Pablo de la Torriente Brau.

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Pablo de la Torriente Brau

Alors que l’Espagne monarchique reçoit en grande pompe le confidentiel homme de théâtre, mais agent cubain actif de la CIA, Yunior Garcia Aguilera, il convient de se souvenir d’un autre Cubain, Pablo de la Torriente Brau, venu défendre la République espagnole en 1936, à l’âge de 35 ans.

Pendant ses études universitaires, il participe à plusieurs revues. Il intègre le Directoire Etudiant créé en 1930 pour lutter contre la dictature de Gerardo Machado et se joint aux actions de solidarité destinées à obtenir la libération de Julio Antonio Mella. Il est blessé lors d’une manifestation fin septembre 1930. Il est arrêté à la suite d’une autre manifestation deux mois plus tard et reste quelques jours emprisonné.


Après être passé à la clandestinité, il est à nouveau arrêté début janvier 1931 avec d’autres dirigeants étudiants. À sa sortie de prison, il publie une série de reportages intitulée : « 105 jours prisonnier ».

Il poursuit son activité politique jusqu’au moment où il est encore arrêté et emprisonné pendant 12 mois dans l’île des Pins (devenue Île de la Jeunesse). Après sa libération, il doit partir pour New York. Il dénonce les conditions de détention dans : « Prison Modèle, l’île des 500 assassinats ».

Après la chute de Gerardo Machado, en 1933, il revient à Cuba et reprend la lutte politique révolutionnaire.

Il publie pour le journal « Ahora », en novembre 1934, une série d’articles sur la lutte des paysans de Realengo 18, qui, armés de machettes et de vieux fusils, ont réussi à faire reculer une compagnie sucrière, soutenue par le gouvernement, qui voulait s’approprier leurs terres.


L’échec de la grève générale de mai 1935 l’oblige à fuir de nouveau à New York où il fonde, en compagnie de Raul Roa Garcia (futur ministre des Relations Extérieures de Cuba après la victoire de la Révolution), l’Organisation Cubaine Anti-impérialiste (ORCA).

En septembre 1936, il rejoint l’Espagne en guerre contre le soulèvement militaire. Il écrit à un ami :

« J’ai eu une idée merveilleuse. Je vais en Espagne, rejoindre la révolution espagnole.
Pourquoi n’y ai-je pas pensé avant ?
J’y serai quand Hitler et Mussolini n’en pourront plus et se lanceront dans la guerre et alors viendra la bataille décisive entre les opprimés et les oppresseurs. Et j’assisterai, quoiqu’il arrive, au grand triomphe de la révolution ».

Il est correspondant de plusieurs publications dont le journal du Parti communiste mexicain, « El Machete ». Ses chroniques seront réunies dans un livre : « En combattant, avec les miliciens ».

Il incorpore le 5ème Régiment sous le commandement de Valentin Gonzalez « El Campesino ». Il y assume des fonctions politiques qui l’amènent à prononcer des discours, depuis les tranchées républicaines, aux soldats franquistes.

Dans un de ceux-ci, il leur dit qu’ils sont les jouets des fascistes allemands et italiens et il ajoute : « Avec vous il n’y a que la canaille du monde… que ceux qui parmi vous ont les mains calleuses, qui ont été trainés ici par la menace ou le mensonge passent dans notre camp. Ils seront reçus à bras ouverts… ».

Il y rencontre un autre volontaire, le poète espagnol, Miguel Hernandez, avec qui il sympathise. Il le nomme chef du département de la Culture du régiment et prévoit de lancer avec lui un périodique et d’organiser une bibliothèque pour les combattants.

Mais il meurt, il y a juste 85 ans, en combattant pour la défense de Madrid, à Majadahonda, le 19 décembre 1936.

Il est d’abord enterré dans le cimetière madrilène de Chamartin, puis transféré en juin 1937 dans celui de Montjuic à Barcelone.

Après la victoire des franquistes, ses restes furent jetés dans une fosse commune, sans que l’on n’ait pu, jusqu’à présent, les retrouver.

Les vers que lui a dédiés son ami Miguel Hernandez prennent tout leur sens :

« Je resterai en Espagne, camarade »
M’as-tu dit dans un geste amoureux.
Et finalement, sans ton tonnant apparat de guerrier,
Dans l’herbe d’Espagne tu es resté ».

Le poème de Miguel Hernandez : « Elegia Segunda » a été mis en musique par Silvio Rodriguez.

Il l’a interprété lors d’un hommage rendu à Pablo de la Torriente Brau lors du 50ème anniversaire de sa mort (vidéo, sous-titrée par mes soins).