Le conte des faits !

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Chers Amis lectrices et lecteurs,

Après ces moments intenses relatés dans votre Lettre lors du dramatique incendie de Matanzas et ceux plus proches évoquant le débat historique que nous avons eus au titre du Forum 2022 qui a vu la mise en place d’une démarche européenne pour combattre le blocus, la lecture de ce nouvel édito peut vous paraître désuète et sans grand intérêt. Néanmoins, j’ai la faiblesse de penser que les témoignages et le ressenti dont je fais état depuis près d’un an apportent une petite pierre au mur que nous construisons contre la désinformation et au pont que nous lançons pour bloquer le blocus.

Je reviens sur la création de l’ENAS, cet Établissement National d’Analyses et de Services, qui me paraît l’image même de la profonde évolution des Services Administratifs et Techniques de l’INRH et des autres ministères. La création d’un établissement national n’est pas une mince affaire à Cuba : comme toutes les réformes, une fois annoncées, elles doivent aboutir. La décision relève d’au moins deux critères : connaître les besoins et estimer les ressources ; ensuite, le succès dépend de la compétence de ses dirigeants -dégagés désormais, s’ils le souhaitent, de tout rôle politique- de leurs motivations et, en l’occurrence, de l’aide apportée au titre de la coopération.

L’eau c’est la vie, la nécessité de bien la connaître sous toutes ses formes, depuis sa source jusqu’après son utilisation en tous lieux, est une évidence, quel que soit son emploi : consommation, toilette, ménage, industriel, ludique ou sportif. Il ne faut pas oublier, en fait, que l’eau charrie sa propre pollution.

En ce qui concerne les ressources en hommes et en matériels (je devrais dire en femmes, car 73 % des emplois à l’ENAS sont féminins), l’État disposait du Centre d’Essai de La Havane et de multiples laboratoires d’analyses rattachés dans chacune des provinces aux entreprises étatisées en charge de l’eau et de l’assainissement. Cette pratique présentait deux inconvénients majeurs : d’une part, celui d’être juge et partie pour les entreprises et d’autre part, celui de n’avoir aucun lien entre elles, c’est-à-dire un manque de cohésion, des prises d’échantillons et des méthodes d’analyses différentes et une absence totale de centralisation.

La création d’un établissement national devait répondre à ces critiques. Quant au succès rapide de l’entreprise, qui se classe maintenant, au niveau fiabilité des analyses, dans les dix premières mondiales, il est dû au management de sa direction qui s’appuie largement sur la coopération du SIAAP et de notre Association.

Le SIAAP avec son laboratoire de Colombes a joué et joue un jeu déterminant au niveau de la formation, avec l’accueil de stagiaires à Colombes ou l’organisation de séminaires regroupant une trentaine de personnes, animés sur l’Île par ses spécialistes. Cette démarche a conduit à l’accès des laboratoires à la plupart des normes ISO et à l’accréditation internationale d’analyses d’une douzaine de paramètres. Un petit bout de chemin reste à parcourir pour parvenir dans les années qui viennent à l’accréditation souhaitée d’une vingtaine de paramètres, sur la trentaine existants.

Si le blocus ne peut rien contre la formation, il sévit malheureusement sur le matériel, dont l’acquisition est du ressort de l’Association. Malheureusement, le peu d’appareils de cette nature encore fabriqués en France comportent des composants sous licence U.S. et, par peur de représailles, les fabricants refusent l’exportation vers Cuba. Nous sommes donc conduits soit à la recherche d’appareils réformés, soit à la recomposition d’appareils à partir de pièces détachées prélevées sur des matériels hors services, soit à l’achat d’appareils à l’étranger. C’est ainsi que le dernier lot de thermomètres de précision provient d’Australie !

Ce blocus lamentable conduit à des surcoûts et à un allongement des délais de livraison de plusieurs mois, mais c’est bien ce qui est recherché dans tous les domaines par les voisins du Nord.

Je vous remercie de votre attention et vous laisse consulter cette nouvelle Lettre, composée à votre intention par une équipe qui a été très sollicitée par les préparatifs et l’animation de notre stand à la grande fête populaire de l’Humanité.
Christian Huart