Le lézard bleu de Cayo Coco

Cuba maintient sa recherche scientifique et sa défense de l’environnement

Date de l'événement :
Samedi 19 octobre 2024 - 03h00
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Malgré ses énormes difficultés, Cuba maintient sa recherche scientifique et sa défense de l’environnement. Cap sur Cayo Coco (370 km2), couvert de végétation à 85%, deuxième plus grand îlot de l’archipel Jardines del Rey, dans le plus vaste ensemble Sabana-Camaguëy. Relié à la province de Ciego de Ávila par une digue de 27 km, il abrite des infrastructures touristiques sur la côte nord mais tout le reste est protégé.
P. Hébert

De nouvelles données scientifiques sur un reptile de Cayo Coco

Article de Román Romero López (ACN), Invasor, Ciencia y Tecnología, 8 août 2024,

Photo : Courtoisie de la personne interviewée

Des recherches sur le chipojo bleu (Anolis equestris cyaneus), sous-espèce endémique restreinte essentiellement aux zones de la Réserve Ecologique Centre et Ouest de Cayo Coco, au nord de la province de Ciégo de Àvila, permettent d’élargir et d’actualiser les connaissances scientifiques pour une meilleure gestion et conservation de ce reptile.

Dans ses déclarations exclusives à l’Agence Cubaine de Nouvelles, Daylon Fundora Caballero, titulaire d’un Master en Sciences, chef du Département des Ressources Naturelles, des Ecosystèmes Prioritaires et du Changement Climatique, à la Sous-délégation de l’Environnement de la Délégation Territoriale du Ministères des Sciences, de la Technologie et de l’ Environnement, a fait mention de résultats qui indiquent des variations dans l’utilisation des ressources structurelles de l’environnement.

Les enquêtes qu’il mène conjointement à d’autres spécialistes et techniciens de cette zone protégée de la province de Ciego de Ávila, révèlent de nouvelles données sur le régime alimentaire et la taille de cet animal, en plus d’apporter des descriptions détaillées sur ses dessins de coloration et d’ouvrir des possibilités pour étudier son écologie reproductive.

Des contrôles réalisés par les travailleurs du Projet de Conservation des Reptiles de la Réserve Ecologique Centre et Ouest de Cayo Coco, sous l’égide de l’Entreprise Provinciale de la Flore et de la Faune, doivent permettre de déterminer la densité du chipojo bleu dans les différentes formations végétales et sa répartition dans l’archipel des cayos au nord de la province de Ciego de Àvila, une information très précieuse pour établir son statut d’espèce menacée.

Cela revient à préciser s’il se trouve parmi l’une des catégories en fort danger d’extinction (Vulnérable, en Danger ou en Danger Critique), qui jusqu’alors n’avait pas été définie parce qu’il n’existe pas de résultats scientifiques qui indiquent l’état de la population de cet animal, de sorte que c’est une autre des nouveautés de cette actuelle recherche.

Mr Fundora Caballero, biologiste spécialisé en herpétologie et également chercheur auxiliaire du Centre d’Ingénierie Environnementale et de Biodiversité de Ciego de Àvila, a précisé que l’Anolis Equestris Cyaneus est l’une des huit sous-espèces d’Anolis Equestris identifiées dans l’Archipel Sabana-Camagüey et la moins étudiée, ce qui accroît l’importance des actuelles recherches.

En complément de la littérature scientifique restreinte concernant cet animal, on détermine des variations par rapport au régime alimentaire de ses sept semblables car, en plus de s’alimenter d’insectes, étant donné sa taille, il devient un prédateur d’autres animaux vertébrés qui lui servent de base nutritionnelle.

A partir de la prise des données de morphométrie établies pour les reptiles (longueur et largeur de la tête et de la queue, et longueur du museau au cloaque) on a établi un nouveau rapport de taille, qui dépasse celui qui avait été décrit par les biologistes Orlando H. Garrido et Alberto R. Estrada, dans la seule description générale existante sur cette espèce, information qui date de 2001.

Le travail sur les dessins de coloration indique des similitudes avec les caractérisations antérieures : la sous-espèce a deux prototypes de tonalités, bleu-cendre et marron ou havane, bien que pour la plupart des individus c’est le premier qui prédomine, c’est pourquoi il constitue l’une des trois sous-espèces de cette couleur repérées dans l’Archipel Sabana-Camagüey, mais dans ce cas, le bleu est plus un bleu de cyan et c’est de là que provient sa dénomination scientifique.

D’aspect voyant, ce reptile est essentiellement bleu avec des bandes jaunes ailées autour du ventre et des côtés du corps, en plus d’avoir des rayures circulaires –entre six et huit- autour de la queue et en forme d’anneaux, et des rubans de couleur jaune intense qui commencent presque au bord des yeux et qui s’étendent sur les deux côtés de l’animal, a souligné le chercheur.

Il a ajouté que le pli gulaire, qui concerne les mâles, possède des nuances entre le blanc et le rose pâle.

Les différences concernant son utilisation structurelle de l’environnement sont dues au fait qu’auparavant on ne l’avait observé que dans les bois, cependant les études les plus récentes relèvent des observations de ce reptile dans presque toutes les formations végétales, y compris dans la flore secondaire associée à l’infrastructure hôtelière de la destination touristique Jardines del Rey, de sorte que ce n’est pas un animal farouche et qu’il s’adapte à l’anthropisation.

Des spécialistes et des techniciens de L’Entreprise Provinciale de la Faune et de la Flore ont estimé que, étant localisé essentiellement dans une zone protégée avec un classement de gestion strict (Réserve Ecologique), il existe les plus grandes garanties pour sa conservation.