Les deux premières installations de tourisme...

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Randonnée, trekking, équitation, baignade dans des piscines naturelles, navigation fluviale, vtt...

C’est avec toutes ces formules, au milieu de paysages splendides pratiquement inconnus, que sont construites les deux premières installations de tourisme local durable à Cuba.

Par Ronald Suárez Rivas pour Granma International

Des expériences qui mettent à profit les possibilités offertes par la politique de dynamisation du développement territorial du pays, adoptée l’année dernière.

Pinar del Rio .Photo : Granma

D’après les spécialistes, il s’agit d’un concept qui, ces derniers temps, a gagné du terrain dans le monde entier et qui pourrait représenter des enjeux importants pour les municipalités.
En misant sur les beautés naturelles qui abondent dans l’Île et sur sa riche culture, au-delà des traditionnelles destinations soleil et plage, l’initiative vise à montrer une nouvelle perspective pour le secteur des affaires et son articulation avec d’autres acteurs, en favorisant des enchaînements productifs susceptibles de dynamiser les économies locales.

Les conceptions 3d de ce que seront dans un avenir proche les stations Rocio del Sol et Guacamaya ont suscité une vive curiosité sur les réseaux sociaux.

Le premier site est situé dans les forêts de l’entreprise agroforestière Macurijes, dans la municipalité de Guane, qui abrite une biodiversité fascinante comprenant 16 variétés différentes d’orchidées, 69 types d’oiseaux et 72 espèces forestières.

Quant au second, il est situé dans le patrimoine de l’Entreprise agroforestière La Palma, dans une zone qui impressionne par ses paysages et par les légendes sur les esclaves marrons qui s’y sont réfugiés autrefois, fuyant le joug de l’esclavage.

Tous deux portent des noms évocateurs de leur région : Rocio del sol est une belle et rare plante insectivore qui pousse à l’ouest de Pinar del Río, tandis que Guacamaya est la chaîne de montagnes située dans le nord de la province, choisie pour aménager des installations et des sentiers.

EXPÉRIENCE DE DÉMONSTRATION

Le docteur en sciences Jorge Freddy Ramirez, professeur au Centre d’études sur la gestion, le développement local, le tourisme et le coopérativisme de l’Université de Pinar del Rio, explique que les deux projets sont en phase d’exécution et constituent des expériences démonstratives qui peuvent être reproduites dans d’autres territoires.

Chaque installation disposera des services de base d’hébergement et de gastronomie, avec 15 cabanons, un restaurant et un bar-cafétéria ; en plus d’un centre d’accueil qui comprendra une réception, une salle d’interprétation du patrimoine naturel et culturel chargée de la gestion dans sa zone d’influence, avec des vidéos, des écrans interactifs, des affiches, une bibliothèque spécialisée dans la nature et la culture locale, et une boutique de souvenirs, entre autres.

Le spécialiste fait remarquer que, dans sa conception architecturale, le projet est basé sur le sauvetage des traditions de construction des campagnes cubaines et de matériaux tels que le bois et les feuilles de palmier, ce qui permet de réduire considérablement les coûts d’investissement. « Il s’agira d’installations rustiques mais confortables, conformes aux normes internationales pour ce type de tourisme ».

Inspirés des valeurs naturelles des lieux où ils sont construits, les deux projets visent à établir une relation amicale avec l’environnement. C’est pourquoi aucun terrassement n’est effectué pour construire les installations. «  Tout est construit sur des fourches et la lumière du soleil est utilisée au maximum », précise Jorge Freddy Ramirez.

Il n’y a pas non plus de climatiseurs. « Nous profitons du climat naturel, en tenant compte des concepts de l’architecture bioclimatique », ajoute-t-il.

Il affirme ainsi qu’il s’agira de bâtiments interactifs avec l’environnement, qui permettront au visiteur de contempler la forêt et éventuellement d’y vivre, même lorsqu’il se trouve dans sa chambre.

DURABILITÉ ASSURÉE

Selon le spécialiste, l’une des plus grandes réussites est que plusieurs acteurs - en l’occurrence les entreprises forestières et les conseils d’administration municipaux de Guane et de La Palma, le gouvernement provincial, l’université de Pinar del Rio et le Centre de gestion stratégique du développement local - sont intégrés au projet.

« À Cuba, on trouve des constructions rustiques et on pratique le tourisme de nature, mais il n’y avait aucune installation basée sur un concept d’intégralité, faisant partie d’un programme de développement touristique local et figurant dans la stratégie de développement municipal. »
Cette expérience met à profit les possibilités offertes par la politique de dynamisation du développement territorial du pays, adoptée l’année dernière.

« La modification de leur objet social et l’incorporation de l’activité touristique offrent aux entreprises dotées de ces potentialités, une opportunité de développer leur activité économique, ainsi qu’à la municipalité où elles sont implantées. »

C’est aussi l’avis de Pedro Cabrera Lagos, spécialiste du tourisme naturel et des zones protégées à l’Entreprise agroforestière Macurijes. «  Pour notre entité, c’est une façon d’’exploiter le potentiel de nos ressources naturelles qui constituent son patrimoine, pour attirer des devises étrangères », dit-il, ajoutant que bénéfices seront également importants pour la localité, car le projet générera des emplois, favorisera les liens avec d’autres secteurs et offrira un nouvel accès pour le tourisme à la région.

De l’autre côté de la province, Osmel Portales Almora, directeur du développement et des affaires de l’Entreprise agroforestière La Palma, convient qu’il s’agit d’un moyen de dynamiser les économies locales et d’obtenir des revenus à partir de ressources endogènes et d’un impact minimal sur l’environnement.

« Sans attendre la mise en service de ses deux premiers projets, pour valider les résultats, Pinar del Rio a continué à travailler sur d’autres sites. Nous avons décidé de ne pas nous arrêter et de commencer à en planifier deux autres, car nous sommes convaincus du succès de ce genre de projet  », a affirmé Jorge Freddy Ramirez.

« Le tourisme local durable à petite échelle est une pratique internationale qui s’est développée à un rythme accéléré au cours des dernières décennies. Ce que nous réalisons a déjà fait ses preuves dans d’autres pays. Avec les effets de la pandémie de covid-19, le scénario pour l’avenir est encore plus encourageant en ce qui concerne le comportement des clients. »

Les deux autres centres seraient situés dans la Sierra de la Güira, municipalité de La Palma, là où se trouvaient les bungalows Los Pinos, créés par Celia Sanchez Manduley, et dans le jardin botanique provincial, aux abords du chef-lieu Pinar del Rio.

Le premier aurait pour composante principale le tourisme de nature, tandis que le second serait destiné au tourisme scientifique, compte tenu des collections botaniques qu’il recèle.

Toutefois, pour le spécialiste, il ne s’agit là que d’un début. «  L’idée est de créer à Pinar del Rio un réseau de petits centres touristiques et autres produits qui nous permettent de présenter des offres complètes et attractives et de générer, de manière enchaînée, une commercialisation et une compétitivité sur les marchés internationaux. »

En ce qui concerne le nombre de visiteurs, le responsable affirme qu’il pourrait un jour atteindre le niveau d’une destination touristique comme la vallée de Viñales, avec la particularité que les gens ne seraient pas concentrés dans un grand hôtel ou dans un lieu spécifique, exerçant une pression excessive sur l’environnement, mais dispersés dans toute la province.