Le Président cubain plaide à Paris pour un ordre international nouveau et plus juste
Le Président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel est venu en France pour assister au « Sommet pour un Nouveau Pacte Financier Mondial » qui s’est tenu à Paris, au Palais Brongniart, les 22 et 23 juin, convoqué à l’initiative du Président de la République Française, Emmanuel Macron.
Source : Granma, Cubadebate, Radio Habana Cuba
A ce sommet participaient 40 chefs d’Etats et de gouvernement, directeurs d’institutions internationales et représentants de la société civile. Outre Miguel Diaz-Canel, étaient notamment présents les Présidents Luiz Inacio Lula da Silva, du Brésil et Gustavo Petro, de la Colombie.
Le Président cubain participait en tant que président pro tempore du Groupe G77 plus la Chine, qui rassemble 134 états des 193 états membres de l’ONU.
Le Président est intervenu le jour de l’ouverture du sommet pour aborder l’impact de l’architecture financière actuelle et l’urgence de la transformer.
« Je ne révèle aucun secret si j’affirme que les conséquences les plus désastreuses de l’ordre économique et financier international actuel, sont profondément injustes, antidémocratiques, spéculatives et excluantes et elles pèsent plus lourdement sur les pays en développement », a-t-il averti.
Diaz-Canel a appelé en ce sens à repenser les bases actuelles qui définissent les relations Nord-Sud et la coexistence entre nations sur la planète.
Il a également mis en garde contre les conséquences désastreuses pour le Sud de l’ordre financier dominant, en particulier l’obstacle qu’il représente pour la réalisation des objectifs de développement durable.
Dans des conditions aussi défavorables, le Sud ne peut pas générer et accéder aux 4,3 billions de dollars annuels dont il a besoin pour atteindre les objectifs de développement durable au cours de la décennie d’action restante, a-t-il souligné.
Conscient de la responsabilité de porter la voix du Groupe des 77 plus la Chine, le président cubain a appelé à changer ce panorama dont souffrent de nombreux pays.
« Nos peuples ne peuvent pas et ne doivent pas continuer à être des laboratoires de recettes coloniales et de formes renouvelées de domination qui utilisent la dette, l’architecture financière internationale actuelle et des mesures coercitives unilatérales pour perpétuer le sous-développement et augmenter les coffres de quelques-uns aux dépens du Sud », a-t-il déclaré.
Parmi les propositions concrètes, il a mentionné la réforme des institutions financières internationales, tant en matière de gouvernance et de représentation que d’accès au financement, qui doit prendre en compte les intérêts légitimes des pays en développement.
Il a également appelé à une recapitalisation rapide et substantielle des banques multilatérales de développement et à des mesures concernant l’accès aux marchés, le renforcement des capacités et le transfert de technologie.
Il a également appelé à des mesures urgentes de progrès en matière de développement durable qui vont au-delà du produit intérieur brut, afin de définir l’accès des pays en développement à un financement concessionnel et à une coopération technique adéquate.
« Nous devons également garder à l’esprit que le changement climatique a transformé la nature des défis du développement. Par conséquent, l’agenda climatique convenu au niveau international doit être appliqué conformément au principe d’équité et de responsabilités communes mais différenciées et de capacités respectives », a-t-il déclaré, conformément à la position de Cuba et du G77
Il a poursuivi en disant qu’il est « profondément décevant » que l’objectif de mobiliser 100 000 millions de dollars par an et jusqu’en 2020 comme financement climatique, n’ait jamais été atteint et que s’est ajouté à ce vide l’accumulation de défauts de paiement et l’impact de l’inflation.
Après avoir appelé à envoyer « un message politique clair qui renouvelle notre engagement collectif à mettre en œuvre le Programme 2030 et ses objectifs de développement durable », il a appelé à repenser les relations Nord-Sud et la coexistence sur la planète.
C’est alors qu’il a rappelé le combat inlassable de Fidel sur ces questions et en citant un extrait d’un de ses derniers textes, pour en appeler à la conscience collective.
« Ne restons pas dans l’histoire comme des dirigeants qui auraient pu faire la différence dans notre destin commun et qui n’ont pas su le faire. »
Dans le cadre de son programme à Paris, Diaz-Canel s’est entretenu avec des personnalités participantes, dont le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et le Président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva.