La qualité de l’enseignement à Cuba

Partager cet article facebook linkedin email

AMERIQUE LATINE : UNE ETUDE REGIONALE CONFIRME LA QUALITE DE L’ENSEIGNEMENT A CUBA

Une étude régionale (ERCE 2019), publiée en 2021, a été menée en 2019 afin d’évaluer les acquis de l’apprentissage des élèves des systèmes éducatifs d’Amérique Latine et des Caraïbes.

Elle a été coordonnée par le Laboratoire Latino-américain et Caraïbe (OREALC/UNESCO) de Santiago du Chili avec l’appui du bureau régional de l’UNICEF et les résultats ont été traités par le Centre de Mesure de l’Université Pontificale Catholique du Chili.

16 pays ont participé : Argentine, Brésil, Colombie, Costa Rica, Cuba, Equateur, Salvador, Guatemala, Honduras, Mexique, Nicaragua, Panama, Paraguay, Pérou, République Dominicaine et Uruguay.

160 000 élèves ont pris part aux tests dont 10 400 petits Cubains.

L’étude à porté sur le niveau scolaire des élèves du 3ème degré (environ 8 ans) et du 6ème degré (environ 11 ans).Elle portait sur les aptitudes en lecture et mathématiques pour le 3ème degré et sur la lecture, les mathématiques et les sciences pour le 6ème degré.

Pour la première fois, elle a aussi concerné les capacités socio-émotionnelles des élèves dans quatre domaines (empathie, attention aux autres, compassion et sens critique).

Cette seconde partie de l’étude (riche de conclusions intéressantes) fera l’objet d’un prochain article.

Une limite : l’étude ne concerne que les enfants scolarisés

L’étude ne prend pas en compte le fait que, dans plusieurs pays, une partie des enfants ne va pas à l’école. Par exemple, un article du journal colombien, “El Tiempo”, de 2013 précisait que 11 % des enfants en âge scolaire n’allaient pas à l’école en Colombie. Selon l’UNESCO, les illettrés péruviens représentaient 12 % de la population et une étude de la faculté d’Economie menée par Dante Prado Ñaupa et Luis Félix Rojas estimait que le nombre d’analphabètes de 15 ans s’élevait à 15 % dans la région de Cusco. Au Brésil, une enquête nationale de 2006 estimait que 1,4 millions d’enfants, âgés de 5 à 13 ans, travaillaient pendant la semaine. En République Dominicaine (comparable en terme de PIB et de population à Cuba) le journal « Diario Libre » de juin 2021, indiquait que 48 000 enfants ne vont pas à l’école primaire (119 000 jeunes ne poursuivent pas d’études secondaires).

Cette absence d’une partie des enfants issus de milieux défavorisés fausse les résultats d’ensemble de plusieurs pays.

A Cuba, tous les enfants vont à l’école. J’ai repris des éléments d’une étude menée par V. Concha, M. Bakieva, et J. Jornet, de 2019, intitulée « Système de prise en charge de l’éducation des enfants en Amérique Latine et aux Caraïbes » (Université Melilla-Grenade) afin de mettre en exergue les efforts fournis par la Grande Île dans le domaine de l’éducation.


C’est ainsi que l’on note que Cuba consacre près de 13 % de son PIB à l’éducation, loin devant les autres pays d’Amérique Latine. On retient aussi qu’il y a en moyenne un enseignant pour 9 enfants en primaire à Cuba. Il s’agit d’une moyenne, ce qui me rappelle les paroles d’un vieux paysan de la Sierra Maestra : « Avec la Révolution, là où il y a un enfant, il y a une école ! ».


En effet, à Cuba, il n’y a pas de désert scolaire. En 2008, on comptait, dans les zones rurales, 1 395 écoles avec moins de 6 enfants dont 201 écoles avec un seul enfant et ces élèves bénéficient du même niveau de formation que ceux des villes et villages plus importants.

Matières ayant fait l’objet de l’étude

Lecture

Les élèves devaient lire divers textes et répondre à une série de questions destinées à évaluer leur compréhension de ce qu’ils avaient lu en partant de deux axes (compréhension des textes et niveau de vocabulaire). De plus on évaluait trois groupes de compétences (compréhension littérale, capacité de déduction et sens critique).

Mathématiques

Les élèves devaient utiliser leurs connaissances, leurs capacités d’analyse, de réflexion et de découverte de stratégies pour résoudre des problèmes concrets et réels.

Les tests devaient permettre d’évaluer les différents domaines de connaissances (opérations, géométrie, grandeurs et mesures, statistiques, séries et algèbre).

Sciences

Les tests portaient sur cinq domaines de connaissances (le corps humain et la santé, la technologie et la société, la terre et le système solaire, l’énergie et la matière, les êtres vivants et l’écologie).

Cette matière ne concernait que les élèves du 6ème degré (11 ans environ).

Les principaux résultats de l’étude

Pour les élèves du 3ème degré (environ 8 ans) :


Que ce soit en lecture ou en mathématiques, les élèves cubains se situent au dessus de la moyenne régionale (697 en lecture et 698 en mathématiques). Ils arrivent même en tête en ce qui concerne les mathématiques.

Il convient de noter les difficultés des enfants de la région pour arriver au niveau II, même si 70 % des élèves cubains l’atteignent en lecture et 75% en mathématiques.

Pour les élèves du 6ème degré (environ 11 ans) :


Une majorité d’élèves de la région n’atteint pas le niveau III.

Les élèves cubains se situent au dessus de la moyenne régionale en lecture (696) et, curieusement, juste à la moyenne régionale en mathématiques (697) alors que ceux du 3ème degré sont en tête.

En sciences, les jeunes cubains sont arrivés largement premiers, ce qui est de bon augure par rapport aux projets de développement dans ce domaine.

Les différences entre garçons et filles et les facteurs associés aux résultats :

L’étude a également abordé les questions de différence de genre par rapport aux résultats. A Cuba, on ne note pas de différence entre les performances des filles et des garçons en ce qui concerne les mathématiques et les sciences. Cependant, on relève une différence en faveur des filles pour la lecture.

Les facteurs associés aux résultats des élèves ont aussi été évalués. Les principaux facteurs positifs à Cuba sont l’accès à l’éducation préscolaire, le nombre de jours de la semaine consacrés aux études, l’engagement des parents et leurs attentes, le niveau socioéconomique des familles. Les attentes des enseignants concernant le futur de leurs élèves jouent un rôle important de même que leur intérêt pour le bien-être des enfants, le soutien qu’ils apportent à leurs apprentissages et l’organisation et la planification des enseignements.

Les inégalités sociales expliquent aussi les relatifs bons résultats de pays comme le Brésil, le Pérou ou la Colombie, par exemple, quand on sait qu’une partie des enfants ne vont pas à l’école ou travaillent.

Comme on peut le constater, il ne s’agissait pas d’une compétition entre pays mais d’une évaluation destinée à améliorer les pratiques en matière d’enseignement de façon à réduire les inégalités sociales et la pauvreté dans l’ensemble des pays d’Amérique Latine et des Caraïbes.