Padura Vivre et écrire à Cuba

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Leonardo Padura, le plus grand écrivain cubain vivant a publié chez son éditeur français, en Mars 22 (Metaillé), un livre passionnant et étonnant où il livre les clefs de ses livres et de son attachement à sa ville La Havane : « L’eau de toutes parts, Vivre et écrire à Cuba »

La France et de nombreux français aiment l’écrivain Padura. Le succès de ces nombreux romans traduits et édités en France chez Metaillé le démontrent, faisant de lui l’un des auteurs latino américain les plus importants du moment. Curieusement, en France le livre non fiction « L’eau de toutes parts, vivre et écrire à Cuba » me semble être passé quelque peu inaperçu comme si un romancier ne pouvait écrire que des romans.

Livre étonnant que cette auto biographie vivante et littéraire.
Vivre à Cuba, Padura commence par cela. Vivre à La Havane ou plutôt dans son quartier Mantilla, dans sa petite maison construite par son grand père et son père. Quartier loin du Malecon dont il décrit l’importance dans cette ile, avec l’eau de toutes parts.
Petit quartier marginal, avec un trop plein permanent de musique reggae ; quartier qu’il se reproche presque d’imposer à sa femme depuis 40 ans. Donc vivre à Cuba et surtout de choisir de vivre et de rester à Cuba :

Ecrire à Cuba. On entre là dans l’atelier de fabrication du livre, du roman. Comment a-t-il inventé son policier qui devient après la police marchands de livres ? Le lecteur qui connait bien Mario Conde va de découvertes en découvertes...
Mais comment a-t -il pu passé 5 années sur l’assassin de Trotsky qui vient mourir à La Havane ? Une enquête passionnante qui nous explique le chef d’œuvre de Padura « l’Homme qui aimait les chiens".
Ainsi d’autres articles sur ses romans, mais aussi un portrait vivant et très documenté sur l’histoire du roman à Cuba et des ses écrivains.

Comme le titre le rappelle Cuba est une ile. La Havane une ville où le monde entier est présent, que l’on oublie jamais que l’on reste ici ou qu’on s’y échappe un moment, ou par l’exil qui fait toujours écrire sur Cuba, l’ile et sa capitale. « La Havane est ma ville ; c’est pourquoi elle peut m’inspirer un mélange viscéral d’appartenance et de rejet » ;

La richesse de ce livre est immense que l’on soit cubain, latino ou citoyen du monde.
A ne rater sous aucun pretexte.
PHM

Démesure ; singularité, écriture
Extraits du premier texte.

Les journalistes de differentes régions du monde me demandent souvent avec insistance
ce qui a motivé ma décision de continuer à vivre et écrire à Cuba. Que peut avoir ou ne pas avoir <cuba, pour qui que ce soit si important de demander à un écrivain pourquoi il vit dans son pays Qu’ y-a-t-il de si surprenant à rester chez soi et d’écrire avec le sentiment d’appartenir à son environnement ? d’en être intimement proche ? Je pense que si j’étais parti ; la question sur les raisons de ce choix, de mon installation à l’étranger, de mon exil serait peut être beaucoup plus pertinente et logique. Car il semblerait normal, malgré tous les problèmes (bien réels) qu’un ecrivain vive à Cuba. C’est le contraire qui serait ; ou qui est extraordinaire, comme les causes qui conduisent à cette décision.

Je suis un écrivain cubain qui vit et écrit à Cuba parce que je ne peux et ne veux être autre chose ; et que (malgré les difficultés les plus diverses ; j’insiste) j’ai besoin de Cuba pour vivre et écrire.

Mais qu’est ce que Cuba ? Qu’ a donc cette ile ? Quand on me pose cette question, je répète que Cuba est un pays plus grand que sa géographie. La politique, la culture, l’economie, le sport cubain ont parfois un retentissement universel et, que les Cubains l’assument personnellement ou pas ; il est certain que cette caractéristique fonctionne comme une donnée qui nous affecte et nous définit. Plus encore si on est écrivan et que mon désir est d’évoquer et de comprendre son pays et les gens qui y vivent.. ; ;

Pour un écrivain, tout le poids de cette singularité et de ces évidences extrêmes risque d’être exténuant. Assumer, comprendre et tenter d’exprimer une certaine essence de la spécificité cubaine est une gageure culturelle et créative que nous ne pouvons éluder et que nous ne pouvons exprimer qu’en la trouvant ; non pas dans l’originalité si visible et si limitée, mais dans l’universalité qui la grandit et assure sa permanence. Et ce défi est celui que j’ai relevé en tant qu’écrivain .

Ce choix assumé de ma résidence fait peut-être de moi un cas excessivement exemplaire car je plaide pour une espèce rare d’individus modernes : à soixante ans, je vis encore dans la maison où je suis né ; dans un quartier de la périphérie havanaise, ce même quartier où mon père, mon grand- père et mon arrière grand-père virent le jour.

C’est aussi pour cela que je reste et que j’écris à Cuba. Les textes qui suivent aideront peut etre à comprendre comment je vis, comment j’ecris, pourquoi j’appartiens à ce pays ;
Mantilla, septembre 2018