Alzheimer à Cuba : l’essai clinique de phase 3 démarre avec NeuralCIM (R)

Par Sheila Noda Alonso publié par ACN le 24 février 2023.

Des spécialistes de différentes institutions de santé de la capitale, du Centre de Contrôle d’État des Médicaments, des Équipements et Dispositifs Médicaux et de l’équipe de chercheurs du Centre d’Immunologie Moléculaire (CIM) et CIMAB SA, ont participé hier au séminaire du début de l’essai clinique de phase 3 avec NeuralCIM(R) [ NeuroEPO].

La rencontre, qui a eu lieu à la Chambre de Commerce de Cuba, avait pour but de former le personnel impliqué au protocole, aux caractéristiques et aux conditions pour le développement de l’étude, qui évaluera l’efficacité et la sécurité de NeuralCIM (R) pour les patients atteints d’un Alzheimer léger ou modéré.

A partir de la semaine prochaine commenceront à la Havane les consultations de classement pour inclure 413 patients, pendant que dans le reste du pays on réalisera, de même, un essai clinique de phase 3 qui portera sur 1 456 patients, a affirmé à la presse la Docteure en Sciences Leslie Pérez Ruiz, chercheuse du CIM et promoteure de l’étude clinique du Neuro EPO sur la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives.

La différence entre ces deux recherches réside dans le fait que dans la capitale on réalisera un diagnostic de la maladie du point de vue clinique et moléculaire alors que dans le reste du pays ce sera seulement au travers d’un diagnostic clinique, en raison de la complexité de ce type de recherche, a rajouté la chercheure.
Elle a mentionné que l’essai à la Havane durerait 18 mois et que dans les autres provinces la durée serait de 24 mois, chacun d’eux avec des analyses intermédiaires pour évaluer le comportement du traitement.

Comment se réalisera l’essai à la Havane ?

Le Docteur Nelson Gomez Viera, chef du service de neurologie de l’Hôpital Clinique Chirurgical Hermanos Ameijeiras, a dit que cette étape permettrait de consolider les preuves obtenues dans l’utilisation du NeuralCIM(R) dans les cas Alzheimer légers et modérés, à partir des résultats du produit comparés avec le Donepezilo (traitement utilisé dans le monde pour traiter la démence) et combiné avec lui.

Il a expliqué que ces personnes envoyées dans les sites cliniques qui présenteraient des symptômes en lien avec les démences seraient évaluées dans une consultation de classement où on effectuera un examen physique et neurologique, en plus d’un groupe d’analyses de laboratoire.

Le Chercheur Titulaire et Professeur a souligné que, pour la première fois dans le pays, on procéderait à la détermination de la protéine ABeta 42 dans le liquide céphalo-rachidien, en effet, il est mondialement admis qu’il confirme le diagnostic d’Alzheimer.

De même, on utilisera la résonance magnétique et on évaluera la protéine tau liée à la maladie, ce qui met le protocole, du point de vue scientifique, à la hauteur des pays les plus développés, a estimé Gomez Viera.

Comment se comporte la maladie à Cuba ?

Le Docteur en Sciences Juan Llibre Rodriguez, Président de la Section cubaine de la maladie d’Alzheimer, a signalé qu’il y avait pour cette affection plus de 300 médicaments, objets de recherche, qui tentent de ralentir son cours et, dans ce contexte, NeuralCIM(R) pourrait être un traitement qui améliore les symptômes et évite que les personnes n’arrivent trop rapidement aux étapes plus avancées.
Il a déclaré que les démences en général, et Alzheimer en particulier, sont un problème croissant de santé dans le monde et que celle-ci constitue la cause la plus commune de démence.

On estime à 55 millions environ les personnes atteintes de démence et en 2040 elles seront environ 130 millions, tandis que, dans le pays, les recherches conduites au cours des 20 dernières années démontrent une prévalence de démence de 10,2 % des personnes de 65 ans et plus, a détaillé le Membre Titulaire de l’Académie des Sciences de Cuba. Il a précisé que dans 60 % des cas il s’agit d’Alzheimer et qu’en ce moment 160 000 personnes souffrent de démence, ce qui représente 1,3 % de la population cubaine.

Cette problématique ne concerne pas seulement la plus grande des îles des Antilles – précise l’expert, elle englobe les nations avec la plus haute espérance de vie, car l’âge est le principal facteur de risque non modifiable. Llibre Rodriguez a émis l’avis que la pandémie du Covid 19 avait aussi provoqué une augmentation du nombre de personnes atteintes de démence, due aux effets provoqués par le Sars-Cov 2 sur le système nerveux central des patients ; de plus, l’isolement social des personnes âgées a entraîné des sentiments de dépression, de solitude et d’anxiété.