Pas forcément de quoi être fiers.

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Cette vague déferlante de villes de tous bords prêtes à accueillir sur leurs installations les délégations cubaines en vue de parfaire leur entraînement pour les Jeux Olympiques va reléguer numériquement bien loin l’accueil de nos soixante-dix stagiaires en matière d’eau et d’assainissement. Mais qu’ils soient boxeurs, chercheurs, judokas, archivistes, lutteurs, chimistes, volleyeurs, informaticiens, athlètes, ingénieurs, handballeurs, fontainiers, ce sont tous des femmes et des hommes de bonne volonté au sens noble du terme, évoqué par Jules Romains dans son œuvre majeure. Ils auront tous la fierté de représenter leur Nation, les uns en quête du Graal, les autres à la conquête des médailles.

Pour tous, l’aventure commence avec ce voyage à Paris, dont on parle depuis si longtemps. On va connaître la Ville Lumière, la capitale, les monuments, les magasins, les sorties, la vie trépidante, la gastronomie, l’histoire, les révolutions…………. Le marathon dans les couloirs sans fin de l’aéroport 2 E passe inaperçu, quant au contrôle et à la livraison des bagages, ils sont réduits. L’accueil, les étreintes chaleureuses les rassurent.

Première surprise de taille en se dirigeant vers le parking, on va croiser une patrouille Vigie Pirate, l’arme au poing. Il y a longtemps que cet exercice n’a plus cours à Cuba. Le rappel des quelque 3 500 morts, victimes des attentats commandités par les sbires du sympathique État voisin, achève de convaincre nos amis que ces patrouilles sont peut-être un mal nécessaire. À Cuba, on se sent en sécurité et les enfants peuvent aller seuls à l’école, sans crainte des mauvaises rencontres.

Sur l’autoroute, avec une circulation bien canalisée, on guette la Tour Eiffel, ce sont les tags que l’on va trouver et on est loin du Street Art ! À Cuba, on respecte les monuments et la propriété privée !

Point délicat, la Porte de La Chapelle avec les tentes des migrants, cette obscure saleté qui tombe sur les toiles et ces conditions de vie insupportables. À Cuba, les réfugiés, on les soigne, comme les enfants de Tchernobyl. Le passage devant le stade de France apporte une diversion, les Cubains, passionnés aussi de football, connaissent tout des exploits passés, présents et à venir de Zidane.

Mais la situation la plus difficile aura lieu le lendemain, en général le dimanche, lors de la traditionnelle visite de Paris et de sa plus belle avenue du monde. Les SDF recroquevillés sur les bouches de métro, avec les enfants et leurs pancartes désuètes « j’ai faim », entraînent chez nos invités beaucoup de compassion et un petit et furtif regard de reproches. À Cuba on ne meurt pas de faim et Coluche aurait pu se consacrer entièrement à son art. Le droit à la vie est la base même des droits de l’homme.

Ami lecteur, je voudrais tout de suite vous rassurer, ces mauvaises impressions n’ont jamais soulevé la moindre critique. En fonction de l’accueil chaleureux des délégations, de la richesse des échanges dans tous les domaines, elles s’estompent et nos hôtes ne retiennent que les aspects positifs, en concluant finalement qu’en terre occidentale la vie n’est peut-être pas aussi rose que certains tentent de le faire croire en incitant à l’exil !

Je sais aussi tout l’intérêt que vous allez prendre à la lecture de cette lettre et des articles écrits ou rassemblés patiemment par son équipe de rédaction. Qu’elle en soit ici même remerciée et à bientôt.