Nicolás Guillén Landrián, cinéaste cubain

Le documentariste le plus influent sur les nouvelles générations

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Si le cinéma cubain n’est plus à recommander, le documentaire est tout aussi important. Venise 23 va contribuer à cette reconnaissance, en particulier avec le travail de Nicolas Guillen Landrian, auquel nous rendons hommage PHM

Article d’Ernesto Cuní, Periódico Cubarte, 7 août 2023, traduit par Pascale Hébert

Cuba participera à la 80ème édition du Festival de Venise 2023.

Pour la cinquième fois un film cubain est finaliste dans cette prestigieuse compétition ; Cuba est nommée, parmi 2000 titres, avec le documentaire Landrián, dirigé par le cinéaste Ernesto Daranas, sur la personnalité du mythique réalisateur cubain Nicolás Guillén Landrián. La candidature comprend la restauration et la projection de 10 des œuvres de cet important créateur, combinées à des interviews et des témoignages le concernant..

Ce grand rendez-vous de présentation, l’un des plus anciens de la planète, qui fait partie du circuit A, rend hommage à notre filmographie nationale, mais cette compétition rehausse également son propre prestige grâce à la présence de l’œuvre documentaire d’un réalisateur peu connu du public cubain, mais exemplaire pour les spécialistes au niveau mondial –plusieurs d’entre eux ont sollicité des rétrospectives de ses films dans leur pays- qui consacrent des analyses à ce documentariste à l’esthétique d’avant-garde, d’une inestimable recherche idiosyncrasique, qui a influencé les nouveaux réalisateurs de la scène actuelle.
Pour qu’il nous parle de la manière dont est né ce projet et de ses motivations, Periódico Cubano a interrogé Ernesto Daranas.

- Qu’est-ce qui t’a amené à t’intéresser à l’œuvre d’un réalisateur comme Landrián  ?
Il y a un intérêt purement personnel : c’est le premier cinéaste que j’ai connu enfant grâce aux cinémas de quartier où il y avait toujours un film de secours au cas où le film à l’affiche aurait un problème. Ce film était Ociel del Toa ; j’avais avec lui une relation sentimentale. Par la suite, j’ai découvert que, dans les Archives Filmographiques de la Cinémathèque de Cuba, ces œuvres étaient sur le point de disparaître. Cela m’a conduit à proposer ce projet à la présidence de l’ICAIC*, avec l’idée de restaurer ces documentaires.

-A propos des influences sur les nouvelles générations, comment assument-elles son héritage ?
Il est possible que Nicolasito Guillén Landrián soit le cinéaste le plus influent sur les nouvelles générations de documentaristes depuis qu’il a été redécouvert autour de l’année 2013 grâce à une rétrospective de ses œuvres à la Muestra Joven de l’ICAIC*. Ce fut réellement un choc de découvrir que, dans le cinéma cubain le plus précoce de la décennie des années 60, il y avait un regard tellement d’avant-garde, singulier, personnel, tellement différent, qui fut celui de Nicolás.
Je crois que dans son œuvre, son attitude, sa recherche et son exploration, Landrián est une influence que nous voyons dans ce magnifique cinéma documentaire cubain de ces derniers temps. Si nous devions rechercher une influence déterminante sur le cinéma cubain, pour ce cinéma, ce serait sans aucun doute Nicolás Guillén Landrián.

-Parlez-nous de la narration et du montage de votre documentaire.
Il est structuré, à la base, sur la recherche que nous avons faite dans les archives. En arrière-fond, il y a un peu un travail de détective. En parallèle, s’insèrent les interviews faites à sa veuve, Gretel Alfonso, et à Livio Delgado, qui fut le photographe de 5 de ses films. De cette manière, nous prenons peu à peu connaissance de la restauration de l’œuvre de Landrián, de ce que nous avons successivement retrouvé, de ce qui n’a pas été localisé, parce qu’il y a des choses qui n’ont jamais été localisées. Nous nous documentons peu à peu également, d’après la perspective très personnelle de sa veuve et de son photographe, au travers d’anecdotes, d’expériences, d’émotions, sur ce que fut cet homme et ce cinéaste cubain.

-Quand ce documentaire arrivera-t-il dans les salles cubaines ?
Notre idée est de revenir au Festival de Cinéma de La Havane, de faire une présentation du documentaire complètement terminé, des titres déjà restaurés et, ultérieurement, je suppose qu’ils passeront dans les salles de cinéma. Il est bon que le cinéma documentaire cubain revienne sur le grand écran, non seulement avec ce film, mais aussi avec d’autres magnifiques exemples de cinéma documentaire qu’il y a actuellement, que ce documentaire serve un peu à contribuer à cet effort.
Je crois que le public cubain va trouver fascinant de connaître la vie et l’œuvre de Landrián, que ses films vont beaucoup intéresser le public parce qu’ils sont résolument contemporains.

• Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos (NdT)
https://cubarte.cult.cu/periodico-cubarte/nicolas-guillen-landrian-el-cineasta-mas-influyente-de-las-nuevas-generaciones-de-documentalistas-cubanos/