La question du tourisme médical
Sachant que Cuba a de réelles compétences en matière de santé et que le gouvernement souhaite développer l’activité du « tourisme médical » Sylvaine et moi avons tenté l’expérience avec l’objectif d’améliorer notre traitement du diabète.
Nous avons pu effectuer ce séjour « médical » en avril 2023. Je vais tenter ici de vous expliquer comment nous avons organisé ce voyage, sa préparation, son déroulement et la conclusion.
Préparation
La première étape consiste à prendre contact via le site spécialisé qui est en charge du tourisme médical à Cuba. Ce site m’a été indiqué par notre ami Philippe Alder qui réside à la Havane et que je remercie ici pour l’aide qu’il nous a apportée.
Une première remarque à propos des délais pour cette étape très importante de préparation : sachant que nous souhaitions partir pour le mois d’avril, j’ai entamé les démarches en décembre et c’était déjà un peu tard. Je conseillerais donc de prévoir 6 mois de délais entre le début des démarches et la date de départ souhaitée.
Tout les échanges se sont fais par mail et/ou WhatsApp, les délais de réponses peuvent sembler longs sous nos latitudes mais il faut comprendre qu’on s’adresse à une administration qui va transmettre notre dossier à une équipe médicale. Cette équipe demandera ensuite des précisions qui dépendront de la pathologie à traiter et elle proposera ensuite un protocole de soins.
A propos des échanges, la langue choisie pour la communication est importante et si vous parlez espagnol c’est parfait. Sinon vous pouvez communiquer en anglais ou faire traduire vos documents médicaux par un ami de CCF (Je remercie particulièrement Gonzalo sur ce point).
Plus généralement je remercie aussi les amis de CCF qui m’ont chacun à leur tour aidé comme ils ont pu. Pour le coté pratique des billets d’avions, l’association Cuba Linda a été efficace.
Le centre de soins qui nous a été proposé fut donc « La Pradera » situé dans la banlieue ouest de La Havane. Le coût fut d’environ 4000 euros par personne, soit 140 euros par jour et par personne (tout compris frais médicaux et hébergement).
Le séjour
Pour ce type de séjour, il faut prévoir un minimum de 4 semaines (plus ou moins selon la pathologie). On peut arriver et repartir directement sur le site mais nous avons préféré prendre quelques jours avant et après à la Havane. Au total nous sommes donc partis 5 semaines.
Le transfert entre notre casa et La Pradera se fera le dimanche dans l’après-midi de façon à démarrer la prise en charge médicale dès le lundi.
La première semaine sera consacrée à la rencontre des médecins, bilan de santé et mise en place du protocole de soins. Nous prenons nos marques et nous installons dans une grande chambre confortable.
Le centre inauguré en 1996 par Fidel Castro a un peu vieilli et semble souffrir d’un manque d’entretien qui s’explique (comme pour le reste de l’architecture cubaine) par la difficulté à avoir les matériaux (à cause du blocus) et aussi par le peu de fréquentation du centre.
Celui-ci pourrait accueillir plus de cent personnes alors que nous ne sommes qu’une dizaine dans la salle du restaurant. Le problème du tourisme qui ne repart pas depuis la crise du Covid frappe ici de plein fouet et on comprendra que ce centre qui fonctionne à 10 % de la capacité prévue ne peut pas fournir l’ensemble des prestations pour lesquelles il a été conçu.
Néanmoins, il y a une chose pour laquelle les cubains sont au top de leur capacité c’est la ressource humaine avec tout ce que cela implique tant par la compétence que par leur gentillesse.
Ce qui nous surprend le plus la première semaine, c’est le travail en équipe. Et l’absence apparente de hiérarchie.
Un médecin référent nous sera affecté, mais dans cette semaine nous rencontrerons tous les spécialistes nécessaires à l’établissement d’un diagnostic complet.
Toutes nos petites douleurs annexes (bien que non expliquées dans nos documents préparatoires) seront prises en compte dans l’élaboration du protocole de soins. Nous avons pu consulter de nombreux spécialistes, y compris en urgence (Ophtalmologiste, Néphrologue, Rhumatologue).
En fin de semaine nous avons chacun notre programme à base d’électrothérapie, osonothérapie, auriculothérapie, massages, acupuncture, sauna et salle de sport. L’essentiel des soins se déroule le matin et l’après-midi nous répartissons notre activité entre la salle de sport, la piscine et les balades dans le parc.
Nous pouvons aussi sortir du centre mais malheureusement la pénurie de carburant fait que les autobus qui desservent normalement le centre sont très aléatoires et notre faible pratique de l’espagnol ne facilite pas nos escapades.
La salle de sport n’était pas au départ une activité que nous aurions choisie, mais finalement quand la température extérieure est au-delà des 35°C nous avons apprécié le coté climatisé de cette salle dans laquelle nous nous retrouvions à 4 personnes maximum.
Conclusions
Au terme de ces quatre semaines de traitement nous avons perdu quelques kilos comme nous le souhaitions et nous avons pu diminuer nos doses de médicaments pour le traitement du diabète.
Six mois après, ces résultats sont conservés, la pérennité de cette amélioration est donc correcte.
Pour ce qui est du traitement de nos petites douleurs annexes, c’est moins probant car les recommandations des médecins cubains nous incitant à continuer de l’électrothérapie, acupuncture et autres médecine « traditionnelle » sont pratiquement impossibles à pratiquer dans nos provinces françaises. En France nous ne sommes plus des patients mais des clients consommateurs de l’industrie pharmaceutique.
Lors de nos visites chez nos « spécialistes » français qui s’étonnent de l’amélioration de notre diagnostic diabétique, nous expliquons notre séjour cubain. Les réactions sont bien souvent condescendantes et aucun ne demande à voir le compte rendu médical qui nous a été remis (en Français) à notre sortie.
Tout n’était pas parfait et nous avons aussi rencontré certaines situations difficiles avec des moments d’attentes interminables. Notre vocabulaire a rapidement été enrichi du terme « momento » qui est la pratique quotidienne de beaucoup de cubains.
L’essentiel des difficultés sont à l’évidence dues au blocus intolérable qui inexorablement pourrit la vie quotidienne des cubains.