Le jour J :

Date de l'événement :
Jeudi 6 juin 2024 - 00h00
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Il me revient donc le privilège d’ouvrir cette lettre le jour du quatre vingtième anniversaire du débarquement allié sur nos côtes. A priori cet évènement majeur qui marque le début de la fin de l’occupation nazie en France n’a aucun rapport avec Cuba. Pourtant par un esprit abscons, et en gratouillant l’histoire, on peut trouver des points communs.

Une première question tout d’abord, aux côtés des forces Canadiennes et Britanniques la majorité des troupes était Américaine. Comment un peuple aussi généreux, héroïque, épris de liberté, qui a sacrifié près de 4 000 hommes tués ou blessés en ce 6 juin, n’exige pas de la part de ses représentants la fin de ce blocus cruel qui affame et asphyxie le peuple cubain comme nous l’avons constaté lors de notre dernière mission.

Une seconde question, le maître incontesté du jour J, même s’il y avait quelques arrières pensées quant à la main mise sur l’administration française, fut le général Eisenhower. Le succès assuré, il confirma que sans la volonté du peuple français et sans l’action de la résistance, il n’aurait pu mener à bien cette opération. Six ans plus tard, à la fin de son mandat de Président des États-Unis, a-t-il oublié cette analyse ? En négligeant l’unité du peuple cubain, qui n’allait pas se soulever contre ses libérateurs de la corruption et la débauche initiés par Batista, il fit un cadeau empoisonné à son successeur John Kennedy qui essuya un cuisant échec à la baie des cochons !

À ces questions qui resteront sans réponse, je terminerai par deux petites histoires.

Il y a quelques années le président Roger Grévoul me demande de représenter notre association aux journées d’études dédiées aux relations du général de Gaulle avec les pays de l’Amérique du Sud. Lors de la matinée consacrée à Cuba, j’ai tout d’abord la surprise de voir l’ambassadeur de Cuba en France me demander de siéger à ses côtés, au grand étonnement de l’assemblée politico-historico-gaullienne. J’ai appris ensuite que le comité France libre de Cuba, qui avait son siège à deux pas de l’Hôtel Nacional à La Havane, avait été, selon Jacques Soustelle, considéré comme le comité le plus actif de la France libre en Amérique du Sud. Il avait notamment obtenu de la part du gouvernement de la République de Cuba, le 9 avril 1942, la reconnaissance du gouvernement de Londres. Ce geste plaça Cuba dans la liste des premiers États à reconnaître le gouvernement de la France libre.

Anna - Maria Reyes qui fut l’une des premières directrices de la Maison Victor Hugo à La Havane était passionnée de cinéma et d’histoire. Elle avait entrepris une recherche sur les Cubains décorés de la légion d’honneur. Elle m’affirmera un jour qu’au sein de la colonne Dronne qui fut la première à pénétrer dans Paris le 23 août au soir et qui était composée ensuite de la Nueve des républicains espagnols, il y avait aussi des Cubains qui étaient venus en Espagne pour s’opposer à la dictature de Franco. Selon elle le troisième Half-track était entièrement cubain.

Entre les cérémonies marquant ce 6 juin, les reportages, les images d’archives, consacrez quelques moments à lire cette lettre, et diffusez autour de vous les vraies nouvelles de Cuba.

Christian Huart
Vice-Président