L’amitié entre le Japon et Cuba, tel un soleil levant

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Le Japon a maintenu de solides relations de coopération avec Cuba pendant des décennies.
En pleine pandémie de la Covid -19, le Japon a donné à Cuba, en plus du matériel médical, des autobus de transport urbain.
« Les cubains ont la responsabilité et la capacité d’aller de l’avant, et nous les accompagnons dans la réalisation des objectifs de développement durable de 2023 présentés dans le Plan National de développement économique et social ».

C’est ce qu’a déclaré Kenji Hirata à Granma qui, pendant trois ans et trois mois a exercé comme ambassadeur du Japon dans la plus grande des Antilles et qui s’est récemment entretenu avec notre journal au sujet des résultats, de la portée et des perspectives de la collaboration nippone avec Cuba.

« En dépit des différences économiques, politiques et sociales et même de la distance géographique entre les deux nations, nous devons nous féliciter mutuellement d’avoir maintenu ces relations aux profondes racines historiques » a-t-il déclaré.

- Où en sont les relations bilatérales ?
Nous avons peu à peu développé les outils de coopération, plus particulièrement à partir de la visite du Premier Ministre de l’époque Shinzo Abe, en 2016.

J’ai personnellement participé à l’attribution de quatre des programmes sur huit d’Assistance Financière Non Remboursable entrepris depuis 2018. J’étais également là pour les 15 subventions accordées à des communes et pour l’aide humanitaire afin de faire face aux séquelles de l’ouragan Ian.

- Quelle importance accordez –vous à la coopération technique ?
Depuis 2002, nous avons mis en œuvre au total l26 projets basés sur cette coopération. Le savoir-faire repose sur les personnes. Elles sont les seules à pouvoir le transmettre aux autres.

« Notre pays doit son existence aux énormes sacrifices de son peuple pour le reconstruire, après la Seconde Guerre Mondiale, et ces expériences de nos victoires et nos défaites peuvent leur apporter énormément, bien que peut être de façon indirecte de par la spécificité de chaque contexte ».

« Par exemple, dans le domaine de l’innovation pour l’économie insulaire, celui des MPME, le Japon apporte son soutien de longue date, ce que nous estimons utile pour proposer des lignes directrices possibles dans l’effort de conception de la politique cubaine concernant ces modes de gestion ».

« En 2023 nous avons invité six hommes d’affaire et autant de responsables gouvernementaux dans notre pays afin qu’ils puissent voir comment fonctionnent chez nous ces entités, et puissent s’inspirer des idées et des méthodes qui leur seraient utiles.

- Quels sont les objectifs visés par l’Aide Financière Non Remboursable à Grande Échelle ?
Il nous faut préciser que cela ne se fait pas de façon unilatérale mais dans une relation dont les deux parties doivent collaborer pour obtenir les résultats souhaités visant à transformer les biens attribués en bénéfices.

Dans cette optique pourquoi un système de stockage et de gestion de l’énergie électrique dans l’île de la Jeunesse ?
La production d’électricité issue des panneaux solaires est très inégale parce qu’elle dépend directement des conditions climatiques.
« L’île de la Jeunesse combine cette énergie renouvelable avec celle issue d’autres sources traditionnelles, et ce système de stockage et de gestion permet d’augmenter ou de diminuer la fourniture d’électricité par d’autres moyens, en fonction de l’exposition solaire des parcs photovoltaïques. Ce qui par conséquent, permet de garantir la stabilité.
« Plusieurs agents de l’Union Nationale électrique suivent une formation à l’utilisation de cette technologie même si ils sont déjà extrêmement bien formés, on optimise et on raccourcit ainsi le temps d’apprentissage.
« Cette expérience peut s’avérer très utile pour le mégaprojet de 2000 mégawatts qui seraient produits par des panneaux solaires car, lorsque cette énergie sera synchronisée au Système Electrique National, la nécessité d’un mécanisme stabilisateur pourrait s’avérer nécessaire.

- Quel type d’équipements médicaux avez-vous apporté ?
En 2018 ont été envoyés dans 34 hôpitaux de 12 provinces, des appareils d’endoscopie et d’anatomie pathologique. Une demi-heure après le début de la biopsie il est possible de déterminer si un organe est atteint ou non d’un cancer.

« En 2022, avec l’intermédiation du Fond des Nations Unies pour l’enfance et dans le cadre du programme intitulé Renforcement de la Capacité Sanitaire contre la crise de la Covid-19, nous avons contribué au bon déroulement de la campagne de vaccination contre le coronavirus avec des seringues et des équipements pour assurer la chaine du froid dans 255 polycliniques.

« Cuba a fait face à cette pandémie avec une grande efficacité et à nouveau je félicite le gouvernement. Je suis fier que nous ayons pu apporter quelque chose à ce combat.

« En 2022 nous avons également fourni à 64 centres hospitaliers, des appareils d’aspiration ainsi que des appareils portables à ultrasons et à rayons x, les premiers permettent d’extraire des liquides représentant un risque d’asphyxie pour les patients souffrant de problèmes respiratoires.

« Dans le même temps les appareils d’imagerie médicale, dans le contexte du virus susmentionné, ont diminué les risques de contagion au sein des hôpitaux, en limitant les déplacements des patients vers les salles équipées de ces appareils.

- Comment votre pays contribue –t-il à l’agriculture et plus particulièrement, à la culture du riz ?
Les noms de famille se terminant par « ta », comme le mien sont très courants chez nous parce que ces deux lettres signifient « arrozal » (rizière). Sa culture fait partie de notre culture et de notre alimentation depuis des millénaires. Et il est tout naturel de vouloir de partager les connaissances dans ce domaine en raison de son profond enracinement dans la plus grande des Antilles.

Nous intervenons dans deux directions : la coopération technique et l’assistance à grande échelle. Concernant la première, il y a 18 ans nous avons travaillé à l’identification de semences idéalement adaptées aux caractéristiques de Cuba, ainsi qu’à en assurer la production et la distribution. Plusieurs agriculteurs les ont déjà.

« Nous avons en outre introduit de nouveaux équipements que j’ai pu voir sur le terrain dans des provinces comme Cienfuegos et Pinard Del Río. Au total elles sont présentes dans neuf territoires.

- Quelle a été la réponse du Japon en matière d’aide humanitaire suite aux catastrophes naturelles ?
Le plus important c’est la rapidité, d’abord dans l’identification des besoins par les autorités locales pour réparer les dégâts, ensuite que l’on fasse appel aux secours, et enfin la livraison de matériels disponibles en fonction de ce dont dispose dans l’immédiat le pays qui prête assistance.

« Nous disposons de centres où nous stockons ces matériels, et si les besoins coïncident avec ce qui est immédiatement disponible, tout est beaucoup plus rapide. En 2022 j’ai effectué une livraison de fournitures qui comprenait 23 purificateurs d’eau, autant de réservoirs simples pour stocker le liquide et 50 bobines de câbles et adaptateurs.

- Quel est l’impact de l’Assistance Financière Non Remboursable sur les questions de sécurité humaine à l’échelle locale ?
Il est réduit, chaque projet d’Assistance peut coûter au maximum 130 000 dollars, mais ils apportent des réponses à des problèmes de localités de taille modeste.

« Par exemple, dans certaines villes complexes dans la région de Cienfuegos, nous avons installé des équipements de pompage basés sur l’énergie renouvelable et l’approvisionnement en eau des habitants est plus régulier, par ailleurs le gouvernement a pu économiser l’argent investi dans l’acheminement du liquide par canalisation.

- Comment misez-vous sur la sécurité alimentaire locale ?
Nous installons des systèmes d’irrigation alimentés par l’énergie photovoltaïque, nous donnons, en plus des filets pour diminuer l’impact du soleil sur les cultures, des tracteurs et autres équipements. Nous soutenons aussi la transformation des aliments avec l’envoi d’appareils tel que des centrifugeuses, pour les commercialiser et donner une valeur ajoutée aux produits.

- En quoi consiste le l’action culturelle ?
Jusqu’en 2014 12 projets ont été mis en œuvre, mais ils ont, depuis, été arrêtés. Parmi les retombées on compte l’installation de système de sonorisation dans les théâtres, l’envoi d’instruments de musique à l’Orchestre Symphonique National et la réalisation du Planétarium de La Havane.

- Quels enseignements les plans directeurs laissent-ils ?

Dans un certain sens, pour établir le rapport final, les équipes nipponnes et cubaines d’experts travaillent et apprennent ensemble et établissent des relations de confiance.

« Le rapport final analyse la problématique et fait des suggestions à ce sujet. Il n’a de valeur que si ceux qui en ont la tâche, l’étudient et le mette en pratique avec des financements et des moyens humains suffisants.

« Deux projets de ce type existent déjà dans les domaines du transport et de l’énergie renouvelable. Dans le premier cas, la clé de la réussite est dans une grande mesure due au renforcement logistique. Alors que dans le second la formation pour la gestion des énergies renouvelables et des systèmes de connexion de l’énergie électrique .est fondamentale.

La coopération japonaise envoie « un message d’amitié, de solidarité et d’espérance mérité et nécessaire. Il est l’un de ses peuples amis que nous encourageons à des efforts soutenus pour atteindre leurs objectifs nationaux ».