Le sommet et la crise de l’hégémonie des Etats-Unis

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Par Angel Guerra Cabrera

Publié le 18 mai par La Pupila Insomne

La situation politique chaotique créée par le gouvernement des États-Unis (US) à l’approche du 8e Sommet des Amériques reflète, avant tout, la réticence de l’empire à accepter la grave crise de leadership et d’hégémonie qu’il subit à l’échelle mondiale. Washington a suscité la rébellion et la méfiance en Amérique Latine et dans les Caraïbes (ALC) par sa gestion louche et antidémocratique des préparatifs de la prochaine réunion de Los Angeles et par son attitude d’exclusion en tant qu’hôte. Depuis le VIe sommet de Carthagène, les gouvernements de la région avaient déjà réclamé à cor et à cri qu’il n’y ait pas d’exclusions et que Cuba soit invité au prochain sommet.

En vertu de cette demande, le Président de l’époque, Raul Castro, a participé au 7ème Sommet à Panama et eut lieu la rencontre historique entre le vétéran révolutionnaire et Obama, la première entre les dirigeants de l’Île et des États-Unis depuis le triomphe de la Révolution Cubaine.

C’est pourquoi l’opposition courageuse du Président Andrés Manuel López Obrador aux exclusions n’est pas un simple fait divers, comme le crient hystériquement les politiciens de droite et les porte-parole des médias. Elle répond à une demande sincère des peuples et de la majorité des gouvernements d’Amérique Latine et des Caraïbes. Pour citer un exemple important, il est bien connu que les pays membres de la CARICOM sont opposés à l’exclusion éventuelle de La Havane et aussi en raison de la pression grossière que Washington exerce sur eux pour qu’ils l’acceptent. La non-participation de Cuba constituerait un sérieux revers historique après que le pays ait été invité au 8e Sommet de Lima, comme l’a dénoncé le Ministre cubain des Affaires Étrangères Bruno Rodríguez Parrilla, il y a plus d’un mois.

Mais le président Biden et, en général, les élites américaines, semblent totalement dépassés par la crise et, pour en sortir, ils ne trouvent pas d’autre moyen que de recourir aux vieilles formules agressives et guerrières, même si elles s’expriment de manière nouvelle.

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NdT : le paragraphe éludé signalé ci-dessus exprime la position cubaine sur le rôle tenu par les Etats-Unis sur la guerre qui se déroule en Ukraine. Comme ce n’est ni le rôle ni la volonté de Cuba Coopération d’intervenir sur ce sujet en particulier, nous avons choisi de ne pas le traduire. Les personnes intéressées pourront retrouver ce morceau de texte (non traduit) en suivant le lien mentionné en bas de l’article.

En Amérique Latine, en raison de la crise d’hégémonie, l’empire n’a pas d’autre recette que la doctrine Monroe (1823), systématiquement remise en question par AMLO lorsqu’il déclare qu’il est inacceptable de poursuivre les mêmes politiques d’il y a deux siècles dans un monde qui a changé. Les preuves de l’attitude arrogante de Washington sont nombreuses, mais le meilleur exemple aujourd’hui est peut-être sa détermination à asphyxier et à déstabiliser économiquement Cuba, le Venezuela et le Nicaragua, simplement parce qu’ils ne lui sont pas subordonnés. Les récentes mesures envers La Havane annoncées par l’administration Biden sont un petit pas positif, mais n’abolissent en aucun cas le blocus, juste quelques-unes des punitions supplémentaires au blocus imposées par Trump. Pas seulement cela. Biden maintient de manière flagrante la politique ratée de tentative de coup d’État en douceur observée le 18 juillet 2021, dont son ambassade à La Havane est un protagoniste actif. Ce qui ne fait aucun doute, c’est que, quoi qu’il arrive au Sommet de Los Angeles, il deviendra encore plus clair après celui-ci que si les États-Unis insistent pour agir comme si l’ALC restait leur arrière-cour, leur crise de leadership mondial deviendra encore plus aiguë.