"Le temps presse : le dernier rapport sur le changement climatique".

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Par le Dr José Rubiera
Publié par Excelencias news Cuba le 5 mars 2022

La question du changement climatique est récurrente. Il doit en être ainsi en raison des graves implications qu’il a pour notre planète et ses habitants, peu importe où ils vivent ou qui ils sont, riches ou pauvres, sur n’importe quel continent ou dans n’importe quel coin de la terre, ils le ressentiront de la même manière et malheureusement, pour certains, plus durement que pour d’autres mais toujours avec des conséquences désastreuses pour notre espèce, pour tous les êtres vivants et l’environnement dans lequel nous vivons.

La cause du réchauffement global dont souffre la planète est la combustion d’énergies fossiles qui a commencé avec la révolution industrielle entre 1760 et 1840.

C’est pourquoi je vous parle souvent de la situation environnementale de notre monde, mais aujourd’hui avec une raison supplémentaire.
Lundi 28 février 2022, a été publié le dernier rapport, le sixième, du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), la plus haute autorité scientifique qui étudie collectivement la situation du changement climatique à l’échelle mondiale, et par continents, en faisant une évaluation de son évolution et de son avenir possible.

Le présent rapport du GIEC, a été rédigé par 234 chercheurs de 65 pays, un groupe d’experts réuni par les Nations Unies.

Il constitue l’examen le plus détaillé des menaces que représente le réchauffement de la planète, une voix autorisée qui alerte le monde et tous ses habitants, les gouvernements sur le danger grave et croissant d’un changement climatique. Ce sixième rapport fait le point sur le sujet et s’intitule : "Changement climatique 2022 : incidences, adaptation et vulnérabilité".

Selon les déclarations de Hans-Otto Pörtner, le coprésident du groupe de travail II, sur la page Facebook du GIEC, "les preuves scientifiques sont sans équivoque : le changement climatique est une menace pour le bien-être humain et la santé de la planète", tandis que la coprésidente du groupe de travail II, Debra Roberts, a déclaré : "En réunissant les connaissances scientifiques et technologiques, ainsi que les connaissances indigènes et locales, les solutions seront plus efficaces", des paroles importantes qui nous encouragent, même s’il semble que les mesures prises jusqu’à présent par la communauté internationale ne soient pas suffisantes.

Quelques-unes des conséquences du changement climatique, qui s’observent déjà : accroissement des incendies de forêt, des sécheresses, renforcement des ouragans et des tempêtes, etc.

Le fait est que les impacts que le réchauffement climatique peut provoquer et qui se sont déjà produits plus rapidement que prévu, selon ce nouveau rapport scientifique important, peuvent entraîner d’autres impacts qui pourraient être beaucoup plus difficiles à surmonter dans un délai plus court que les prévisions.

Si tel est le cas, ces risques pourraient bientôt dépasser la capacité d’adaptation de la nature et de l’humanité, créant un avenir très difficile à affronter, dans lequel les inondations, les incendies et la famine déplaceraient des millions de personnes, des espèces entières disparaîtraient et notre planète subirait des dommages irréversibles.

L’une des principales conclusions du rapport est que les nations ne font pas assez pour protéger les villes, les exploitations agricoles et les côtes des dangers que le changement climatique a déjà déclenchés, telles que des sécheresses record et l’élévation du niveau des mers, sans parler des catastrophes encore plus grandes qui nous attendent si la planète continue de se réchauffer. Il s’agit de conclusions sombres qui constituent un avertissement clair et net.

L’influence humaine a réchauffé le climat et produit un réchauffement sans précédent au cours des 2000 dernières années, atteignant jusqu’à 1,1°C de plus au cours de la dernière décennie. Graphique : GIEC

A la cadence où les températures mondiales continuent d’augmenter, comme elles l’ont fait de manière systématique et significative au cours des deux premières décennies du XXIe siècle, des centaines de millions de personnes pourraient être confrontées à des inondations, des ouragans violents, des vagues de chaleur mortelles ou des pénuries d’eau dues à de graves sécheresses, des incendies de forêt, etc.

Les moustiques porteurs de maladies telles que la dengue et le paludisme se répandront dans de nouvelles régions du monde où ces maladies étaient auparavant inconnues. L’agriculture pourrait être durement touchée, les mauvaises récoltes exposant les familles d’Afrique et d’Asie à un risque accru de faim et de sous-nutrition.

Les personnes incapables de s’adapter aux énormes changements environnementaux finiront par subir des pertes inévitables et elles finiront par fuir leurs foyers, créant ainsi une dislocation à l’échelle mondiale, concluent les auteurs du rapport.

Les futures émissions de gaz à effet de serre entraîneront un réchauffement supplémentaire. Graphique : GIEC

Pour éviter les impacts plus catastrophiques, le monde doit réduire rapidement et radicalement les émissions de dioxyde de carbone, de méthane et d’autres gaz à effet de serre qui réchauffent dangereusement la planète.

Les températures mondiales ont déjà augmenté de 1,1 degré Celsius en moyenne depuis le XIXe siècle parce que, depuis la Révolution Industrielle, l’homme a rejeté dans l’atmosphère beaucoup plus de gaz dits à effet de serre que la nature ne le fait depuis des millions d’années, des gaz qui retiennent la chaleur dans l’atmosphère et qui sont générés par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz pour produire de l’énergie, ainsi que par l’abattage des forêts.

Le protocole de Paris a pour objectif de limiter le réchauffement global de la planète à 1,5 degré maximum par rapport aux niveaux préindustriels. C’est le chiffre au-delà duquel, selon les scientifiques, la probabilité d’impacts climatiques catastrophiques augmenterait considérablement.

Avec chaque quantité supplémentaire de réchauffement climatique, les changements seront plus importants. Graphique : GIEC

Pour atteindre cet objectif, il faudrait que les nations du monde réduisent significativement les émissions de ces gaz d’ici à 2050, mais la plupart sont loin d’être sur la bonne voie. Selon les experts, si tout continue au rythme actuel, le monde serait déjà en passe de se réchauffer de 2 à 3 degrés d’ici la fin du siècle.

Si le réchauffement planétaire moyen dépasse 1,5°C, même les meilleurs efforts d’adaptation de l’humanité pourraient échouer, indique le rapport. Le coût de la défense des communautés côtières contre l’élévation du niveau de la mer pourrait dépasser ce que de nombreuses nations peuvent se permettre.

Dans certaines régions, dont certaines parties de l’Amérique du Nord, le bétail et les agriculteurs pourraient être confrontés à des niveaux croissants de stress thermique qui feraient de l’agriculture une activité de plus en plus difficile.

Même avec un réchauffement de la planète de 1,5 degré comme prévu, jusqu’à 8 % des terres agricoles du monde pourraient devenir impropres à la culture de denrées alimentaires d’ici la fin du siècle.

Les récifs coralliens, qui amortissent les vagues générées par les tempêtes et les ouragans afin qu’elles atteignent le rivage avec moins de force, seront confrontés à un blanchiment plus fréquent et diminueront de 70 à 90 %. Le nombre de personnes exposées à de graves inondations côtières dans le monde pourrait augmenter de plus d’un cinquième si de nouveaux systèmes de protection ne sont pas construits.

Avec un réchauffement de 2 degrés la superficie des terres brûlées dans le monde par des incendies de forêt augmenterait de plus d’un tiers. Entre 800 millions et 3 milliards de personnes dans le monde pourraient être confrontées à des pénuries d’eau chroniques en raison de la sécheresse, dont plus d’un tiers de la population du sud de l’Europe. Dans de nombreux endroits, les rendements agricoles et les captures de poissons pourraient commencer à diminuer.

Avec un réchauffement de 3 degrés le risque de phénomènes météorologiques extrêmes pourrait être multiplié par cinq d’ici la fin du XXIe siècle. Les inondations provoquées par l’élévation du niveau de la mer et la violence des tempêtes et des ouragans pourraient causer des dommages économiques quatre fois plus importants qu’aujourd’hui, dans le monde entier. Jusqu’à 29 % des espèces végétales et animales connues sur terre pourraient être confrontées à un risque élevé d’extinction.
Vous pourrez apprécier à quel point ce rapport est vraiment effrayant. Tous les pays, et les générations à venir, vont souffrir du changement climatique. Ce sont les pays riches et industrialisés qui émettent le plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ils devraient donc réduire considérablement les émissions de ces gaz qui menacent la vie sur notre planète.

A l’inverse, ce sont les pays pauvres et les petites nations insulaires, précisément ceux qui émettent le moins de gaz nocifs dans l’atmosphère, qui souffrent le plus des impacts et qui subiront les conséquences les plus catastrophiques, pour le reste de ce siècle et pour le siècle à venir ; certaines petites îles pourraient même disparaître.

Ces nations pauvres ne peuvent pas faire face au changement climatique. Elles auront probablement besoin de centaines de milliards de dollars par an de soutien financier au cours des prochaines décennies pour s’adapter et se protéger des conséquences du phénomène.

Ainsi, cette disparité a alimenté le débat logique. Les nations pauvres ou à faible revenu veulent, et ont même besoin, d’une aide financière, tant pour se défendre contre les menaces futures que pour compenser les dommages qu’elles ne peuvent éviter et qu’elles n’ont pas causés.
Les nations les plus riches et les plus industrialisées ont, jusqu’à présent, été lentes à fournir ce soutien nécessaire et juste.

Il est encore temps d’éviter la catastrophe, mais cela ne sera possible que si tous les pays du monde arrêtent, ou réduisent considérablement, la combustion de combustibles fossiles dès maintenant.
Cette question sera au cœur des préoccupations des gouvernements lors du prochain sommet des Nations Unies sur le climat, la COP27, qui sera accueilli par l’Égypte dans la ville côtière de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, en novembre 2022.