cotorro, San Miguel del Padrón, Aroyo Naranjo, Boyeros, Plaza de la Revolución, La Lisa, Marianao et Playa. Cette caractéristique a fait que La Havane soit considérée comme une « Ville-Jardin ».

Cette région du pays possède plusieurs espèces endémiques de plantes. La faune est composée d’oiseaux, de reptiles et de mammifères en plus de ceux qui ont été introduits par l’homme.[…]

Démographie. La ville de La Havane correspond à la définition de la mégalopole, car d’après les données du recensement de 2002, la province totalisait 2 201 610 habitants, et dans une estimation de 2008, environ 2 148 132, ce qui représente plus de 20% de la population de la République et équivaut à une densité de 2 963,8 habitants au kilomètre carré.

Actuellement deux communes sont considérées surpeuplées en population absolue ; tel est le cas de Diez de Octubre et Arroyo Naranjo, ce qui fait que la zone Sud héberge la plus forte quantité de population. Tandis que la commune côtière de Centro Habana possède la plus forte densité de population au kilomètre carré, car d’après les données du gouvernement de cette commune, on dénombre 65 565,2 habitants au kilomètre carré, ce qui fait que sur 3,42 kilomètres carrés vivent plus de 160 000 personnes.

En plus de ces données quelque peu effrayantes, la ville a une population flottante supérieure au demi-million de personnes qui, pour diverses raisons, la visitent ou y résident temporairement, ce qui complique le spectre démographique métropolitain. […]

Cette ville-capitale avec sa ceinture métropolitaine […] est plus grande que les îles des Petites Antilles qui constituent des nations, excepté Trinidad y Tobago […]